Par Mélodie Janvier
Crée en 2019 par Victoria de Poumeyrol et Julien Cornouiller, en passe de conclure une levée de fonds de 3 millions d’euros, NOVOSTABLE est un outil de surveillance qui, grâce à des caméras et à l’intelligence artificielle, permet de détecter un comportement anormal d’un cheval afin de prévenir d’éventuels problèmes de santé tels que les coliques ou encore de prévoir les poulinages.
Victoria, manager dans le marketing digital, cofondatrice et surtout propriétaire de chevaux de sport, explique comment est née l’idée de créer un outil qui permet aux propriétaires de toujours avoir un « œil » sur leurs chevaux sans pour autant devoir être sur place. « J’ai eu la chance de grandir à quelques mètres des écuries. Nuit et jour, je pouvais intervenir à n’importe quel moment si quelque chose se passait, ce qui est très rassurant, car vous pouvez agir très rapidement. Je voulais donc vraiment trouver une solution de surveillance 24h/24, 7jr/7, qui puisse analyser très précisément le comportement et être alerté si quelque chose se passe ».
Julien Cornouiller, manager en systèmes informatiques, cofondateur, détaille : « pour arriver à créer cet outil, nous avons créé une intelligence artificielle unique que nous avons baptisée LANA. Elle fonctionne en auto-apprentissage - ce que l’on peut appeler dans le vocabulaire de l’IA du maching learning, l’intelligence artificielle s’entraine elle-même grâce à l’accès à différentes données qui lui permet d’améliorer ses performances pour une tâche demandée – et calcule et analyse les différents comportements de chacun des chevaux grâce à des caméras haute définition à grand angle et à vision nocturne. La caméra envoie toutes les données du cheval vers le cloud via la WIFI ou le réseau 4G. Ces données sont analysées par l’algorithme principal et renvoyées vers l’application mobile » sur laquelle figure un tableau de bord avec des données pour chaque cheval. Comme le rythme du couché ou l’activité, et qui permet d’envoyer différentes alertes en fonction des variations anormales de comportements détectés.
Théophile, lead data scientist, est le spécialiste derrière l’IA développée par l’entreprise. « Le plus important, c’est que LANA est perpétuellement en train de s’entrainer et d’apprendre. Plus elle passe de temps à analyser les chevaux, plus elle s’améliore. Nous suivons donc de prêt la qualité de nos services et mettons en place des améliorations continues ».
NOVOSTABLE est donc un outil qui aide à améliorer la prédiction d’éventuels problèmes pour mieux ajuster les traitements et avoir une vision globale de l’état de santé et de bien-être du cheval en temps réel. Réelle innovation dans le milieu hippique et petite révolution dans celui des courses, qui prône souvent le ressenti humain à l’innovation technologique. Ici la solution prend son sens quand les données transmises sont interprétées par les soigneurs ou entraîneurs. Donc une vraie complémentarité entre expertise cheval et technologie.
La participation de l’entreprise au CES de Las Vegas en janvier dernier, le plus grand salon dédié aux innovations technologiques à destination du grand public, permet de renforcer l’idée que les nouvelles technologies s’introduisent dans tous les secteurs, y compris celui des courses hippiques.
Concrètement comment cela fonctionne ?
Grâce à une base de données alimentée par des clichés qui traduisent le comportement des chevaux, l’intelligence artificielle est capable d’identifier tous les changements de comportement , qui indiquent souvent un stress ou un problème de santé du cheval. Selon la sévérité des données et des changements identifiés, l’IA enverra une alerte spécifique sur l’application du propriétaire du cheval : notification, sms ou appel téléphonique. Enfin le système est auto-apprenant et s’adapte à chaque cheval.
Quid de l’IA chez les trotteurs
Si l’utilisation de l’IA, via certains systèmes comme celui proposé par Arioneo, s’accroit au sein des entraîneurs de galop, chez les trotteurs cela reste encore poussif. Noémie Hardy, assistante entraîneur de l’écurie Hardy nous partage son expérience : « j’ai pu tester le dispositif Equimetre sur certains chevaux de l’écurie. Les données récoltées sont très complètes et précises, puisqu’on a accès à : la fréquence cardiaque, la vitesse, la distance parcourue, la cadence, l’amplitude et les données sur la récupération. De plus, l’interface de l’application est plutôt bien faite et pratique d’utilisation. Je pense que c’est un outil qui peut être utile sur le long terme et si on effectue des travaux diversifiés. Pour les poulains, cela pourrait permettre de savoir rapidement s’ils possèdent les capacités pour devenir de futurs chevaux de course. De nos jours, il faut des chevaux qui vont toujours plus vite et qui sont probablement moins endurants qu’auparavant. Avec ce capteur, il est assez facile de voir les poulains qui ont une vitesse de base naturelle ». Mais selon elle, ce dispositif peut présenter certaines « limites » à l’utilisation par les entraîneurs de trot.
« L’analyse des données, en amont et en aval de chaque travail, prend du temps. Il faut aussi prendre en considération la mise en place du capteur qui prend plusieurs minutes. De plus, il ne faut pas oublier qu’au trot nous avons le « problème » des allures, si votre cheval passe au galop durant un exercice, les données seront forcément impactées et cela rend l’analyse plus complexe. Pour moi, ce dispositif présente davantage d’intérêt pour les galopeurs ».