La gloire de mon père N°4 Janvier 2025 | Page 29

ILS ONT FAIT L ’ ACTU
Nicole Papot , puis leurs enfants , à se lancer dans une pareille aventure . La légende familiale dit que Patrick Papot , au cours d ’ une visite chez le boucher du village , avait pris à ce dernier de donner un coup de main à son fils quand il s ’ installerait entraîneur . Le fils en question s ’ appelait Yannick Fertillet et lorsque M . Papot a oublié son engagement , son épouse Nicole le lui a rappelé . C ’ était en 1985 , Yannick Fertillet leur a alors cédé Princesse Étoilée , une AQPS de 4 ans qui allait gagner dès l ’ été suivant trois fois de suite en steeple à Loudéac , Pornichet et Questembert , puis deux fois encore en août . L ’ année suivante , elle allait même gagner la 2 e épreuve d ’ un handicap à Auteuil . Fastoche ! Pas si sûr … Les vingt années suivantes , les Papot allaient tâtonner pour tenter de rationnaliser cette activité qui , au fil du temps , allait cependant occuper les quelques moments de temps libre que ces entrepreneurs allaient s ’ accorder . Mais ça ne tournait pas rond . Il a fallu qu ’ au début des années 2000 , Patrick Papot décide d ’ organiser et de prendre sa retraite , pour que les choses évoluent . Pourquoi ? Parce que le jeune retraité avait besoin d ’ une activité de substitution à celle qui l ’ avait tant occupé jusque-là .
Une génétique d ’ exception confiée aux meilleurs entraîneurs du pays
Soudain , l ’ écurie familiale est devenue l ’ entreprise des Papot Père & Fils . En un mot , l ’ écurie s ’ est mise à penser et à fonctionner de façon professionnelle . Conseillés alors par Benoît Gabeur , vétérinaire et éleveur particulièrement perspicace et efficace ( il a , notamment et pour faire court , élevé trois gagnants du Grand Steeple-Chase de Paris , dont deux pour les Papot ), ils ont commencé à investir dans des poulains à l ’ élevage . À cette époque , la demande britannique n ’ était pas si forte et il était possible d ’ acquérir des foals sans se ruiner , même lorsqu ’ ils étaient issus de bons étalons , car les prix des saillies étaient maîtrisés : les poulains n ’ étaient pas chers à créer , et un rapide retour sur investissement des éleveurs était d ’ autant plus apprécié que , certains de voir évoluer leurs produits sous la bannière des Papot , qui ne vendent jamais , ils pouvaient compter sur les primes à l ’ éleveur en cas de succès ! Parallèlement , la famille Papot pouvait accéder à une génétique d ’ exception qu ’ elle confiait ensuite aux meilleurs entraîneurs du pays . Très vite , la formule a donné des résultats exceptionnels .
93 e au classement de 2003 avec cinq représentants , la casaque est entrée dans le top 20 cinq ans plus tard , après la victoire de Kami des Obeaux dans le Grand Cross de Craon . 18 e en 2006 , 10 e l ’ année suivante , elle a terminé 6 e en 2008 avant de remporter son premier titre en 2009 , l ’ année de son premier Groupe 1 , le Prix Ferdinand Dufaure gagné par Rubi Ball .
Partager son expérience
La suite est bien documentée , mais la famille Papot , plutôt que de laisser glisser selon cette formule , n ’ a pas baissé la garde . La filière de recrutement , qui avait permis son succès , a commencé à se dégrader sous la pression du marché anglais et irlandais , dont les offres dépassaient celles qui avaient cours jusqu ’ alors pour faire l ’ acquisition de foals bien nés et bien faits . Ce fut le début d ’ une deuxième révolution chez les Papot : se lancer dans l ’ élevage , là encore professionnellement . Les premiers 3 ans issus de cette restructuration sont nés en 2014 , et ils sont apparus sur les programmes 3 ans plus tard . Ils étaient quatre , ils ont été 33 en 2023 , lorsqu ’ ils ont atteint le million d ’ euros de gains , pour un total de 2,24 millions de gains et primes pour la casaque sur cette campagne . Interrogé en mai 2022 par un journaliste de Ouest- France , juste avant que Sel Jem ne remporte le 3 e Grand Steeple-Chase de Paris de la casaque , Xavier Papot se disait prêt à partager son expérience pour dynamiser le recrutement et la formation des nouveaux propriétaires . Selon lui , et sans doute à raison , une bonne formation est essentielle pour affronter un monde de l ’ élevage et de l ’ entraînement semé d ’ embûches . Une courbe d ’ apprentissage se caractérise par un premier palier durant lequel tout semble difficile , puis c ’ est l ’ ascension , parfois vertigineuse , et enfin le plateau caractérisant la maîtrise . D ’ autres propriétaires , peut-être plus chanceux dès le début , ont eu le sentiment d ’ arriver facilement au sommet de cette courbe , mais ceux-là se lassent parfois un peu vite , peut-être blasés , peut-être perdus . La casaque Papot , sans doute un peu malgré elle , a dû respecter tous les paliers nécessaires pour réussir à sortir le nez de l ’ eau , mais elle a retenu toutes les leçons de son aventure , et son succès fait à présent figure de modèle .
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