Retour vers le futur N°7 Avril 2025 | A LA UNE : FRANCE GALOP : COMMENT L’IA AIDE À OPTIMISER LE PROGRAMME DES COURSES

FRANCE GALOP : COMMENT L’IA AIDE À OPTIMISER LE PROGRAMME DES COURSES

Par Serge Okey

Via des tonnes de data, et un peu d’IA, France Galop fait la chasse aux courses creuses. Et les premiers résultats sont très encourageants. D’un côté, leur nombre diminue, de l’autre, les courses de plus de 14 partants ont fait un bond spectaculaire.
Le poids des données à France Galop ? «Considérable », répond de go Pierre Laperdrix, responsable de l’élaboration des programmes. « Si on sort notre fichier plat sur une année, c’est plus de 50 000 lignes, sachant que chaque ligne contient environ 50 colonnes. À l’intérieur, il y a toutes les courses, tous les partants… »
6 859 courses en 2024, 9 674 chevaux enregistrés au 1er mars 2025… Pareille affluence occasionne naturellement des tonnes de données. « On croule sous les datas. On œuvre à les rendre visibles. Mais pas forcément à tous, car certaines données se commercialisent, elles ont une valeur ».
Depuis 2020, France Galop a une vue beaucoup plus précise sur tous les chevaux référencés à l’entraînement. « On peut tout trier par race, âge, fédération… Cela nous permet de savoir que davantage de chevaux de 3 ans sont appelés à courir en plat par rapport à l’an passé ». D’anticiper les fameux « pics de mai », avec 195 à 199 courses en raison des jours fériés. Ou encore de déceler qu’en cross, « un pic de courses se dessine autour du 12 juillet en raison d’un afflux d’offre par le PMU autour du 14 juillet ».
Courses de plus de 14 partants : un bond de 173 %
Attention, la data et l’IA ne créent pas les programmes. Mais toutes ces données aident à « les optimiser ». À « lisser » l’offre le mieux possible. Comme Le Trot, les Ligues de football et de rugby, la Fédération de Tennis ou Roland-Garros, France Galop s’appuie depuis 2022 sur le cabinet de conseil Veltys, spécialiste de l’intelligence des données et de l’IA. Un virage obligatoire qui a mené « à monter un algorithme qui lit sur un fichier le programme et nous retranscrit les cas de fortes concurrences entre les courses, avec des codes couleurs selon le degré de risque ».
Cet outil est d’un vrai secours pour les « courses de bon niveau, comme les courses de condition réservées aux jeunes chevaux, population moins élevée pour courir ». Ce garde-fou porte déjà ses fruits. Il a contribué à réduire le nombre de courses creuses de 680 à 606 en plat et de 248 à 193 en obstacle. À l’inverse, le nombre de courses de 10 à 13 chevaux est en amélioration et le nombre de courses de plus de 14 partants a bondi de 173 %.
Partant du principe que plus elle compte de partants, plus une course génère des paris, ce basculement a déjà permis de générer « 71 millions d’euros grâce à ce travail ». Un résultat qui pousse à penser que l’avenir appartient à la data et à l’IA. « On publie déjà beaucoup de statistiques via le tracking, sur certains hippodromes on a la vitesse des chevaux en direct, et les choses vont évoluer en termes d’expérience client, à la fois sur notre site et autour des courses. On y travaille, mais ça, on en parlera plus tard ». Secret défense.