Il va y avoir du sport N°6 Mars 2025 | Poneys

À L’ÈRE DES ACADÉMIES DU SPORT
Par Mélodie Janvier

À l’image de ce qui se pratique dans d’autres sports tels le basket ou le tennis, les académies ne cessent de fleurir. Première et unique en son genre, la Soumillon International Pony Academy souhaite encourager et accroître la participation des jeunes dans les courses de poneys, mais aussi susciter des vocations et un véritable engouement pour les métiers de la filière hippique.

Structures d’excellence
Quand on parle d’académie du sport, l’une des plus connues est probablement celle du « taureau » de Manacor. L’ Académie de Rafael Nadal a vu le jour en octobre 2016. Le campus est l’une des structures les plus modernes et sophistiquées dédiées au tennis ; 23 courts en dur, 20 en terre battue, deux courts de squash, deux piscines, un centre de médecine du sport et une école américaine pour les élèves. De nombreux joueurs professionnels s’y rendent aussi pour bénéficier des infrastructures afin de parfaire leur technique et leur condition. Si les pensionnaires de la Rafa Nadal Academy ont la chance d’apprendre avec le deuxième plus grand détenteur de victoires en Grand Chelem et dans un environnement extraordinaire, les stagiaires de la SIPA (Soumillon International Pony Academy) ne sont pas en reste. Ils ont l’opportunité, unique, de répéter leur gamme auprès de l’un des meilleurs jockeys du monde. Christophe Soumillon c’est : 10 cravaches d’or, le record du nombre de victoires sur une année, 306, et plus de 100 victoires de Groupe 1. Si la SIPA a vu le jour en 2023 sur le site de Lamorlaye, le jockey belge a fait l’acquisition, à l’automne 2023, du Haras des Marettes, ancienne entité d’élevage dans le pur style normand sur la commune de Saint-Arnoult. Le haras s’étend sur 48 hectares, dont une partie est dédiée à l’élevage de poneys de courses.

Si l’élevage est opérationnel, les infrastructures dédiées à la formation sont en cours de construction et devraient être fonctionnelles en 2026/2027. 5 pistes, un marcheur, un rond d’Havrincourt, 45 boxes, des hébergements pour les apprenants ! Le complexe sera digne d’un centre d’entraînement d’une écurie de course professionnelle. Encore un point similaire avec l’excellence de l’académie de Manacor. Mais cette « ressemblance » n’est pas le fruit du hasard. En effet, c’est au cours d’un stage de Mika, l’ainé des garçons, que Christophe a été inspiré par l’approche rigoureuse et les infrastructures de l’académie du champion de tennis espagnol, il a alors perçu l’évidence : offrir aux jeunes cavaliers un lieu de formation structurée, alliant exigence, accompagnement personnalisé et transmission des valeurs de l’hippisme.

L’importance de la transmission
Pour faire éclore des talents, il faut s’entourer des meilleurs. Outre les équipements sportifs, la Rafa Nadal Academy dispose d’un encadrement digne d’un staff de numéro 1 mondial. Le directeur technique n’est autre que Carlos Moyá, ex-numéro 1 à l’ATP et ancien entraîneur de « Rafa ». Quant à son oncle, Toni Nadal avec qui Rafael a brigué 16 de ses 22 tournois du Grand Chelem, il est, lui, l’actuel directeur de l’académie. L’apport des meilleurs, c’est aussi la vision de Christophe Soumillon, puisque l’on retrouve au sein de sa team (comme il aime à l’appeler sur le site internet de la SIPA), Dominique Bœuf et ses quatre cravaches d’or, Hervé Gallorini, fils de Jean-Paul et ancien jockey d’obstacle, masseur équin et masseur du Paris Football Club, ou encore Thomas Huet, ancien jockey récemment bloodstok agent au sein d’ARQANA, qui interviennent lors des stages de la SIPA. Dès lors, qu’est-ce qui motive ces sportifs de haut niveau à se lancer dans l’aventure de la transmission ? Lors d’une interview accordée à TF1, Rafael Nadal expliquait « ici tout sera sur un seul lieu, moi quand j’étais jeune, je n’avais pas tout ça. Je devais très vite aller d’un endroit à un autre pour que tout rentre dans mon emploi du temps et en même temps continuer et réussir dans mes études ». Quant au crack-jockey, il détaillait à nos confrères en 2023, ce que représentent les courses de poneys « j’ai débuté à 7 ans en Belgique. Je n’avais pas les moyens d’avoir mon propre poney, donc je montais ceux des propriétaires. Je les faisais courir et quand ils commençaient à prendre de la valeur, ils étaient vendus. Ça me faisait souvent un peu mal au cœur donc je n’ai pas envie de faire ça pour ces enfants. J’ai appris énormément de choses grâce aux courses de poneys. À l’époque, en Belgique, j’ai eu la chance d’être entouré par de super jockeys qui m’ont donné des conseils. C’est important de se sentir encouragé et c’est ce que j’ai envie de faire pour ces enfants. Le but c’est que ce soit ouvert à tout le monde », assure le jockey. Pour « Rafa » il s’agit « de préparer l’avenir des jeunes, non seulement pour le tennis, parce que nous savons parfaitement que beaucoup ne seront pas des tennismen professionnels. Ces enfants devront avoir des valeurs et une éducation et le but est d’utiliser notre expérience pour les préparer au mieux à l’avenir ».

De son côté, le jockey belge précisait « pour moi, c’est le début de tout. C’est la graine que l’on sème pour faire pousser ce dont on a besoin. Pour les enfants, le mieux, c’est de débuter avec des animaux adaptés à leur taille. Je fais attention que chaque poney soit adapté à l’enfant. Je pense qu’il est important d’apprendre dès le plus jeune âge les bonnes bases, dans le respect de l’animal ».

Des socioprofessionnels engagés
« Le but c’est que ce soit ouvert à tout le monde » assure Christophe Soumillon. Un projet rendu possible grâce à l’adhésion de nombreux partenaires, dont France Galop, qui a immédiatement compris l’enjeu de la structure, et mis à disposition ses sites d’entraînement, en partenariat étroit avec Marin Le Cour Grandmaison, responsable d’exploitation du site de Chantilly, et ses équipes. De nombreux socioprofessionnels se sont également engagés aux côtés de la SIPA comme Gérard Augustin Normand, Juddmonte, Godolphin, Alain Jathière, Guy Pariente, ou encore les sociétés Cambox et Connoly’s Redmills… dans un partenariat à vocation sociale et le suivi d’un jeune stagiaire pendant toute l’année. Christophe Soumillon tient également à rappeler que la filière peine à recruter, « si on veut aller chercher du personnel ou des passionnés, c’est en commençant à la base avec des jeunes enfants. D’autant plus quand on voit le manque cruel de personnel dans les écuries de course, c’est dramatique ». L’académie est affiliée à l’Association Nationale des Poneys au Galop, elle-même rattachée à la FFE. En attendant l’ouverture du site de Saint-Arnoult, la SIPA organise des stages pendant les vacances scolaires sur deux sites : au printemps et à l’automne à Lamorlaye, et l’été près de Deauville à Saint-Gatien des Bois. Le pilote souhaite que les courses de poneys prennent davantage d’ampleur « j’aimerais qu’il y ait des courses de poney un peu partout en France, avoir entre 500 et 1 000 jeunes qui montent à poneys et développer cette discipline unique en son genre. Si des enfants disent un jour qu’ils ont eu envie de faire ce métier grâce à l’académie, le pari sera gagné ».