C’est la question que pose l’Association des Propriétaires de Chevaux de courses au Galop Île de France, Nord et Haute Normandie, au-travers de son président Patrick Fellous. Elle fait suite à l’annonce de l’institution et du PMU de vouloir investir de nouveau sur les paris sportifs et le poker. Patrick Fellous répond aux questions.
Vous dites qu’il faut voir plus loin que le montant des enjeux. Qu’en est-il ? Les paris sportifs en ligne affichent plus de 8 milliards d’euros d’enjeux, presque autant que la totalité des enjeux hippiques du PMU à ce jour. Mais la question centrale de ce débat concerne la marge dégagée par ces paris sportifs. Le produit brut des jeux est de 15 % et les prélèvements de l’état sur ce PBJ se monte à 48,7 % de la marge brute après prélèvement, pour se porter au final à 7,7 % - contre 18 % pour l’hippique . De cela, il faut encore déduire la TVA, les charges commerciales, informatiques, de personnel et autres dépenses inhérentes, auxquelles s’ajoutent en 2025 un prélèvement de 15 % sur les dépenses de communication et de promotion auxquelles les courses hippiques ont elles réussi à échapper grâce à la protection du nouveau premier ministre.
Vous dites aussi que la concurrence est féroce au sein d’un marché qui enregistre des pertes… 16 intervenants occupent effectivement le marché, dont 3 spécialistes mondiaux qui cumulent plus de 70 % du marché . Seuls les leaders mondiaux se sortent d’un marché qui enregistre des pertes d’exploitations importantes. Selon l’Autorité Nationale des Jeux, les pertes d’exploitations enregistrées entre 2010 et 2016 sur le marché des paris sportifs et du poker en ligne s’établissent à plus de 330 millions d’euros.
Vous constatez également plusieurs échecs successifs et une perte cumulée importante pour le PMU Les deux dernières années témoignent d’échecs successifs du PMU sur les choix de jeux, notamment sur le nouveau Quinté et les NFT qui enregistrent des pertes sèches de 6 millions d’euros. La perte cumulée du PMU sur les paris sportifs et le poker en ligne atteint quant à elle 140 millions d’euros.
Dès lors, il est légitime de se demander si le PMU peut réinvestir ce marché sans envisager de lourds investissements, notamment en communication et en promotion où il n’a pas d’avantage concurrentiel ? Le PMU en a-t-il réellement les moyens ? Plus que cette question, les sommes investies doivent-elles être consacrées à réinvestir ce secteur de marché, alors que les pouvoirs publics nous offrent (enfin) la possibilité de développer de nouvelles formes de pari mutuel, via le live betting et les paris sur les courses passées.
Que souhaitez-vous ? Une exhortation à tourner ses yeux vers l’avenir, et non vers le passé. Ces sommes d’argent non investies dans l’activité des paris hippiques durant toutes ces années à aujourd’hui pour principale conséquence une baisse de plusieurs centaines de millions d’euros des enjeux en France. Ces enjeux, eux, rapportaient de la marge. Ces données laissent donc à penser que le PMU risque de faire empirer la situation financière à vouloir concurrencer des leaders mondiaux implantés, au sein d’un marché particulièrement concurrentiel et qui enregistre des pertes. L’institution ne possédant pas les réserves d’antan, cette décision pourrait relever d’une erreur historique qui contribuerait à la lente, mais régulière, marginalisation des courses hippiques en France.
Que demande donc l’Association des Propriétaires de Chevaux de courses au Galop Île de France, Nord et Haute-Normandie ? Une large concertation au sein de la filière hippique ayant pour objectif de confronter les données, d’échanger et de préparer l’avenir en saisissant de nouvelles opportunités intégrées dans le monde actuelles, telles que le live betting et les paris sur les courses passées.
Patrick FELLOUS
Président de l’Association des Propriétaires de Chevaux de Courses au Galop Ile de France Nord Haute-Normandie
tél. 01.40.54.05.04 mail. syndicatproprietaires@gmail.com Propriétairesaugalop.com