Retour vers le futur N°7 Avril 2025 | Chronique de Katerine Ford

CHELTENHAM , COMME SI VOUS Y ÉTIEZ !

Cette année, comme 1,8 million d’autres, j’ai suivi la Gold Cup de Cheltenham à la télévision anglaise. Durant les quatre jours du Festival, la chaîne ITV (équivalent de TF1 ou M6) a diffusé 17 heures de direct. Ajoutez à cela une heure d’émission chaque matin sur la chaîne ITV4, similaire à W9 chez nous. Le meeting y prend toute sa dimension d’événement sportif. Dès la prise d’antenne le matin, on y est. Les chevaux irlandais, déjà sur place, s’entraînent sur l’hippodrome et les caméras y sont aussi, accompagnées de la voltigeuse Sally Ann Grassick qui récolte les dernières informations auprès des entourages. On parle des chances de victoire et de niveau de forme, d’émotion et de la personnalité des chevaux. Le téléspectateur à l’impression de toucher aux champions. Le ton est donné pour l’émission de l’après-midi. Une douzaine de présentateurs, reporters et experts sont à pied, et parmi eux, trois anciens vainqueurs de Gold Cup : Ruby Walsh, Sir AP McCoy et Mick Fitzgerald. Grande chaîne oblige, l’enjeu est d’intéresser le grand public, tout en satisfaisant les téléspectateurs plus avertis. Une recette composée d’analyses sportives, expertise équine, belles histoires, pronostics, caméras proches de l’action…, le tout rythmé d’une bonne dose de « fun » mais aussi par la rigueur technique. Le téléspectateur a ainsi pu verser une larme aux côtés des entourages de Marine Nationale et Jazzy Matty , deux chevaux qui ont brillé il y a deux ans au Festival sous la selle de Michael O’Sullivan, et qui ont réitéré leurs succès cette année pour rendre hommage au jockey disparu en février. Ou partager les émotions de Charlie McCarthy qui « aurait traversé la mer d’Irlande à la nage » seulement deux semaines après une chirurgie contre le cancer, pour assister à la victoire de son Kopek des Bordes dans le… Michael O’Sullivan Supreme Novices’ Hurdle. Des émotions mais pas que. Bien sûr, les paris font partie de la couverture. Un spécialiste suit les mouvements des côtes et rencontre les bookmakers et parieurs , les experts livrent leurs pronostics ; statistiques, données et interviews à l’appui. Après la course, grâce aux explications de Ruby Walsh, installé dans un car régie disposant de vues de multiples caméras, même les néophytes peuvent comprendre les raisons des défaites des favoris Majborough et Jonbon , ou la maestria de Rachael Blackmore, auteure d’une superbe victoire dans le Stayers’ Hurdle avec Bob Olinger . N’oublions pas « l’entertainement » car le divertissement est la clé d’une bonne émission TV. Sur ITV, c’est omniprésent pour capter ce public occasionnel. À la prise d’antenne de la réunion du jeudi, « St Patrick’s Thursday », l’équipe s’est installée sur la scène du Guinness Village pour faire le show et finir la présentation par une chanson folklorique irlandaise avec des centaines de turfistes. Toujours au Guinness Village, on a pu suivre l’ancien footballeur, Peter Crouch, honorer son pari perdant sur Paddy Power , et payer une tournée de 1 000 pintes (7 800 £ !) au public présent. ITV Racing a déjà été récompensée par deux BAFTA Awards, l’équivalent anglais des Césars qui comportent des catégories pour la télévision, pour sa couverture de la journée d’ouverture du Festival de Cheltenham en 2023. Ce programme a été nommé meilleure retransmission sportive. De quoi donner envie de regarder la télévision, ou d’aller aux courses !