Tour de France N°10 Juillet 2025 | Page 19

ILS ONT FAIT L’ ACTU
Une quarantaine tous les ans. Laurence Gagneux ne chôme pas et revient sur ce jour où tout a changé. « Je ne voulais absolument pas aller à Auteuil. Xavier Papot, copropriétaire du cheval, m’ a un peu forcée. La seule fois où j’ avais vu Diamond Carl courir, il était tombé. C’ était l’ an dernier, dans le Prix La Haye Jousselin( Gr. 1). Cette fois, j’ étais accompagnée par ma fille, trois de mes salariés et un apprenti. Le matin même, il y a eu le changement de jockey et puis le cheval n’ avait pas bien sauté la fois d’ avant. Il avait eu un problème de garrot. Bref, le jour du Grand- Steeple, j’ étais terrorisée, crispée. J’ ai commencé à m’ intéresser à la course qu’ à l’ avant-dernière haie ». C’ est en 1988 que Laurence Gagneux s’ installe au Haras des Éclos, au Pin-au-Haras, dans l’ Orne. Le site s’ étend désormais sur 65 hectares pour 36 boxes. Elle insiste: « Dehors, mais pas sauvages. Ils sont loin d’ être abandonnés. Les poulains sont manipulés régulièrement ». Oui, elle croit beaucoup à l’ élevage en plein air. Ses foals, une fois sevrés, passent leur premier hiver à l’ extérieur, entre pâtures et stabulations. « Je m’ intéressais aux chevaux de selle, explique-t-elle, et voulais être monitrice d’ équitation. Le concours complet m’ a toujours intéressé. J’ ai eu des enfants très
J’ AI CONSERVÉ LA MÈRE DE DIAMOND CARL CAR, UN JOUR,
GUY CHEREL M’ AVAIT DIT“ CE N’ EST PAS UNE CRACK,
MAIS GARDE LA”.
Laurence Gagneux
jeune et je suis revenue m’ installer dans ma Normandie natale. Pierre Julienne venait alors d’ acheter le Haras des Cruchettes. Petit à petit, le monde des courses m’ a également attiré. Je montais des lots le matin chez Guy Paris à Aubryen-Exmes, mon presque voisin ». Et que dire de Diamond Carl? Le concernant, Laurence est intarissable et n’ est pas avare d’ anecdotes. « Mon choix s’ était porté sur Diamond Boy, étant lui-même un fils de Mansonnien. Il n’ y en avait pas beaucoup sur le marché. Je voulais du pas cher, pas loin. Cela remet au placard de nombreuses théories. On remarque que certains étalons pas chers ne sont pas assez exploités et n’ ont pas accès aux bonnes juments. Mais d’ un autre côté, ils produisent. J’ ai eu ce souci avec mes propres étalons comme Jimble, Rochesson et Cupidon. Quant à la souche maternelle de Diamond Carl, elle est arrivée aux Éclos à travers son arrièregrand-mère. Fleur Boréale était une jument de plat, elle avait gagné en région parisienne dans les années 1990, d’ abord pour l’ entraînement de Jean-Claude Rouget et sous les couleurs de Bertrand Bélinguier. C’ était une jument honnête de handicap. Son propriétaire de l’ époque me l’ avait mise en pension. J’ ai conservé la mère de Diamond Carl car, un jour, Guy Cherel m’ avait dit“ ce n’ est pas une crack, mais garde la” ». Un travail de plusieurs décennies récompensé. Après 1 200 naissances réalisées aux Éclos, Laurence Gagneux a toujours cette même force et envie: élever des champions comme Diamond Carl, et bien d’ autres, à l’ instar de Terrefort( Gr. 1), Penny’ s Picnic( Gr. 2), Vieno Griego, Tangaspeed, Taruma( Listed) pour ne citer qu’ eux.
À GAUCHE
Diamond Carl et Clément Lefebvre sur l’ une des haies d’ Auteuil avant leur sacre dans le Grand Steeple- Chase de Paris.
© APRH
CI-CONTRE
Laurence Gagneux avec le trophée du Grand Steeple.
© APRH
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