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Richard Corveller , vétérinaire , éleveur et propriétaire , et fin analyste de la chose hippique .
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DES MILERS À L ’ OBSTACLE
Outre la génétique , d ’ autres facteurs entrent en ligne de compte pour « fabriquer » des chevaux de tenue . Richard Corveller place en tête le tempérament des chevaux : « Pour encaisser les 2 400 m ils doivent bien s ’ oxygéner et donc être suffisamment détendus , bien dans leur tête . Un cheval de 1 000 m produit un effort anaérobie , qui peut être fait en apnée . Mais sur plus long les capacités psychologiques sont essentielles . » On pourra objecter que le mental s ’ hérite aussi , au moins en partie . Mais un cheval de 2 400 m se forge patiemment , chaque matin à l ’ entraînement . Alain de Royer était adepte du « canter en progression » qui apprend au cheval à ne pas paniquer et à se tendre progressivement pour finir en bandant son dos comme un arc .
Aptitude du cheval , goût de l ’ entraîneur .
« Il est beaucoup question de management de carrière , confirme Henri Bozo . Pour tenir à terme les chevaux doivent être préservés à 2 ans . Il faut que leur squelette arrive à maturité . Certains entraîneurs sont plus spécialisés et plus doués pour laisser le potentiel des pur-sang de tenue s ’ exprimer . » Tel était le cas d ’ Alain de Royer , qui confie : « Le travail journalier du cheval est essentiel . Lorsque j ’ entraînais les Aga Khan , ils avaient tous le même programme à 2 ans puis on les spécialisait selon leurs aptitudes . Si l ’ on prend l ’ exemple de Zarkava , elle a débuté sur 1 600 m à 2 et 3 ans avant d ’ être rallongée sur le Prix de Diane ( 2 100 m au mois de juin de ses 3 ans ), « le Vermeille » ( 2 400 m en septembre ) et l ’ arc qu ’ elle a survolé en octobre . » La pouliche est entrée au haras invaincue en sept courses , dont cinq Groupe 1 , « grâce à sa pointe de vitesse finale » selon son entraîneur .
Yannick Fouin , basé à Maisons-Laffitte , est l ’ un des meilleurs entraîneurs de chevaux d ’ obstacle en France , mais il ne dédaigne pas la discipline du plat . Il aime convertir à l ’ obstacle des chevaux de 1 600 m si leur tempérament le permet : « Ces chevaux peuvent gagner sur 3 500 m en obstacle et sont même souvent les meilleurs . Sur une course sans train , un cheval de plat de courte distance va battre tout le monde grâce à son finish . Le tout c ’ est de lui cacher l ’ effort , de le laisser « faire dodo » à l ’ arrière pour préserver sa pointe de vitesse finale . C ’ est une façon de briser la distance , une autre étant d ’ animer l ’ épreuve avec un faux-train . Plus une course est rapide et plus la distance parle . »
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