Lorsque André Fabre a choisi de se consacrer à l’entraînement des courses de plat, en 1983, les grands noms des vestiaires étaient Yves Saint-Martin, Freddy Head, Alain Lequeux et Lester Piggott. Puis il y a eu Cash Asmussen, Thierry Jarnet, Olivier Peslier, Christophe Soumillon, Pierre-Charles Boudot, Mickaël Barzalona et Maxime Guyon, qui ont tous remporté leur cravache d’or, et la plupart du temps grâce aux chevaux que leur confiait André Fabre. Il y eut aussi des essais moins heureux, comme Gary Stevens et Bauyrzhan Murzabayev, parce que les chevaux font presque tout, certes, mais qu’aucune écurie, qui est aussi composée de propriétaires, ne possède une marge de manœuvre suffisante pour former un jockey bien longtemps.
« Pour un jockey, monter un Fabre est un vrai plaisir »
Il a pu s’attacher longtemps les services d’un ou deux jockeys, mais a dû composer avec les contrats de ses propriétaires, et semble avoir toujours privilégié une certaine discrétion. Par exemple, il n’a fait monter le détonant Lanfranco Dettori qu’à 48 reprises ! François Mathet, prédécesseur d’André Fabre au sommet des classements français, ne recherchait pas la performance le matin des courses. Son successeur non plus. « Mon équipe de jockeys d’exercice du matin me donne entière satisfaction. On se connaît bien entre nous. Je me contente de cette situation », disait-il à François Hallopé dans les colonnes de Week-end il y a 34 ans. « Pour un jockey, monter un « Fabre » est un vrai plaisir, explique en revanche un de ceux auxquels c’est arrivé à de nombreuses reprises. C’est comme s’il y avait une vitesse de plus à enclencher, toujours un petit truc en plus à la lutte. Les chevaux sont mis, au bouton, et ils n’ont besoin de personne pour donner le meilleur d’eux-mêmes. D’ailleurs, on n’aime pas trop attaquer un « Fabre » de trop près. Il vaut mieux les surprendre en prononçant son effort le plus loin possible d’eux. »