L'ère Fabre N°1 Octobre 2024 | Cheval

ZARIGANA, L’ AUTRE EXPRESSION D’UN GÉNIE

En deux victoires éclatantes, la pouliche de 2 ans Zarigana a ranimé la flamme allumée 17 ans plus tôt par sa grand-mère, la championne Zarkava. Peut-on pour autant comparer les deux pouliches à ce stade de leur carrière ? Alain de Royer Dupré, qui a entraîné Zarkava et suit de très près celle de Zarigana, dont il a aussi entraîné la mère, nous a livré son analyse…

Tous ceux qui ont connu la carrière de la championne Zarkava cherchent depuis une pouliche digne de lui succéder. On a d’abord surveillé ses produits, mais si quelques-uns, comme Zarak, devenu un étalon recherché après avoir gagné le Grand Prix de Saint-Cloud (Gr1), ont marqué la chronique, aucun n’est grimpé sur les sommets atteints par la prodigieuse lauréate de l’Arc 2008.
C’est très probablement une des raisons pour lesquelles Chantilly s’est allumé bien avant les feux d’artifice du 14 juillet dernier, lorsque Zarigana a passé le poteau du Prix de la Butte Blanche avec quatre longueurs d’avance.
Élevée par l’écurie l’Aga Khan, dont elle porte les couleurs, elle débutait en compétition face à neuf inédites, favorite à 11/10. Ce n’est pas une des six filles de Zarkava, mais une de ses neuf petites filles, issue de Zarkamiya (Frankel), qui acheva une courte carrière de course par sa 3e place dans le Prix Vermeille.
L’entraîneur de Zarkava, Alain de Royer Dupré, aujourd’hui à la retraite, était à Chantilly lorsque Zarigana s’est imposée pour la première fois, et il s’est montré enthousiaste au micro d’Equidia, immédiatement après cette première victoire.
Il y avait du buzz.

Comme prévu, la pouliche a validé
le test sans anicroche
On a tout de suite évoqué le Qatar Prix Marcel Boussac (Gr1), championnat des pouliches de 2 ans du week-end de l’Arc, pour Zarigana. Zarkava y était allée directement après avoir débuté victorieusement mais deux mois plus tard que sa petite-fille, qui pouvait, elle, passer un test supplémentaire avant de se jeter dans la grande arène. Son entraîneur, Francis-Henri Graffard, a ainsi préparé le Prix d’Aumale (Gr3), et comme prévu, la pouliche a validé le test sans anicroche : elle s’est imposée de trois longueurs face à des adversaires dont la valeur était déjà bien établie.
Les comparaisons entre Zarigana et Zarkava vont depuis bon train, et le verdict de dimanche, dans le Qatar Prix Marcel Boussac, permettra sans doute d’en rajouter. En attendant, Alain de Royer Dupré nous a livré son analyse sur ce sujet : « Zarigana ressemble davantage à sa mère qu’à sa grand-mère, Zarkava. Sa mère, Zarkamiya, galopait un petit peu mais elle ne se servait pas de son balancier exactement comme celle-là. Les points communs de Zarkava et de Zarigana sont la classe, la réactivité et l’accélération. Physiquement, elles sont vraiment différentes. Zarkava est plutôt petite, près de la terre, discrète, physiquement. Zarigana a un modèle impressionnant avec de grands rayons et beaucoup d’étendue. De cette différence physique résulte un geste différent. Zarkava se baisse pour accélérer. Zarigana couvre beaucoup de terrain en n’utilisant pas complètement son balancier. Elles ont toutes les deux du génie, il n’y a pas de doute, mais pas la même expression de ce génie. »
Suite de l’aventure ce dimanche sur les 1 600 mètres du Critérium des Pouliches, l’autre nom du Qatar Prix Marcel Boussac.