L'ère Fabre N°1 Octobre 2024 | A la une

Témoignage

Manager de l’écurie Lagardère, Roland de Longevialle a travaillé avec André Fabre lorsque se sont révélés les produits de Linamix dont l’entraîneur a su exploiter tout le potentiel.

« Je crois que la carrière qui est la plus significative du talent d’André Fabre est celle de Sagamix. Le poulain débute en mars à Saint-Cloud, puis il bat Dream Well, futur gagnant du Jockey Club, pour sa deuxième sortie. Alors André nous dit qu’il adore le poulain mais que si on le laissait tranquille, on pourrait viser haut. C’était un peu dur à avaler pour Jean-Luc Lagardère, d’autant que Dream Well gagne le Prix La Force derrière. Mais Sayarshan avait remporté le Prix Hocquart entretemps, ce qui permettait à la casaque d’aller sur le Jockey Club, même sans Sagamix. À l’automne, il a gagné le Niel, puis l’Arc ! J’ai pu observer beaucoup de similitudes entre André Fabre et François Mathet, dont la méthode reposait sur la patience, la rigueur et l’observation. »

Témoignage

Charles-Henri de Moussac a vécu de près l’ascension d’André Fabre puisque c’est sous les couleurs familiales que Trempolino, le premier de ses huit gagnants d’Arc, a remporté la course, en 1987…

« Nous suivions les résultats de l’écurie d’André Fabre depuis un moment et je poussais mon père à lui confier des chevaux. Lorsque l’occasion s’est présentée, nous lui avons envoyé notamment Trempolino et Mill Native, deux futurs gagnants de Gr1… Et cinq ans plus tard, il sellait un nouveau gagnant d’Arc élevé au Mézeray avec Subotica. Je crois pouvoir dire que mon père a vécu ses meilleures années de propriétaire chez André et Elisabeth Fabre. Tout semble fade, une fois qu’on est allé chez eux. Ce sont des professionnels accomplis et les retours que l’on obtient sont très clairs. Avoir des chevaux chez eux est un vrai plaisir. Ils sont dans un superbe état et les cours sont très bien tenues. Il sait aussi arrêter avant la course de trop. Trempolino avait été battu de peu dans le Jockey Club, puis il avait terminé 3e du Grand Prix de Paris. Et il nous avait déçus dans le Prix de la Côte Normande (aujourd’hui Prix Guillaume d’Ornano). À l’époque, il avait sollicité le Dr Giniaux (un ostéopathe pour chevaux qui travaillait aussi sur le crack trotteur Ourasi, ndlr) pour s’occuper du cheval, qui a gagné l’Arc pour finalement prendre la 2e place du Breeders’Cup Turf. André Fabre travaille de manière très traditionnelle, au foin, à l’avoine et à l’eau, en veillant sur la qualité de ces aliments. Il reçoit les poulains sans trop se préoccuper de leurs origines. Il les prend tels qu’ils sont, et non tels qu’ils sont supposés être. Quand un cheval est moins bien, il va lui donner du repos, se mettre à l’écoute. Il y a très peu de frais vétérinaires. Quand nous avions une vingtaine de chevaux chez lui, nous savions dès le printemps à quoi nous en tenir avec nos 2ans. J’ai aussi remarqué qu’il ne faisait pas de remarque aux jockeys devant les propriétaires. S’il doit y avoir une explication, ce sera ensuite. À froid et sans témoin. Idem pour les chevaux. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal d’un cheval, même médiocre. Il leur montre toujours beaucoup de respect et cherche seulement la meilleure solution. »