Tour de France N°10 Juillet 2025 | Faire vivre les hippodromes toute l'année

Faire vivre les hippodromes toute l’année

Par Serge Okey

En ces temps compliqués, l’ouverture des hippodromes à d’autres activités que les courses est devenue une nécessité. « Elle répond de deux fondamentaux, appuie Pierre Préaud, secrétaire général de la Fédération Nationale des Courses Hippiques (FNCH). Eu égard à leurs emprises foncières, allant de 20 à plus de 50 hectares dans les grandes villes, c’est un impératif sociétal. Ils ne peuvent être réservés à quelques « privilégiés » alors qu’ils sont utilisés 30 à 50 jours par an. Et puis le contexte économique oblige à générer des recettes complémentaires : via des animations les jours de courses, en louant des séminaires ou conventions les autres jours ». Les deux hippodromes de Lyon sont un bon exemple. « Chaque semaine y sont organisés des événements en dehors des courses, avec des recettes déterminantes sur les comptes d’exploitation ». On peut citer aussi Maurede-Bretagne , qui a « développé une activité commerciale qui fonctionne très bien », Nancy dont le restaurant tourne « comme une brasserie quotidienne ». Ou encore Toulouse, La Teste, Bordeaux, Marseille-Vivaux, où les offres se multiplient, et pas seulement festives. Là des courses privées en sulky, ici des mariages...

« Dans l’ensemble, les hippodromes tendent à diversifier leurs activités. Les conventions d’entreprises sont en augmentation », assure Pierre Préaud, même si bien sûr les petits n’en ont pas les moyens. « Ils s’ouvrent aux associations : au club de pétanque, aux anciens combattants... »

Le Trot tient le même discours. « Les hippodromes doivent être des lieux ouverts à tous, c’est un vrai objectif », souligne Jad Zoghbi, le Monsieur événement de la SETF. Qu’il s’agisse de festivals, concerts, événements, et pourquoi pas de l’implantation de nouvelles offres de type halles gourmandes ou autres commerces, la SETF ouvre grand les portes du possible derrière ce souhait : « Faire vivre les hippodromes toute l’année ». « Nos équipements se prêtent bien à des festivals et des concerts, nous sommes en discussion avec beaucoup d’acteurs du milieu culturel et musical », confie Jad Zoghbi. Le Trot multiplie les collaborations et ça marche : « La Folie Douce (cabaret, shows, Dj set) a réuni plus de 20 000 personnes, les Nocturnes Tropicales plus de 10 000. Une dizaine de soirées de ce type parcourent l’année, notre objectif est de doubler l’offre dès 2026 ».

« Des vitrines pour recruter les parieurs »
Ces soirées attirent un nouveau public. Les transactions s’en ressentent. Les enjeux, pas suffisamment encore. Capter cette clientèle, c’est le ressort du PMU. « Les hippodromes doivent être des vitrines pour le recrutement des parieurs », plaide Pierre Préaud. Comme France Galop avec les JeuXdi et d’importants festivals (lire par ailleurs), le Trot s’y attèle en plaçant l’événementiel au cœur de sa stratégie. C’est un des chapitres importants des négociations avec la mairie de Paris pour le renouvellement de la concession de Vincennes pour les 30 prochaines années. Parmi les nombreux enjeux : agrandir la capacité d’accueil, car le temple du trot est aujourd’hui limité à « 24 000 entrées » au centre de la piste. Un plafond qui place Vincennes comme une offre intermédiaire entre un Zénith et un stade de football. « C’est bien , juge Jad Zoghbi, mais on ne peut plus accueillir U2 ou Madonna aujourd’hui. À long terme, on entend augmenter la capacité pour accueillir des stars comme dans les années 80 et 90. » En attendant, des dates sont en discussion à l’horizon 2026.

« On peut imaginer, par exemple, toute une journée avec des animations et des « guest stars » autour d’un artiste qui serait le clou du spectacle ». On peut facilement supposer que l’offre en complément des courses contribue à la bonne fréquentation des hippodromes en 2024 (2,4 millions d’entrées, + 16 %). « On entre justement en plein dans la haute saison hippique, salue Pierre Préaud. Quel que soit le lieu de vacances, un hippodrome se trouve à proximité. Ce réseau, c’est une chance plus qu’une charge. C’est pourquoi, malgré la pression foncière, il faut maintenir nos hippodromes. Plus on descend de catégorie, plus le coup de l’organisation est faible grâce à la passion des bénévoles. Des rationalisations sont nécessaires, mais fermer un hippodrome reviendrait à transférer les courses. Or, cela coûterait le double sur de grands hippodromes ».