L’ éjaculat, comment ça marche?
L’ éjaculat, comment ça marche?
Un éjaculat se compose d’ une dizaine de jets. Il comprend de 1 à 10 milliards de spermatozoïdes. 80 % des spermatozoïdes sont dans les 3 premiers jets.
« DÈS QU’ ON CONGÈLE DE LA SEMENCE, ON EN PERD LA MAÎTRISE »
Bérengère Lacroix
••• notamment, des additifs faits à la semence. « Les paillettes contiennent des antibiotiques qui finissent par créer des résistances. Les vieilles juments sont en endométrite chronique. Pour moi qui suis assez isolé en Limousin, la route est un frein, car elle décourage certains éleveurs venant de loin. Mais malgré cela, je suis opposé à l’ insémination artificielle chez les pur-sang ». Avant de développer le Haras de la Haie Neuve, entre Laval et Rennes, Tangi Saliou a fait carrière dans les Haras Nationaux. Il est donc un excellent technicien de la reproduction. Pour lui, l’ insémination artificielle aurait l’ avantage de réduire les risques inhérents aux saillies en monte naturelle pour les équins comme pour les humains et d’ éviter les tests sanitaires obligatoires sur les juments( pour détecter l’ artérite et la métrite notamment). Mais il voit également beaucoup de contre-indications à cette technique. « Si on n’ autorise que l’ insémination en sperme frais, cela ne résoudra pas le problème du transport des juments. Et si on adopte le sperme congelé, ne nous leurrons pas: de nombreux étalons ont une semence qui ne supporte pas la congélation, notamment les chevaux âgés. On sait que 30 % des étalons n’ ont pas une qualité de semence suffisante, mais dans le monde des sports équestres, certains vendeurs sans scrupules congèlent tout et n’ importe quoi! La fertilité par chaleur est de 60 à 65 % en monte naturelle. Elle tombe à 50 % en insémination, avec une dose de deux cents millions de spermatozoïdes, ce qui correspond à quatre paillettes. Or, bien souvent, les inséminateurs ne reçoivent plus qu’ une paillette! ».
Traffic de paillettes
Si l’ insémination artificielle en sperme congelé était autorisée, il faudrait également assurer la traçabilité des paillettes, ce qui n’ a rien d’ évident. « Dès qu’ on congèle de la semence, on en perd la maîtrise, affirme la directrice du stud-book selle français Bérengère Lacroix. Même si on la suit et que les contrats imposent de rendre les paillettes non utilisées ». Jean-Luc Dufour, dont l’ élevage de chevaux de saut d’ obstacles portant l’ affixe « d’ Argouges » est basé dans la Manche, en a fait la douloureuse expérience: « Nous avons cessé de vendre des cartes à l’ étranger. Les acheteurs payaient la première fraction de la saillie puis plus rien, et pour dix cartes vendues, il doit y avoir trente poulains nés sans retour pour nous! Les gros groupes comme le GFE( Groupe France Élevage) sont armés pour lutter contre cela et traquer les fraudeurs, mais pour un étalonnier indépendant, c’ est mission impossible ». Chaque paillette porte pourtant les références de l’ éjaculat dont elle est issue et doit être accompagnée d’ un certificat sanitaire pour traverser les frontières. Dans un monde idéal, il ne devrait donc pas y avoir de problème... Arnaud Evain, frère de l’ entraîneure Isabelle Pacault mais aussi président du GFE, s’ amuse à racheter les paillettes des étalons du groupe mises sur le marché dans les
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