VINCENT MARCHETTI
Galorama. Vous venez tout juste d’avoir votre agrément : qu’est-ce qui vous a poussé à devenir propriétaire ?
Vincent Marchetti. À la base, je suis plus un parieur. J’aime faire le papier, suivre les chevaux que je repère, mais de là à devenir propriétaire… Faire partie de ce monde me semblait un peu utopique. C’est Hervé Gallorini, notre masseur au Paris FC, qui m’en a ouvert les portes. Une aubaine. J’aime comprendre, apprendre. Il m’a présenté l’envers du décor à Auteuil. J’ai découvert les écuries, le stress, l’ambiance, l’intensité des bords de piste. On a rencontré les jockeys, suivi toute la journée un cheval de M. Couderc qui a remporté sa course. C’était la cerise sur le gâteau.
G. Seul, vous n’auriez pas forcément franchi le pas ?
V.M. Je ne pense pas. Si on n’est pas introduit, on ne sait pas forcément quelle porte pousser. C’est important de pouvoir s’appuyer sur quelqu’un de confiance. Gamin, j’avais un peu peur des chevaux, ce sont des animaux imposants. En tant que joueur, je vivais déjà intensément les courses à mon petit niveau. J’aime aller à Vincennes, Borely, ParisLongchamp. Les jours « d’Amérique », de « Cornulier » ou le jour de « l’Arc », c’est une ambiance incroyable.
G. Vous êtes donc un parieur devenu propriétaire…
V.M. Attention, je suis un parieur raisonnable, il faut que ça reste du plaisir. Mais les courses sont tellement stimulantes qu’on se prend au jeu. Quand on suit un cheval de cœur, j’adorais Délia du Pommereux par exemple (une des reines de Vincennes), on vibre avec lui, on croit presque qu’il nous appartient. Et puis je suis un compétiteur, j’aime la gagne.
G. L’aventure ne fait que commencer. C’est tout récent, non ?
V.M. Oui, je n’en suis qu’au tout début. Je viens tout juste d’avoir mon agrément, mes couleurs. J’ai une « patte » de Princess Lily avec Hervé. C’est lui qui a tout géré avec Markus Nigge. Une jument de quatre ans qui a couru trois fois. Un beau modèle, encore jeune, qui devrait apprécier le gazon. On va lui laisser le temps, mais on va se bagarrer. Ce n’est vraiment pas une question d’argent. Le principe, c’est de vivre une aventure, partager des émotions. Avoir sa casaque, c’est un sentiment d’appartenance assez unique. C’est gratifiant.
G. Elle sera de quelle couleur ?
V.M. J’ai choisi la sobriété, c’est mon côté « vintage » : noire avec des rayures beiges sur les manches. Au trot, ce seront les mêmes couleurs en un peu plus « funky », avec des étoiles. Mon agrément au trot est en cours. À terme, je me vois bien avec deux galopeurs et deux trotteurs, mais pas forcément à 100 %. L’obstacle, j’adore aussi, mais pour l’instant j’ai trop de compassion. Il faut avoir le cœur bien accroché. Markus Nigge accepte que Princess Lily court sous mes couleurs. C’est très « gentleman » de sa part, car je ne suis pas propriétaire majoritaire.
G. Comment expliquez-vous l’intérêt des sportifs pour les courses ?
V.M. Le plaisir prend le dessus sur tout le reste. On aime vibrer. C’est comme jouer devant un stade plein, aux courses ont fait le plein d’émotions. C’est un des seuls domaines dans le sport dans lequel on peut investir. C’est un monde qui, comme d’autres, implique de s’entourer des bonnes personnes. Moi, je marche à la confiance.
G. Avec des coéquipiers comme Mathieu Cafaro, les courses doivent animer les discussions dans le vestiaire ?
V.M. Oui, forcément. Il y a Julien Lopez aussi, et Hervé bien sûr. Mathieu est bien plus en avance que moi. Il nous est arrivé de regarder les courses ensemble dans le bus en déplacement. Il me conseille quand j’ai des questions. J’ai encore à apprendre : il y a des choses comme les handicaps qui ne sont pas faciles à saisir. À la base, j’étais plus « branché » trot, mais j’ai fini par me passionner tout autant pour le galop. Ma jument devrait courir courant mars. J’ai hâte de la voir en piste.