1. Les jockeys de plat montent court et ils ne peuvent donc pas beaucoup s’aider de leurs jambes. Dans ces conditions, la cravache est la seule aide dont ils disposent pour commander. Quatre coups par course, c’est une limite très stricte et elle est hyperrespectée . Il faut ne pas comprendre notre métier pour souhaiter l’abandon de la cravache. Nous manœuvrons des chevaux de plus de 500 kilos, parfois, et à très vive allure. Il faut tout de même réaliser un peu ce que ça représente.
2. Je suis partagée sur ce sujet. Autant je dois dire que la réduction du calendrier de la cravache d’or a eu un effet manifeste, autant là, je ne sais pas si ça concerne grand monde.
3. Il me semble qu’il y en a assez mais ce n’est pas mon domaine. Je n’ai pas vraiment d’avis sur cette question, qui s’adresse sans doute plutôt à des entraîneurs et des propriétaires. Or si j’ai toujours voulu devenir jockey, je n’ai jamais eu envie de devenir entraîneur, même après ma carrière. Je me concentre donc sur les sujets qui me concernent directement, pour que ma carrière soit la meilleure possible.
4. J’attends avec impatience de remonter Irésine ! Chez les poulains, je pense que la pouliche de l’Aga Khan qui a terminé 2e du Prix Marcel Boussac (Gr.1), Zarigana . Sinon, j’ai vu passer un très bon petit gris cet hiver à Cagnes. Il s’appelle Dioptase , est entraîné par Jean-Claude Rouget et ne me semble pas ordinaire !
1. C’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup échangé. Je comprends que du point de vue du cavalier, avec des animaux de cette taille lancés à de telles vitesses, on puisse avoir besoin d’une cravache pour équilibrer sa monture. C’est surtout un problème de sécurité, selon moi. Cependant, je déteste voir un jockey s’acharner sur son cheval et nous ne voyons plus cela. Mais, j’ai échangé avec des personnes qui n’étaient pas dans le monde des courses, et je parle de gens pragmatiques et non à des idéologues, c’est inacceptable. On ne peut pas demander à un public d’aujourd’hui d’aimer un sport dans lequel on frappe un animal, même sans douleur.
2. Ce type de mesure peut permettre à des jockeys plus modestes de se mettre en avant et de monter plus souvent. La chute de notre population de jockeys pose un problème que nous pourrions contribuer à résoudre en donnant plus d’occasions à des jockeys basés en Province de se distinguer.
3. Il n’y en a pas assez, surtout dans les gros taux. Aux USA, on a des réclamer à 100 000 $ et nous n’en avons plus. Or, je pense que c’est un bon moyen de faire tourner l’écurie, de faire rentrer un peu de trésorerie quand le timing n’est pas le bon suite à un contretemps ou parce que le cheval, à un moment donné, ne correspond pas à une vente.
4. En plat, Zarigana m’a fait grosse impression l’année dernière pour tout ce qu’elle représente et pour son propre talent. Sur les obstacles, je mise de gros espoirs sur Hassadam . Nous l’avons en propriété avec l’écurie Hub de Montmirail et les MacLennan. C’est un fils de Kapgarde et de la championne Perfect Impulse, élevé par Richard Corveller et Arnaud Chaillé-Chaillé, et il prend 4 ans. Il a gagné pour ses débuts en octobre et, de mon point de vue, c’est un cheval de Grand Steeple.
1. C’est un sujet sur lequel il faut faire preuve de conviction et non faire des choix en réaction aux interventions. Dès lors, pour pouvoir porter et assumer une décision, il faut réunir un consensus le plus large possible, puis faire preuve de constance. C’est un sujet important et même stratégique, et c’est la raison pour laquelle il faut prendre le temps de se faire une bonne opinion.
2. Il me semble plutôt sain. Éviter de grands écarts entre deux réunions lointaines permettra sans doute à des jockeys différents de trouver un terrain d’expression. Cette règle a suscité des débats et nous avons, me semble-t-il, choisi un juste milieu, en laissant la porte ouverte pour des réunions PMH éventuellement proches de réunions Premium en régions.
3. Il y a eu trop de courses à réclamer à un moment donné et ça a créé un marché parallèle qui ne fonctionnait pas sainement, car les chevaux ne changeaient pas de main. On a ainsi obtenu des défenses déguisées qui faussaient le système. On n’utilisait pas les réclamers à bon escient. Or ces courses doivent générer des échanges pour servir la filière. Elles peuvent ouvrir une porte de sortie pour certaines catégories et c’est à ce titre qu’elles sont utiles.
4. Je vais bien sûr être un peu biaisé en vous citant Misunderstood , un fils de Hello Youmzain, notre jeune étalon à Étreham, qui a terminé 3e du Prix Jean-Luc Lagardère (Gr.1). L’autre poulain qui nous fait un peu rêver est un fils de Persian King, Treble Tee , qui a gagné dans un style impressionnant pour ses débuts à Newmarket chez Simon et Ed Crisford.
1 On peut tout faire mais le trot et le galop reste deux disciplines complètement différentes. La cravache est une aide artificielle indispensable pour la pratique de l’équitation. Ce n’est pas pour ça qu’il faut l’utiliser : nos parents accrochaient parfois un martinet bien en évidence, mais ils ne s’en servaient parfois jamais. La cravache est donc aussi un moyen de dissuasion. Et si tous les enfants étaient aussi bien traités que les chevaux de course, il y aurait beaucoup moins de malheureux sur la Terre. Mais quoi qu’il en soit, je trouve anormal de disqualifier un cheval qui a été trop cravaché et de pénaliser les entourages et les parieurs, qui n’y sont pour rien.
2 Tout ça, c’est à cause de Piggott ! C’est lui qui est allé inventer d’aller en avion d’Angleterre à Deauville pour monter deux bonnes courses dans la même journée. Plus tard, il y a eu la Cravache d’Or, avec Asmussen puis Soumillon, puis d’autres. Mais je crois que cette course d’un hippodrome à l’autre n’est pas une bonne chose. Dans cette profession de jockey, il faut se respecter, et respecter les autres. Tout le monde a le droit de gagner sa vie.
3 C’est une très bonne question ! Il me semble que les réclamer permettaient et permettent encore, parfois, de motiver une clientèle qui suit aussi les handicaps. Il faut de tout pour faire un monde et beaucoup d’entre nous ne peuvent prétendre aux Classiques et au-dessus du panier. Ceux qui s’aventurent tout là-haut n’ont pas besoin de réclamer, ni de certaines catégories de chevaux, alors que d’autres propriétaires s’en contente très bien. C’est donc une bonne passerelle et ça alimente un circuit amusant en parallèle.
4 J’aime beaucoup Gran Diose. Ce cheval est non seulement un crack mais aussi remarquablement préparé par Louisa Carberry, « Madame Grand Steeple », qui le connaît, sait le ménager et suit son programme scrupuleusement. Pour aller vite dans une journée, il faut compter 24 heures, pas 48. Et elle l’a très bien compris.