Le portail s’ouvre pour révéler un endroit instantanément apaisant, où tout est dédié au cheval et où la beauté se mêle au fonctionnel. Les paddocks ont historiquement abrité des chevaux de sport qui ont porté l’élevage au plus haut-niveau. Depuis quelques temps, on y trouve aussi des profils aux physiques plus fins, dits pur-sang. Le haras a effectivement ouvert ses portes aux chevaux de courses pour le repos après les ventes ou au cours de leur carrière sportive, mais aussi pour l’élevage. Une discipline qui a toujours passionné Joëlle Mestrallet, mordue de génétique à la tête du Haras de la Morsanglière.
C’est là qu’a été élevé Look de Vega. L’impressionnant vainqueur du Qatar Prix du Jockey Club (Gr1), en juin, se présente aujourd’hui au départ du Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr1).
Une jument nommée Lucelle, comme Lucien et Joëlle
Le champion est le fruit d’une rencontre déterminante avec Lucien Urano, un homme de cheval ayant une fine connaissance des courses et des croisements. Sur les conseils d’Henri Bozo, le duo a acquis une jument baptisée Lucelle, comme Lucien et Joëlle. Elle portera d’abord à la victoire les couleurs du haras et donnera les lauréates Graine de Pastel, Alma Bella, puis le prodige Look de Vega. Fils de Lope de Vega, le poulain « marchait déjà comme un dieu au haras ». La lueur dans le regard de Joëlle à l’évocation de ses chevaux se retrouve dans celui de Clément Daussin, son bras droit, responsable de l’élevage depuis de nombreuses années. De sa voix paisible, il peut parler des heures de ses chevaux… « Tout jeune, Look avait son petit caractère et déjà une classe folle, se souvient-il. Dès le début, il était très posé. Il marchait comme un dieu. Il a toujours eu une amplitude énorme, un déhanchement très serein. Quoiqu’il advienne, jamais il ne paniquait ».
Look de Vega écrira un nouveau chapitre de son histoire le premier dimanche d’octobre, avant de débuter celui de sa prochaine carrière d’étalon. Le destin de sa mère a, lui aussi, animé beaucoup de réflexions. La décision est cependant arrêtée depuis le « Jockey Club » : Lucelle traversera la Manche pour rencontrer Blue Point, tandis que sa fille, sœur de Look, est destinée, en toute logique, à Lope de Vega, le formidable étalon de Ballylinch Stud, pour reproduire le croisement dont Look de Vega est issu.
À demi-échec, triomphe total !
Julie Mestrallet a présenté Look de Vega aux ventes ARQANA d’août 2022 sous la bannière du Haras de l’Aumônerie. « Look était magnifique, un sacré modèle, très mâle, mais il n’avait pas atteint son prix de réserve », rappelle-t-elle. Décevant sur l’instant, ce retour au box n’était pourtant qu’un prélude à la belle aventure. Les entraîneurs Carlos et Yann Lerner se sont en effet associés à Joëlle et c’est chez eux, à Maisons-Laffitte, que le poulain a ensuite lancé sa carrière.
La vacation deauvillaise aura décidément été riche d’émotions pour Julie puisque le deuxième poulain, en l’occurrence une pouliche, qu’elle y présentait s’est blessé la veille de sa montée sur le ring, après des mois de travail et de longues journées de marche. Or il s’agit d’Almara, gagnante du « Psyché » (Gr3) cette saison. « Maintenant, l’histoire est belle pour Look comme pour Almara », sourie la pétillante Julie, qui a aussi préparé Cœursamba, lauréate de la Poule d’Essai des Pouliches en 2021. Dimanche, à ParisLongchamp, son cœur battra donc dans le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe pour Look de Vega, et dans le Prix de l’Opéra Longines (Gr1) pour Almara !