L’analyse des effectifs des étalons débutants en Europe est une source d’information qui en dit long sur la santé et sur l’orientation des grandes nations hippiques de notre vieux continent. Ainsi, en 2025, l’Irlande misera encore et toujours sur le classicisme, l’Angleterre sur la vitesse précoce, l’Allemagne sur la tenue classique et la France sur la polyvalence, riche en quantité comme en qualité...
Un jeune étalon européen sur deux est français
Le renouvellement annuel national d’un parc d’étalons est une nécessité, pour compenser le départ des reproducteurs réformés, exportés ou décédés. Une rotation qui se situe à hauteur de 6 % en 2025 en France avec l’arrivée de dix-sept jeunes reproducteurs. Idem en Allemagne (trois nouvelles recrues), environ 5 % en Irlande (treize jeunes sires) et moins de 2 % en Angleterre qui n’accueillera, selon les annonces validées à l’heure où nous écrivons ces lignes, que trois nouveaux étalons. D’autres les rejoindront évidemment d’ici le début de la saison de monte, mais nous pouvons d’ores et déjà nous pencher sur le profil des trente-six étalons appelés à effectuer leurs débuts au haras en Europe, en soulignant que presque un sur deux le fera sur notre sol (47 %). Pour mémoire, vingtdeux jeunes sires avaient débuté dans l’héxagone en 2024 et vingt-trois en 2023, soit une rotation que l’on peut qualifier de stable et régulière dans la durée. La situation est globalement comparable en Irlande (treize recrues en 2025 contre quinze en 2024 et onze en 2023), voire en Allemagne (trois nouveaux étalons en 2025), mais elle est plus inquiétante en GB avec seulement trois nouveaux reproducteurs déclarés à ce jour (ils étaient neuf en 2024 et six en 2023).
Le classicisme irlandais
Quantité ne rime pas toujours avec qualité, mais nos étalonniers nous offrirons pour cette nouvelle saison, quelques jeunes sires des plus prometteurs : ils ont tous acquis du black type en courses (dont trois en obstacles) et comptent en leurs rangs six gagnants de Groupe 1 (35 %) dont un Classique, le vainqueur de la Poule d’Essai des Poulains (Gr.1) 2024, Metropolitan. Au printemps dernier, ils étaient huit dans ce cas (36 %), dont les Classiques Ace Impact, Mishriff et Vadeni. Le plus gros contingent de jeunes gagnants de Groupe 1 officiera en Irlande, avec neuf vainqueurs au plus haut niveau (69 %) dont les gagnants de Derby (Gr.1) Auguste Rodin et City of Troy et le lauréat du Prix du Jockey Club (Gr.1) 2024, Look de Vega !
La vitesse précoce est anglaise
La répartition des aptitudes des dix-sept jeunes recrues françaises s’établit comme suit : huit milers (47 % dont les surdoués Big Rock , Charyn et Metropolitan ), quatre intermédiaires, deux Classiques et trois sauteurs. On notera surtout que, seulement quatre d’entre eux sont gagnants ou placés de Groupe à 2 ans (24 %) alors qu’ils sont dix dans ce cas en Irlande (77 %), soit trois fois plus... En Angleterre, les trois nouveaux sires sont tous gagnants de Groupe à 2 ans, et tous des sprinters !
PRÈS DE LA MOITIÉ DES NOUVEAUX ÉTALONS EUROPÉENS DÉBUTERONT EN FRANCE EN 2025.
L’obstacle est français
L’intégration d’étalons sauteurs dans son parc reproducteur est une spécialité française. Ils seront en effet au nombre de trois en 2025, à savoir Carlton du Berlais , Master d’Oc et Nietzsche Has , tous gagnants ou placés de Groupe à Auteuil. Ils seront accompagnés par trois ou quatre autres ayant performé en plat mais qui seront orientés sur une production mixte intégrant l’obstacle, ce qui représente un total d’environ 40 % de nos nouvelles recrues. Seule l’Irlande a annoncé l’arrivée d’un jeune sire de ce type, à savoir l’excellent Luxembourg , quintuple gagnant de Groupe 1 de 2 à 5 ans sur 1 600 - 2 400 m en plat, mais pas au niveau purement classique. La politique de Coolmore a toujours été de n’intégrer dans sa cour d’honneur que les poulains de 2 400m ayant triomphé au niveau classique à 3 ans (Derby), et d’orienter les autres sur l’obstacle. Ceci étant dit, le très large book de poulinières que recevra Luxembourg pourrait lui permettre, à lui seul, de produire quasiment autant de foals par saison que tous nos jeunes étalons d’obstacle réunis.
Northern Dancer et Mr Prospector, incontournables…
Sur le plan génétique, on notera que les trentesix jeunes étalons européens 2025 sont tous porteurs du sang de Northern Dancer, sans exception aucune. Un seigneur accompagné par Mr Prospector pour trente-trois d’entre eux (92 %), les seuls étalons exempts de son sang étant les français Master d’Oc, Puchkine et Riocorvo… Nos étalonniers parient d’ailleurs en masse sur les fils de Zarak, un descendant direct de Mr Prospector (sur lequel il est inbred en 4x4) via Dubawi. Ils seront quatre ( Carlton du Berlais, Metropolitan, Nietzsche Has et Zagrey ), sachant qu’ils auraient été cinq sans l’accident du regretté Haya Zark dans “l’Arc”. Ajoutons à cela l’arrivée de deux fils de Iffraaj (My Prospero et Only the Brave), et nous obtenons un apport de six étalons sur dix-sept pour la lignée mâle de Mr Prospector (35 %), soit globalement un jeune sire sur trois ! Plus impressionnant est sans doute le score réalisé par Gone West, un fils de Mr Prospector qui apparait dans le pedigree des six étalons précédemment cités en sus de Big Rock, Feed the Flame et Mythico, soit 53 % de nos nouvelles recrues. Notons que la duplication de Gone West semble heureusement bien fonctionner (d’où dix-huit gagnants de Groupe inbred en 4x4 ou inférieur à ce jour), et que l’Irlande continue à investir sur son descendant direct, Wootton Bassett, en intégrant dans ses effectifs deux de ses jeunes fils (Bucanero Fuerte et King of Steel).
Urban Sea, Scat Daddy, Siyouni et les autres…
Mais Mr Prospector est aussi le grand-père de la jument d’élite Urban Sea (par Miswaki), que l’on retrouve dans le pedigree de quatorze jeunes étalons européens (39 %), à savoir dix via Galileo (dont deux en France) et quatre via Sea the Stars (dont deux en France également). Même commentaire que précédemment, la duplication de Urban Sea sera bientôt un must comme le furent les inbreedings sur Natalma et sur Special. Occasion de souligner que Sea the Moon, fils de Sea the Stars, sera représenté par ses fils Assistent et Fantastic Moon en Allemagne où l’on mise toujours sur la tenue classique pour satisfaire un programme de courses qui n’offre aucune opportunité de Groupe 1 en dehors du créneau de distance 2 200 - 2 400 m. Logique… Pour sa part, la dynastie de Galileo tient bon, avec quatre jeunes sires en GB, Irlande et Allemagne, mais … aucun en lignée mâle directe en France. Notons enfin que l’Irlande continue de miser sur Scat Daddy (avec Aesop’s Fables et City of Troy ), et que nos étalonniers nous proposerons les services de deux jeunes fils de Siyouni ( Al Hakeem et God Blessing ) et deux petits-fils de In the Wings, pour une offre globale aussi large que prometteuse !