L'ère Fabre N°1 Octobre 2024 | Pédago

Outre la génétique, d’autres facteurs entrent en ligne de compte pour « fabriquer » des chevaux de tenue. Richard Corveller place en tête le tempérament des chevaux : « Pour encaisser les 2 400 m ils doivent bien s’oxygéner et donc être suffisamment détendus, bien dans leur tête. Un cheval de 1 000 m produit un effort anaérobie, qui peut être fait en apnée. Mais sur plus long les capacités psychologiques sont essentielles. » On pourra objecter que le mental s’hérite aussi, au moins en partie. Mais un cheval de 2 400 m se forge patiemment, chaque matin à l’entraînement. Alain de Royer était adepte du « canter en progression » qui apprend au cheval à ne pas paniquer et à se tendre progressivement pour finir en bandant son dos comme un arc.

Aptitude du cheval, goût de l’entraîneur .

« Il est beaucoup question de management de carrière, confirme Henri Bozo. Pour tenir à terme les chevaux doivent être préservés à 2 ans. Il faut que leur squelette arrive à maturité. Certains entraîneurs sont plus spécialisés et plus doués pour laisser le potentiel des pur-sang de tenue s’exprimer. » Tel était le cas d’Alain de Royer, qui confie : « Le travail journalier du cheval est essentiel. Lorsque j’entraînais les Aga Khan, ils avaient tous le même programme à 2 ans puis on les spécialisait selon leurs aptitudes. Si l’on prend l’exemple de Zarkava, elle a débuté sur 1 600 m à 2 et 3 ans avant d’être rallongée sur le Prix de Diane (2 100 m au mois de juin de ses 3 ans), « le Vermeille » (2 400 m en septembre) et l’arc qu’elle a survolé en octobre. » La pouliche est entrée au haras invaincue en sept courses, dont cinq Groupe 1, « grâce à sa pointe de vitesse finale » selon son entraîneur.

DES MILERS À L’OBSTACLE

Yannick Fouin, basé à Maisons-Laffitte, est l’un des meilleurs entraîneurs de chevaux d’obstacle en France, mais il ne dédaigne pas la discipline du plat. Il aime convertir à l’obstacle des chevaux de 1 600 m si leur tempérament le permet : « Ces chevaux peuvent gagner sur 3 500 m en obstacle et sont même souvent les meilleurs. Sur une course sans train, un cheval de plat de courte distance va battre tout le monde grâce à son finish. Le tout c’est de lui cacher l’effort, de le laisser « faire dodo » à l’arrière pour préserver sa pointe de vitesse finale. C’est une façon de briser la distance, une autre étant d’animer l’épreuve avec un faux-train. Plus une course est rapide et plus la distance parle. »