Retour vers le futur N°7 Avril 2025 | Page 49

À LA UNE
Guillaume Vitse de façon très précise. Cela permet, par exemple, de réaliser des examens à distance avec son vétérinaire qui reçoit l’ intégralité des résultats sur son logiciel. Certaines cliniques l’ utilisent également comme un outil éducatif lors de l’ arrivée de nouveaux vétérinaires ou lors de formations à l’ examen locomoteur. Cela permet de se créer sa propre bibliothèque de cas, documentée et filmée. Cela contribue à la transmission d’ informations d’ une génération de vétérinaires à l’ autre par exemple, mais aussi de stocker les cas référés.
G. Avez-vous fait face à des freins particuliers?
V. R. L’ outil a été très bien reçu par les professionnels, c’ est un nouveau service qu’ ils peuvent proposer à leurs clients qui permet de les fidéliser. La seule contrainte est la durée du diagnostic, qui nécessite de prendre le temps de poser les capteurs sur le cheval examiné. Nous avons pris en compte cela et avons donné la possibilité de ne poser que trois capteurs sur les sept. L’ idée est de simplifier le scénario d’ utilisation et de l’ intégrer dans la routine de nos utilisateurs.
G. Quelles sont vos perspectives de développement?
V. R. Notre volonté est d’ ajouter toujours plus d’ innovation. La prochaine étape, qui s’ annonce prometteuse, est l’ utilisation de la vidéo uniquement, sans la pose de capteurs, qui permettra d’ envisager une multitude d’ utilisations.
CI-DESSOUS
Guillaume Vitse lors des ventes ARQANA.
© Zuzanna Lupa

« L’ élevage, ce n’ est pas des mathématiques »

Par Serge Okey
Pour le co-directeur de Normandie Breeding, cet élevage normand qui fait des merveilles dans la cour des grands, le progrès rime avec bienfaits en termes de vidéosurveillance. Mais en matière de croisements, Guillaume Vitse n’ est pas prêt à céder aux algorithmes le soin de donner vie au nouveau Unquestionable( Wootton Basset), fierté du couple Vitse depuis son succès dans la Breeder’ s Cup Juvenile Turf 2023. « Hors de question de perdre mon âme d’ éleveur ».
Galorama. Vous faites partie de ces éleveurs qui utilisent les nouvelles technologies pour la surveillance: quand avez-vous fait le grand saut?
Guillaume Vitse. Cela fait deux saisons à présent. Force est d’ admettre que c’ est d’ une simplicité déconcertante. On utilise NovoStable et franchement, c’ est top! Pas besoin d’ aimant ni cellule. Une fois qu’ on ferme les boxes, c’ est très rassurant. On reçoit des alertes en cas de pic d’ activité. Parfois pour rien, mais c’ est tranquillisant d’ avoir cet outil sous la main pour surveiller les juments.
G. Avez-vous le sentiment que la profession a déjà plongé dans le grand bain?
G. V. Non, ce n’ est pas mon impression globale. Aux États-Unis, ils sont beaucoup plus connectés. Très en avance sur nous. Il faut dire que là-bas, les chevaux ne se regardent pas. Il n’ y a pas de temps mort. Tout le monde court pied au plancher. Chez nous, quelle valeur a un chrono sur 400 mètres si tout le monde est allé au pas avant? Pour moi, rien ne remplacera jamais le visuel.
G. Alors, pour ou contre? G. V. Pour, en matière de surveillance. Contre, personnellement, pour mesurer les performances en courses et les croisements. Je ne suis pas du genre à déléguer mon jugement à une machine. Hors de question de perdre mon âme d’ éleveur. L’ élevage, ce n’ est pas des mathématiques. Certes, c’ est le vent ambiant et on y va à tâtons. J’ observe des bonnes idées dans ces nouvelles fonctionnalités, mais on ne peut pas remplacer l’ homme. Il faut rester raisonnable.
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