Tour de France N°10 Juillet 2025 | Page 101

PÉDAGO

« SI LES CHEVAUX N’ ONT RIEN AUX JAMBES, ON SOIGNE LEUR TÊTE »

Philippe Peltier, entraîneur

Pour un éleveur ou un pré-entraîneur, il n’ est jamais anodin de recevoir un cheval de course au repos. Même si chacun a sa méthode pour offrir à ces vacanciers de luxe la pause qu’ ils méritent, il faut pianoter, faire du sur-mesure. Chaque cas est particulier, même quand les chevaux ne présentent, a priori, pas de pathologie. Natacha Gimenez, vétérinaire spécialisée en imagerie et orthopédie mais également ostéopathe, suit des chevaux de course pour différents propriétaires. Elle explique pourquoi les périodes de repos sont indispensables: « L’ entraînement consiste en un effort physique intense sur des chevaux généralement en croissance. Tous ne grandissent pas au même rythme. Bien souvent, on ne se rend compte qu’ ils sont dans le rouge que lorsqu’ ils se raidissent physiquement. Le plus important est donc d’ être à leur écoute, attentif à tout signe d’ inconfort. Si un cheval ne progresse plus dans le travail il est temps de l’ arrêter, quel que soit le moment de l’ année ». Le cheval au repos a toujours besoin d’ une période d’ adaptation à son nouvel environnement, excepté lorsqu’ il revient à l’ endroit où il est né et a grandi, qu’ il reconnait généralement. Il retrouve alors rapidement, et avec un certain soulagement, les habitudes de la maison. Mais il faut néanmoins agir avec prudence! Un galopeur fraîchement sorti de l’ entraînement peut sauter une clôture, stresser au pré et s’ y sentir désorienté, mal tolérer la remise à l’ herbe sur le plan digestif... Le gardien méticuleux d’ un coursier au repos doit donc être attentif à mille détails. Le cheval mange-t-il bien? A-t-il beau poil ou des boutons sur le dos, au passage de sangle? Grince-t-il des dents, signe de nervosité ou de douleurs gastriques? Est-il raide? Asymétrique dans sa musculature? Triste? Avec quel compagnon pourrait-on le « marier » pour ses quelques semaines de repos afin qu’ il en profite au maximum? Chaque galopeur sortant de l’ entraînement est une énigme passionnante à résoudre. Son gardien n’ a que très peu de temps- généralement de trois à six semaines- pour lui refaire une santé physique et mentale. « J’ attends de la personne qui prend mes chevaux au repos qu’ elle ait l’ œil, s’ adapte au cheval, ose le mettre avec des congénères si besoin », résume Jérôme Delaunay, à la tête d’ un effectif d’ une centaine de galopeurs dans l’ Anjou.

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PAGE DE GAUCHE
Photo d ' illustration.
© Elise Fossard
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