Jeux d'Enfants N°5 Février 2025 | Page 110

même si d ’ une façon générale , comme en plat , les courses britanniques sont plus sélectives qu ’ en France . S ’ agissant du steeple , les obstacles britanniques sont pour la plupart des fences droits , élevés , qui ne laissent pas beaucoup de marge : il faut les sauter . Ils sont moins longs que les nôtres , qui favorisent un bon plus fluide , vers l ’ avant . Pour ces raisons , les chevaux britanniques qui s ’ essayent au steeple d ’ Auteuil sont plus rares alors que sur nos haies , Willie Mullins peut envoyer des chevaux que l ’ on voit en steeple en Angleterre . Inversement , les chasers français sont très adroits sur les obstacles anglais , car ils sont habitués à s ’ adapter à des obstacles variés , différents dans leur approche , nécessitant un dressage complet et , peut-être , de meilleurs réflexes . Dernière différence de taille , littéralement : le poids porté . En France , on court très rarement un cheval avec une charge supérieure à 70 kilos . Outre-Manche , on va jusqu ’ à 76,5 kg sans barguigner , si bien que les jockeys peuvent être plus lourds , durer plus longtemps , et rester des amateurs , parfois , même sur des carrières assez
longues . Il faut dire que les chevaux en Angleterre et en Irlande débutent généralement plus tard que les nôtres en raison de la prééminence du programme de novices . Ils bénéficient d ’ ailleurs d ’ un programme d ’ essai que nous ignorons ici , les point-to-point . Ces courses pour amateurs sont souvent organisées par des équipages de chasse pour assurer leur financement : il y a des bookmakers sur place lors de ces réunions champêtres , et ils redistribuent une partie de leurs gains aux associations organisatrices , qui comptent aussi sur la buvette pour arrondir encore leur fin de saison . Les professionnels utilisent ces circuits alternatifs pour donner un peu d ’ expérience à leurs chevaux avant de les vendre ou de les convertir eux-mêmes aux courses officielles , « sous le code ». On constate donc que les deux écosystèmes sont très différents l ’ un de l ’ autre . Pourtant , nos chevaux font des prouesses en Grande-Bretagne et en Irlande après être passés sous pavillon local . Pourquoi ? Probablement parce que l ’ élevage français est beaucoup plus subventionné qu ’ en
Ils passent ici une première fois devant les tribunes et leur redoutable rugissement .
© Jean-Charles Briens
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