La gloire de mon père N°4 Janvier 2025 | ARABIANS

LE PUR-SANG ARABE A UN PETIT TRUC EN PLUS

Rencontre avec Chloé Marchandet quelques jours après la victoire d’Heros de Lagarde à Abu Dhabi dans la H.H. President Cup (Gr.1 PA) pour le compte du Sheikh Nasser Al Hashar.

Galorama. Quel parcours vous a mené jusqu ’ aux courses ?
Chloé Marchandet.
J’ai fait sport étude et j’étais cavalière de complet. À la maison, mon beau-père avait une vingtaine d’Anglo-Arabes pour la filière sport et j’ai effectué mes stages d’étude dans le milieu : Institut du Droit Équin, l’IFCE en événementiel, etc. J’ai également obtenu, en candidat libre, la Licence Professionnelle – Management de la Filière Équine en vue de mon installation.
J’ai découvert les courses par le bouche-à-oreille et je me suis spécialisée dans les pur-sang arabes en travaillant plus de deux ans avec un courtier. Sous l’impulsion de ma clientèle, je me suis ensuite installée en tant que courtier pendant un an. Puis, dans une démarche de qualité et de services aux clients, j’ai créé Al Cem Stud il y a bientôt 5 ans. Cela permet d’assurer un suivi de l’achat jusqu’au départ du cheval sur toute la partie élevage.

G. Pouvez-vous présenter votre structure et expliquer pourquoi vous êtes-vous installée dans le sud-ouest ?
CM.
Je suis originaire de cette région. Cela me rapproche de ma famille et c’est un lieu propice pour élever. Je suis basée sur le plateau des Causses de Quercy à Gramat. La terre argilo-calcaire typiquement orangée y est riche en minéraux et donc idéale pour l’élevage. J’ai débuté avec une première structure, initialement dédiée aux moutons, que j’ai autofinancée en quasi-totalité. J’y ai tout construit progressivement de A à Z : clôtures, abris, boxes, marcheur, etc. Aujourd’hui, pour faire face à la demande croissante, j’ai agrandi avec un deuxième site et je travaille en partenariat avec un autre haras. C’est important de s’entourer des bonnes personnes au quotidien pour travailler et se développer.  Cela représente 80 chevaux au total pour le compte de clients, dont 25 poulinières et une dizaine de chevaux personnels. Le bouche-à-oreille, c’est comme cela que ma clientèle s’est construite. Les clients satisfaits m’ont recommandée et ainsi de suite. Ibrahim Al Hadhrami a été le premier à me faire confiance. On a le même œil, la même vision des choses et notre association semble plutôt bien marcher au vu des résultats !  

G. Qu’est-ce qui vous plait chez le PS arabe vs le PS anglais ?
CM
. J’apprécie ce côté marché de niche. Il y a une proximité entre les acteurs qui est moins présente chez le PS anglais. C’est plus familial, il y a plus d’interactions entre nous. J’apprécie également les clients du Moyen-Orient, leur gentillesse, leur approche et leur façon d’échanger. Le pur-sang arabes a un petit truc en plus. Il est plein de malice et il est vivace. J’adore ça !

G. Abordez-vous l’élevage de pur-sang arabe de manière différente des autres races ?
CM.
Il y a une base qui est similaire, mais il faut être très attentif à la croissance, qu’ils ne soient pas trop lourds et donc faire attention à la nutrition. Ils sont plus tardifs et arrivent souvent à maturité en fin d’année de 3 ans.  

G. Quel est votre point de vue sur le circuit hivernal à l’étranger ? Quelles sont les implications que cela engendre d’avoir des partants, élevés chez vous ou achetés par vos soins, là-bas ?
CM. Je préfère le programme Émirati, qui attend davantage les chevaux. Cela leur permet de durer plus longtemps en comparaison à un programme français, tourné vers la précocité. Je trouve le circuit plus attractif. Il y a plus de courses, un panel de chevaux, d’entraineurs, d’éleveurs et de pedigrees plus diversifiés. De plus, la saison a lieu pendant notre cycle hivernal et lors des premiers poulinages, ce qui permet d’apporter une bulle d’air et une motivation durant cette période qui est intense. En termes de retombées, c’est certain que cela augmente l’attractivité auprès des clients. J’ai plus de demandes de pensions et surtout d’achats.

G. Quelle est votre plus belle victoire cette année ?
CM.
Héros de Lagarde a gagné la H.H President Cup (Gr.1 PA), le 15 décembre à Abu Dhabi, après avoir été élu meilleur cheval de l’année 2023-2024. C’est l’aboutissement de beaucoup de travail ! J’en ai encore des frissons et des larmes. C’est l’un des premiers chevaux que j’ai fait pour Ibrahim, qui est le racing manager du Sheikh Nasser AL HASHAR. Je suis aussi très contente pour Iui,  il travaille dur et respecte les chevaux. Je me souviens, en 2018, je suis allée chez Jacques Delpech pour acheter un cheval et quand je suis arrivée dans le pré, je voulais également le gris qui était au fond. Mais il ne voulait pas le vendre. Nous avons fini par nous mettre d’accord et j’ai pu acheter Héros de Lagarde yearling. Cela a été le début d’une belle collaboration entre Jacques et moi.

G. Quel est votre point de vue sur le marché des PSAR : ventes privées
vs ventes aux enchères, les segments de marché en croissance ou en berne ?
CM.
Arqana est, selon moi, le meilleur endroit pour vendre un deux ans. Nous devons les voir, les ressentir. Cette année, j’ai fait le top price de cette section avec Bin Ziyad (Majd Al Arab x Frynch) adjugé 100 000 € à Said Ssouni pour Ajmal Stud. Je l’ai préparé en vue de cette échéance pendant plus d’un an. Il était hors norme par rapport aux autres, avec une vraie prestance.
Pour les foals et les yearlings, je me tourne plutôt vers Auctav, ou bien j’achète à l’amiable. Je dirais qu’environ 90 % de mes achats sont des foals ou des yearlings afin de pouvoir les élever à la maison à notre façon (aliment spécifique selon l’âge, vitamines, marcheurs...) et, ainsi, suivre l’ensemble des maillons de l’élevage à l’entraînement. Le marché évolue beaucoup et rapidement, dans un sens comme dans l’autre. Il est difficile de trouver un deux ans à un prix cohérent dont le pedigree et le physique sont en corrélation. Il y a souvent une inadéquation entre le prix espéré et la valeur intrinsèque du cheval.

G. Avez-vous un cheval de cœur et un cheval à suivre pour 2025 ?
CM.
Héros de Lagargde bien évidemment ! Plutôt  deux chevaux à suivre : Sama Al Izz, qui vient de se classer 2e en débutant dans un Groupe. Elle est née à la maison, c’est un pur produit Al Cem Stud ! C’est la propre sœur d’IHTESHAM. Ludo de Lagarde, que j’ai également acheté yearling pour Ahmad Saeed Al Mazrouei,  a très bien couru les Trials et j’ai hâte qu’il débute ! 

 

 

 

 

 

 

 

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