L'ère Fabre N°1 Octobre 2024 | Entraîneur

LES TROIS AS DE DE JÉROME REYNIER

Jérôme Reynier a 38 ans et même si le projet de son association avec Jean-Claude Rouget est tombé à l’eau, il s’est affirmé cette année comme l’un des entraîneurs majeurs du pays. Il y a deux ans, pour la première fois, son écurie de Calas a passé la barre des 100 succès dans l’année en France, mais c’est aussi sur la scène internationale que le Français, formé notamment au programme Flying Start de Darley, a crevé l’écran, et c’est encore hors de l’Hexagone qu’il compte surfer sur cette vague méditerranéenne, avec trois pensionnaires hors du commun…

Zarakem

« Nous avons pensé au Qatar Prix de l’Arc de Triomphe très tôt dans la saison pour Zarakem. Dès qu’il a enlevé le Prix d’Harcourt (Gr2), le
7 avril, sur une piste très pénible. Un potentiel qu’il a confirmé en bon terrain à Royal Ascot (2e des Prince of Wales Stakes-Gr1, le 19 juin). Il n’a pas couru sur plus de 2 100 mètres cette saison, mais il avait réussi sur la distance classique l’an passé. Et je n’ai sincèrement aucun doute concernant sa tenue. Il a de plus l’avantage très appréciable de s’adapter à tous les terrains, d’apprécier les courses rythmées et le tracé de Longchamp. Il coche beaucoup de cases. Ce sera la deuxième participation de mon entraînement dans l’Arc de Triomphe après Royal Julius qui y avait participé en 2020 (10e). On y va avec ambition mais sans pression, sur une préparation traditionnelle et classique, avec un galop sur le gazon de Borely, huit jours avant la course. Enfin c’est un mâle et beaucoup d’excellents chevaux actuels (comme notamment Calandagan) sont hongres et n’ont donc pas le droit de participer à cette prestigieuse épreuve. Une frustration concernant les hongres que j’ai connue avec pas mal de mes meilleurs pensionnaires, comme Facteur Cheval et Lazzat. »

 

FACTEUR CHEVAL

« Il nous a évidemment fait immensément plaisir à Meydan en s’imposant dans le Dubai Turf (Gr1), le 30 mars dernier. Il a ensuite confirmé sa qualité et son potentiel sans connaitre toujours des déroulements de course favorables. Comme à Royal Ascot dans les Queen Ann Stakes, lorsqu’il s’est déféré à la sortie des stalles et a fait bande à part dans le parcours. On ne peut donc pas lui en tenir rigueur. Quant aux Sussex Stakes (Gr1), il n’a pas démérité sur une piste un peu légère pour ses aptitudes. Il n’a pas à rougir de cette performance. Il est engagé à Ascot à la mi-octobre à moins que l’on ne tente une épopée américaine avec le Breeders’ Cup Classic. Ce n’était certes que des exercices matinaux mais à Meydan, il avait très belle action et était particulièrement plaisant sur le dirt. Il est possible que ses propriétaires se laissent tenter par cette magnifique compétition américaine. »

 

LAZZAT

« Sa récente victoire dans le Prix Maurice de Gheest (Gr1, le 4 août), face à ses ainés et contre la crème des flyers européens a été la plus nette. En étant monté de façon offensive il ne les a pour ainsi dire même pas regardés. S’il avait été entier, nous l’aurions naturellement dirigé vers le Prix de la Forêt (Gr1) en vue de sa carrière d’étalon. Mais Lazzat étant hongre, les portes de ces épreuves restent fermées. Petite précision personnelle : je trouve l’allocation de ce Prix La Forêt insuffisante. Car proposer un peu moins de 200 000 euros au lauréat d’une course d’un tel niveau et d’un tel rayonnement paraît mince.
Lazzat est pour sa part programmé pour courir en Australie, début novembre, une très belle épreuve dans laquelle un peu plus de 3 millions d’euros sont promis au lauréat. C’est un pari très excitant à beaucoup de points de vue. La logistique est très compliquée en vue de cette épreuve cependant. Son entrée en quarantaine à Newmarket a démarré le 26 septembre. Elle court jusqu’au 13 octobre. Puis il s’envolera pour l’Australie. Il arrivera le 15 octobre là-bas pour deux nouvelles semaines de quarantaine. Il sera « libéré » 3 jours seulement avant la course puisque la compétition, le Golden Eagle, est prévue le 2 novembre. C’est une course sur 1 500 mètres corde à droite sur un tracé sans piège avec un tournant qui se fait en deux fois et 400 mètres de ligne droite. Il va y avoir probablement pas mal de partants et la course s’annonce rythmée. On sait que le cheval a beaucoup de vitesse naturelle et tient sans problèmes les 1 500 mètres. C’est un long voyage et un rude changement d’environnement. On lui avait volontairement fait passer tout le mois d’août à Deauville pour voir comment il allait s’adapter dans le temps à ce bouleversement de son quotidien et il s’y était très bien fait. D’ailleurs, ce meeting deauvillais, hors de Calas, l’a fait beaucoup mûrir selon moi. »