Il va y avoir du sport N°6 Mars 2025 | Page 66

La chronique de
La chronique de

Romane Borrione

AUS

LA CHARGE DE TRAVAIL : PIERRE ANGULAIRE DU SUCCÈS

Pour un entraîneur , la charge de travail est l ’ un des principaux facteurs déterminant la progression du cheval-athlète . La plupart des entraîneurs suivent des programmes établis , affinés par l ’ observation des résultats de leurs chevaux . Mais quelle est la règle d ’ or en matière d ’ entraînement ? Comment trouver le parfait équilibre entre intensité , durée et volume de préparation ? L ’ équipe de chercheurs de l ’ Université de Melbourne a étudié ces questions et publié plusieurs travaux ces dernières années . Lors du séminaire annuel organisé par Racing Victoria , plusieurs chercheurs ont présenté leurs résultats . L ’ une d ’ elles a particulièrement retenu mon attention : « Training practices , speed and distances undertaken by Thoroughbred racehorses in Victoria , Australia » ( Morrice-West et al ., 2019 ). Cette étude met en avant trois catégories d ’ entraînement : un faible volume associé à une faible intensité ( distance parcourue à une vitesse supérieure à 14s / 200m ), un faible volume mais une haute intensité , ou enfin , un haut volume avec une haute intensité . Sans surprise , c ’ est cette dernière approche qui présente le plus grand risque de blessures musculosquelettiques . Il est également souligné que l ’ augmentation simultanée du volume et de l ’ intensité amplifie considérablement les risques de blessures . La recommandation est d ’ augmenter d ’ abord la distance totale parcourue afin de renforcer l ’ endurance cardiovasculaire , puis d ’ introduire progressivement des exercices plus rapides en réduisant temporairement la distance . Une fois que le cheval s ’ est adapté à la vitesse , la distance peut être réaugmentée pour atteindre les objectifs de compétition .
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L ’ étude souligne l ’ importance des périodes de repos . Les résultats montrent que des pauses courtes et fréquentes sont plus bénéfiques qu ’ un repos long dans l ’ année . C ’ est au moment du retour à l ’ entraînement après une pause que le risque de blessure est le plus élevé . En effet , le système cardiovasculaire conserve relativement bien son efficacité après une courte pause , contrairement au système musculosquelettique , qui nécessite plus de temps pour se renforcer . Le processus biologique de renouvellement osseux rend l ’ os temporairement plus fragile après un arrêt des travaux rapides . Pour éviter toute blessure , la règle générale est de prévoir une phase de reprise progressive dont la durée est au moins équivalente à celle du repos avant de réintroduire des exercices à vitesse élevée . La capacité à enregistrer précisément les paramètres de l ’ entraînement tout au long de la préparation , notamment les distances parcourues à différentes allures et le volume de travail rapide , permet d ’ affiner et d ’ optimiser la gestion de la charge de travail . Le suivi longitudinal de ces paramètres , associé au suivi cardiovasculaire quotidien du cheval , permet d ’ adapter les programmes et de minimiser les risques de blessure . L ’ équilibre entre volume , intensité et récupération est la clé d ’ un entraînement efficace et sécurisé . Les recherches menées confirment qu ’ une augmentation contrôlée de la charge de travail est essentielle et que des périodes de repos courtes et régulières sont plus efficaces qu ’ un long arrêt . En appliquant ces principes , les entraîneurs peuvent améliorer la performance de leurs chevaux , mais aussi leur longévité en compétition ..