Avec ce titre prémonitoire, Gabriel de la Falaise, élégantissime reporter à Week-end, affichait, dès 1983, la couleur des quarante années suivantes. Le Sphinx du Mont-de-Pô était enterré depuis moins d’un an que l’on connaissait déjà son successeur, alors qu’il venait tout juste de lâcher Auteuil pour se concentrer sur l’arrivée des Fustok. En 1987, seulement quatre ans après la disparition de François Mathet, André Fabre, qui occupait désormais sa cour avec une partie de son personnel et de ses cadres, prenait à son tour la tête des classements après avoir reproduit l’environnement qui avait si bien fait ses preuves depuis les années 50. On observe d’autres similitudes entre les deux hommes, dont certaines sont fortuites, d’autres liées à leur statut de leader dans un monde régi par un certain empirisme.
Recul et autodérision
Ce qui est moins connu, et mesurable, c’est la capacité de l’un et de l’autre à prendre du recul sur leur fonction et leurs capacités. Ils maîtrisent leur métier, mais Mathet estimait qu’il ne pouvait s’agir d’un art, tout juste d’une technique, voire d’une méthode. John Hammond, qui a été assistant d’André Fabre avant de se lancer avec bonheur dans le grand bain, relevait pour le Racing Post que son ancien patron était, en privé, plutôt modeste et capable d’auto-dérision. Ce n’est pas le seul témoignage qui en fasse état. De là à supporter des âneries, il y a un pas qui ne sera pas franchi. Quand André Fabre parle « d’orgueil de sa profession » au sujet de Mathet, ou lorsque son « honneur » est mis en doute par les commissaires de l’Encouragement, ce n’est pas de l’orgueil du matamore qu’il est question, mais de celui que porte l’artisan investi d’une mission, d’un rôle, et d’une mémoire qui ne sauraient être battus en brèche par le premier journaliste venu.