PÉDAGO
C
’ est l ’ histoire d ’ un parieur qui priait le Seigneur chaque jour de toucher le gros lot . Excédé , Dieu finit par lui dire : « Mais jouez , au moins ! » Tenter sa chance , c ’ est ce que l ’ entraîneur Nicolas Caullery n ’ a pas hésité à faire en engageant , cette année encore , King Gold dans les Firebreak Stakes , un Groupe 3 sur le mile de l ’ hippodrome de Meydan . Le fils d ’ Anodin s ’ est imposé , coiffant sur le poteau Laurel Rivel , tenant du titre dans la Dubaï World Cup et sacré meilleur cheval de l ’ année 2024 ! Le gris King Gold , huit ans , n ’ a pourtant pas un pedigree de « dirt ». Cette surface en vogue dans de nombreux autres pays que la France est , pour schématiser , une descendante des pistes américaines en terre battue dont la composition diffère selon les champs de course . La couche supérieure de celle de Hong Kong , par exemple , est faite de quinze centimètres de sable fin mélangé à des copeaux d ’ écorce de pin . « C ’ est le cheval qui prend le départ et non son pedigree ! affirme Nicolas Caullery , qui ne craint pas d ’ affronter ces pistes potentiellement déroutantes . Je n ’ ai pas d ’ a priori alors je cours mes chevaux , j ’ essaie ! King Gold a une action rasante , il est serein dans un parcours donc maniable et a une vitesse de base impressionnante ». Des qualités qui ont valu au cheval de Mme Christian Wingtans de triompher sur le dirt après avoir remporté un Groupe 1 sur le gazon de Deauville , le Prix Maurice de Gheest ( 1 300 m ) en août 2023 . Une prime à l ’ audace ! « Quand on engage dans un maiden et que l ’ on voit qu ’ il y a aussi un Fabre ou de grandes casaques , on se dit qu ’ on ne va pas gagner ... C ’ est la même chose lorsqu ’ il s ’ agit d ’ aller courir à l ’ étranger . On se met parfois trop de barrières , ajoute Nicolas Caullery , qui a envoyé cet hiver cinq chevaux à Dubaï où il réussit bien depuis 2017 . Tout le monde va aux États-Unis pour acheter des chevaux de dirt , mais si au départ de ces courses ont avait six chevaux anglais et six américains , les américains ne s ’ imposeraient pas toujours ... D ’ ailleurs , il est amusant de constater qu ’ à Dubaï , tous les chevaux s ’ entraînent sur le dirt le matin , même si certains courent sur le gazon l ’ aprèsmidi ! »
Le dirt à quitte ou double
Les statistiques de la Breeders ’ Cup Classic , créée en 1984 , semblent démentir l ’ entraîneur cantilien . Deux chevaux européens , seulement , ont réussi à s ’ imposer sur les 2 000 m de la plus prestigieuse des épreuves américaines avec le Kentucky Derby . Le Wildenstein Arcangues restera comme le premier tombeur des Américains sur leur surface , en 1993 . Entraîné par André Fabre , il affichait la côte astronomique de 133 contre 1 ! Les chances de ce fils du vainqueur de l ’ Arc de Triomphe Sagace , lui-même gagnant du Prix d ’ Ispahan , Groupe 1 à Lonchamp , ne sautaient pas aux yeux . Ses quinze courses précédentes s ’ étaient déroulées sur le gazon , mais Arcangues s ’ est tout de même imposé sur le dirt de Santa Anita face au favori Bertrando . « Le talent de son entraîneur n ’ y est pas pour rien , mais Arcangues aimait les pistes plates et régulières , analyse Hubert Guy , courtier français installé aux États-Unis depuis plus de quarante ans . Le dirt c ’ est de l ’ endurance , des courses
KING GOLD lors de sa victoire dans le Gr . 1 Prix Maurice de Gheest .
© APRH
125