Patron de l’écurie Elag, ce spécialiste de la gestion de patrimoine possède aussi un joli portefeuille d’une cinquantaine de chevaux dans toutes les disciplines. Passé du trot au galop, le cofondateur du cabinet Vitalepargne goûte pareillement les joies du propriétariat à Vincennes ou à ParisLongchamp. Pourvu que les courses soient faites de belles rencontres.
Prix de l’Arc de Triomphe 2023. L’histoire retient le fantastique rush d’Ace Impact. Mais c’est oublier que dans son sillage, Onesto a, lui aussi, refait la ligne droite de Longchamp. Echouant d’une courte tête pour la deuxième place. Cette prestigieuse troisième place, Fabien Rycroft avait beau n’être associé qu’à hauteur de 5 % sur le champion de Fabrice Chappet, il s’en souviendra toute sa vie. Enfin, partiellement… Comble d’une émotion, elle-même à son comble, le patron de l’écurie Elag en garde un souvenir assez diffus. « C’est fou, j’ai comme un trou noir : je visualise l’entrée de la ligne droite et les cent derniers mètres, mais entre les deux, cela reste flou. Un souvenir néanmoins mémorable. Quand on voit son cheval faire une telle remontée, on pousse comme jamais. Une émotion incomparable ». Propriétaire d’une cinquantaine de chevaux, moitié galop, moitié trot, Fabien Rycroft voit courir « 3 à 4 chevaux par semaine. Dans 90 % des cas, je les suis devant Equidia. Je ne suis pas du genre stressé. Les courses, globalement, ce n’est que du bonheur. J’ai une confiance aveugle en mes entraîneurs. Jamais je ne m’immisce dans leurs choix. Et j’accepte toutes les défaites, ça renforce le plaisir de gagner ».
«D’abord des rencontres humaines»
Cofondateur de Vitalepargne, un cabinet de gestion de patrimoine rayonnant à Caen, Bordeaux, Nantes, Paris et Amiens, il aime œuvrer en équipe. Au bureau comme aux courses. « Les chevaux, ce sont d’abord des rencontres humaines ». Dans l’ordre : Yoann Rémi Le Mée et Jean-Pierre Lamarre, qui lui ont « mis le pied à l’étrier », puis Louis Baudron, Jean-Etienne et Jean-Pierre Dubois, Mathieu Millet, auprès desquels sa « carrière » de propriétaire a pris une autre dimension. Aujourd’hui, Fabien Rycroft côtoie tout aussi bien Christophe Ferland, Alessandro Botti, Fabrice Chappet, qu’Éric Raffin. Mais le clan Dubois représente vraiment un nœud dans ce petit univers. Ami de Louis Baudron et de son épouse Amandine, le Caennais s’est naturellement projeté du trot au galop. D’autant que son ami et associé, Igor de Maack, et le courtier Ghislain Bozo, lui ont ouvert les portes de Chantilly. Avant cela, cet entrepreneur dans l’âme avait décidé de monter sa propre écurie en 2018 : Elag, comme « Élise et Agathe, mes deux filles de 15 et 12 ans ». Mais Fabien Rycroft fonctionne beaucoup « en association, avec des parts de 10-20-30 % en moyenne. J’ai assez peu de chevaux finalement sous ma casaque (noire, rayée jaune). Je n’ai pas la surface financière d’un Wertheimer ou d’un Aga Khan », sourit-il. Esthétiquement, sa préférence « penche un peu plus vers le galop ». Économiquement aussi : « La profondeur de marché et les liquidités sont bien supérieures. Et puis un gagnant à 2 ou 3 ans reçoit tout de suite trois offres. Au trot, la rentabilité est beaucoup plus longue ». L’homme reste un financier, veille à ce que ses investissements soient à minima à l’équilibre, mais en termes de sensation, il ne fait pas vraiment de différence entre un succès au trot avec Give me Cash dans la Coupe des 6 ans à Cagnes-Sur-Mer ou au galop avec Lucky Wine dans le Qatar Grand Handicap des Flyers à ParisLongchamp le jour de « l’Arc ».
Trot ou galop, le partage avant tout
Systématiquement, on en revient aux fondamentaux. Pour ce multipropriétaire, les courses sont d’abord une aventure collective. « C’est tellement mieux quand on les partage à plusieurs. De nombreuses rencontres se sont transformées en amitiés. J’adore l’animal, le goût de la victoire, mais les rapports humains, c’est vraiment ce que je privilégie ».
Pour cet esthète, naviguer d’un monde à l’autre est presque un art de vivre. Un équilibre : « Je prends autant de plaisir dans les deux disciplines. Gagner un Groupe au trot ou au galop reste exceptionnel dans les deux cas. Sans être péjoratif, le trot reste plus populaire, mais j’adore son côté « bonne franquette », avec des gens accessibles et simples. Le galop est plus sophistiqué, mais le côté cérémonial est très plaisant. Un jour de « l’Arc » ou à Ascot, on côtoie des grands de ce monde. Les prestations sont excellentes. C’est très agréable ». Fabien Rycroft n’exclut pas de « consacrer plus de temps encore » aux courses à l’avenir. Audelà de la passion et de l’amour des rencontres, qu’il s’agisse de trot, galop, et même d’obstacle, ce fringuant quadra a une petite botte secrète : « Je passe pour avoir la main heureuse ».
L’écurie Wildenstein, unique sur tous les tableaux
Considérée comme la plus grande famille de marchands d’art au monde , la dynastie Wildenstein était vouée à collectionner aussi une montagne de succès sur les hippodromes. Durant un demi-siècle, des années 60 aux années 2010, la célèbre casaque bleue, toque bleu clair, a bâti un festival de records. Cette légende, on la doit à Daniel Wilndestein (1917-2001), seul propriétaire de l’histoire à avoir été sacré tête de liste des propriétaires, en plat comme en trot, la même année, en 1997. L’année du fameux triplé de Peintre Célèbre dans l’Arc, le Jockey Club et le Grand Prix de Paris. Au regard de son palmarès établi dans les trois disciplines, l’écurie Wildenstein est proprement unique. Aucun autre propriétaire ne peut se prévaloir d’avoir remporté quatre Prix de l’Arc de Triomphe, deux Prix d’Amérique et deux Grand Steeple- Chase de Paris. Son palmarès donne le vertige : 104 Groupes I au galop, 23 en obstacle, 42 au trot. D’Angel Penna à André Fabre, de Jean-Pierre Dubois à Jean-Michel Bazire, ce don d’ubiquité l’a amené à s’attacher les services des plus grands entraîneurs. De Peintre Célèbre à Allez France , de Cocktail Jet à Kesaco Phedo , jusqu’à Kotkijet , son empreinte sur l’histoire des courses est immense.