Retour vers le futur N°7 Avril 2025 | ENTRAÎNEUR : LE DÉFI D’AMY MURPHY

ENTRAÎNEUR : LE DÉFI D’AMY MURPHY

Par Emmanuel Rivron

À l’honneur à maintes reprises ces dernières années sur le sol français, Amy Murphy a décidé de donner un nouveau tournant à sa jeune carrière en posant ses valises en France en février. Avide de défis, cette jeune professionnelle britannique et ses pensionnaires se sont apparemment vite acclimatés !

Fraîchement installée dans l’ancienne écurie de Myriam Bollack-Badel, Amy Murphy y a vite trouvé ses marques. Perdre du temps n’est d’ailleurs pas, mais pas du tout, dans la nature de cette Anglaise du Midlands. À cheval dès ses 3 ans, assistante à 19 et plus jeune entraîneur de l’île à 24 ans, Amy Murphy a toujours appris vite et bien. Diplômée en sciences équines à l’université de Hartpury, près de Gloucester, terre de rugby, elle entend bien transformer l’essai sur le sol français, pays qu’elle a commencé à côtoyer très tôt : « J’ai découvert les courses françaises via mon premier employeur, Tom Dascombe, nous apprend-elle dans sa langue natale. Je me suis occupée de son antenne durant un été à Deauville ». Suivront ensuite une expérience de six mois en Australie au côté de Gai Waterhouse, où elle accompagne notamment Sweet Idea, vainqueur de Groupe 1, puis une enrichissante expérience chez Luca Cumani. 
 

Chantilly comme une évidence
Assistante entraîneur et également cavalière du matin de Postponed, elle et son sourire communicatif font ainsi le tour des grands hippodromes, d’Ascot à Meydan en passant par ParisLongchamp, où son partenaire du matin enlève le Groupe 2 Qatar Prix Foy. De Groupe, il en est question dès la deuxième saison d’Amy Murphy, en tant qu’entraîneure : « Kalashnikov nous a offert un Groupe 1 à Aintree quand il était novice. C’était le plus beau jour de ma carrière, puisque mon père l’avait acheté lorsqu’il était foal ! L’écurie tournait bien en Angleterre, mais mon attirance pour la France a pris le dessus. Le style de vie français et les allocations des courses m’avaient déjà poussé à avoir une antenne à Lamorlaye il y a trois ans. J’avais aussi effectué des aller-retours la saison passée. Pour m’installer durablement en France, j’ai suivi un stage d’octobre à décembre dernier. C’était très compliqué, mais j’ai réussi l’examen ! Chantilly était une évidence pour moi, car j’étais habituée à toutes les infrastructures de Newmarket et j’avais besoin de retrouver cela pour réussir. Je suis jeune et ambitieuse ! Six de mes dix employés m’ont suivi dans cette aventure. Nous ne sommes là que depuis février, mais, jusqu’ici, tout va bien ».
 

La confiance de propriétaires français
Toujours très suivie par les parieurs dans les courses de 2 ans,  Amy Murphy avait réussi à glaner six succès lors de ses voyages en France la saison passée, tous signés avec cette jeune génération : « Mais je ne suis pas qu’une entraîneure de 2 ans, qu’on se le dise ! Je dois faire en sorte qu’on me retire cette étiquette ! J’ai aussi préparé des lauréats de Listeds sur plus de 2 000 mètres et même entraîné un vainqueur de Groupe 1 en obstacles. Mon premier gagnant de l’année n’est autre qu’un cheval de 8 ans d’ailleurs ». Doyen d’un effectif d’une trentaine de chevaux, Pride of America fait ainsi la fierté d’Amy Murphy et montre la voie à ses cadets, dont certains portent les couleurs de propriétaires français : « J’ai beaucoup de chance. Gérard Augustin Normand, Gousserie Racing et Guy Pariente m’ont vite confié des chevaux. Je fonde notamment des espoirs sur Nyoka, lauréate avec mon apprenti Ebbe Verhestraeten fin mars, mais aussi sur Xaarta, belle pouliche par Goken, qui devrait débuter en avril ». 
D’ici là, Amy Murphy et son équipe auront peaufiné leur adaptation à leur nouvelle vie : « Mon mari est resté en Angleterre et devrait pouvoir me rejoindre dans six mois environ, confie-t-elle. Il est à Newmarket, qui n’est finalement pas si loin de Chantilly. Nous avons été bien accueillis, mais ce n’est pas toujours facile de s’adapter à un nouveau pays. Je regrette de ne pas avoir été plus attentive pendant les cours de langue ! J’ai du personnel français qui essaie de m’aider. Et quand je maitriserai le français, ce sera bien plus facile pour moi. C’est un challenge, mais j’aime les challenges ! ». Fidèle à ses habitudes, Amy Murphy ne va certainement pas perdre de temps à s’adapter et à se mettre à la langue de Molière ! Go Amy !