ARNAUD DE SEYSSEL
1. L’article 51 du code des courses prévoit ce cas de figure et nous souhaitons l’utiliser, nous avons aussi pour devoir de diminuer le nombre des courses creuses. Nous avons voulu encadrer son usage pour que chacun connaisse les règles de cet article. Il sera donc invoqué dès lors que deux courses réuniront chacune 7 partants ou moins, ou lorsqu’une des deux en comptera 5 ou moins, tandis que l’autre en réunira 12 ou moins. Nous espérons que ces mesures dissuasives seront le moins appliquées possible. Cela s’inscrit dans un plan plus large par lequel 7 allocations seront versées aux 7 premiers dans les courses de 2ans, hors Listed et Groupe. Les maidens voient leur décharge passer de 3 à 5 livres. Nous allons aménager le programme des 2ans au niveau national pour éviter les cannibalisations.
2. La campagne de Mqse de Sevigné, qui fait écho à celle de 2023, est tout de même extraordinaire. Gagner à nouveau les deux Groupes 1 de femelles de Deauville, avec « l’Ispahan » en prime, c’est sans doute un exploit qui n’est pas près d’être reproduit.
3. Qu’il délivre les financements qui sont prévus. Nous avons besoin de stabilité. Je reconnais, cependant, que le PMU doit de nouveau s’attaquer aux paris sportifs, ce qui est une gageure, et refondre complètement son outil informatique. Ce sont des défis importants et, tant qu’ils n’auront pas été menés à bien, la marge de manœuvre du PMU restera mince. Mais la filière a besoin de ses budgets, car nous aussi avons des défis importants à relever.
4. Je pense que cette émulation a l’international est un fait positif. Plus il y aura de grandes courses, plus il y aura de grands chevaux et d’occasions de mettre en avant notre élevage. Les entraîneurs doivent jouer le jeu et cela peut les contraindre à remettre leur modèle en cause . C’est aussi à nous d’attirer les meilleurs chevaux internationaux. C’est très stimulant !
HENRI BOZO
1. Je comprends l’idée derrière la décision, mais je souhaiterais qu’elle ne soit pas appliquée de façon trop radicale. Il faut laisser à ceux qui investissent de nombreuses occasions de courir et de gagner mais je comprends qu'il faille parfois rationnaliser l’offre de courses aux parieurs. Il faut être prudent.
2. Je vais parler pour ma paroisse, mais la prestation de notre élève Shin Emperor dans la Japan Cup, dont il a fini 2e, m’a fait énormément plaisir. J’étais allé le voir au Japon en mai pour le Derby et j’avais été enthousiasmé. Aussi son séjour en Europe a permis d’entrevoir sa qualité dans les Irish Champion Stakes, où il a réalisé une grande performance.
3. Le PMU est au service de notre filière et il est important qu’il puisse bien la servir. À ce sujet, j’ai été particulièrement marqué par mon séjour au Japon. L’engouement du public pour les courses là-bas fait rêver. Je crois surtout qu’ils ont réussi à garder un aspect sportif dans leur activité qui peut nous manquer un peu en France . Maintenant, il y a évidemment une grande différence entre nos cultures, mais je pense que l’on pourrait s’attacher à apporter une approche plus qualitative, davantage centrée sur la réflexion, pour se différencier des jeux de hasard.
4. Il me semble que ces programmes sont complémentaires des nôtres, plutôt que rivaux. Le programme classique que nous proposons dépasse la simple recherche d’allocations fortes. Il s’agit plutôt d’une recherche génétique qui nécessite de déterminer la classe intrinsèque d’un jeune cheval dans l’objectif d’une amélioration à la reproduction. En revanche, ces courses très bien dotées apportent une autre opportunité de mise en valeur et c’est donc une bonne chose.
FRANCIS-HENRI GRAFFARD
1. Les courses creuses sont la bête noire de l’institution et le programme de sélection ne pourra pas les éviter. Nous avons beaucoup supprimé de courses à conditions et il devient difficile d’endurcir un cheval en lui faisant monter les échelons progressivement. Concernant les courses à conditions de 2ans creuses, elles sont dues à un manque de gagnants de maiden. Depuis que j’entraîne, j’ai l’impression que l’on passe notre temps à déséquilibrer le programme. C’est un mauvais signal pour les propriétaires qui vendront des chevaux qui auraient dû courir les courses à conditions !
2. La performance de Goliath à Ascot reste, pour moi, la plus mémorable de cette saison.
3. Qu’il honore ses engagements. Je ne suis pas dans mon élément sur ces sujets, et je ne voudrais pas faire du « y a qu’à, faut qu’on »… Je pense qu’il faudrait améliorer l’attractivité des paris hippiques. Une anecdote que j’ai vécu au Japon m'a permis de constater comme nous étions dans deux mondes différents. À notre arrivée, nous avons été convoqués par les commissaires de la JRA, qui nous ont prévenu que nous ne pouvions communiquer, sur les réseaux sociaux surtout, que sur nos chevaux. Nous étions tous accompagnés d’un vigile, car l’hippisme est un des trois seuls supports de paris là-bas et l’organisateur doit être intransigeant pour justifier ce privilège. Les chiffres y sont impressionnants, mais on n’est pas du tout dans le même contexte.
4. C’est vrai que ces programmes peuvent changer notre vision. Aujourd’hui, des chevaux partent aux ventes en fin de saison car que le programme qui leur est destiné ici n’est pas très valorisant. C’est à nous, entraîneurs, d’intégrer ces meetings à nos calendriers. Il faut une structure et une organisation pour y arriver, car ce n’est pas simple et il ne faut pas se louper.
GEORGES RIMAUD
1. Il faut voir dans quel contexte ça s’inscrit. Je comprends qu’il faille optimiser le nombre des partants mais il faut se garder de dénaturer le programme de sélection. Il faut donc faire preuve de clairvoyance et éviter de systématiser cette pratique.
2. Gagner une course classique, même pour une organisation aussi importante que celle de S. A. Aga Khan, est toujours difficile. La victoire de Rouhiya, dans la Poule d’Essai des Pouliches, a donc été vécue par nous tous comme une grande réussite, comme d’ailleurs celle d’Ezeliya dans les Oaks à Epsom, d’autant que c’était une première depuis que je fais partie de l’organisation.
3. Qu’il assure le retour à la filière. Sur le plan personnel, j’ai noté que nous manquions souvent de créativité et d’inventivité en matière de paris. Bien sûr, il y a certainement des contraintes légales, mais je pense que, s’il y avait une réelle motivation, nous pourrions faire bouger ces lignes. Mon sentiment, c’est qu’on reste sur un modèle qui commence à dater.
4. C’est une évolution normale des choses dans une époque de globalisation et d’évolution des courses . À mon avis, c’est une évolution souhaitable, car je ne pense pas que ces réussites affectent réellement nos courses, plutôt qu’elles offrent des voies supplémentaires à explorer.