«On travaille par pression de doigts sur l’ensemble des méridiens (...) Le shiatsu a des vertus sur les chevaux de courses pour les aider dans leur récupération en oxygénant les tissus.» Véronique Verva (Karisma Consulting) avait rencontré Isabelle Le Gentil dans les écuries cantiliennes pour évoquer sa pratique du shiatsu et le bien-être qu’il procure aux chevaux, mais aussi aux êtres humains.
Par Cécile Adonias
Galorama. Qu’est-ce que le shiatsu ?
Chantal Horlaville. C’est une pratique qui découle de la médecine chinoise. Ce sont des massages et des pressions effectuées sur les méridiens d’acuponctures. Le shiatsu agit sur tous les grands systèmes et fluides du corps : circulation sanguine, lymphatique, le système intestinal. Le shiatsu relance les circulations du corps.
Le shiatsu humain et équin sont établis sur les mêmes principes. Le shiatsu est utilisé pour détendre le corps par le biais des propriocepteurs. Ce sont des capteurs sous la peau qui libèrent de l’endomorphine. Le shiatsu équilibre le système nerveux et permet de mettre le corps en parasympathique qui favorise le ralentissement et la détente du corps.
G. Quand la pratique du shiatsu équin s’est-elle développée ?
C.H. La pratique a été créée dans les années 80 aux USA par Pamela Hannay. Elle pratiquait et enseignait le shiatsu en humaine et l’a décliné pour les chevaux. Elle a formé Liz Eddy, qui a elle-même fondé une école en Écosse. Élève de Liz Eddy, Christelle Pernot, a ramené la pratique en France et a, par la suite, créé la première école en France en 2005.
G. Comment avez-vous commencé la pratique du shiatsu ?
C.H. J’ai fait partie de la première promotion de l’école de shiatsu créée par Christelle. Je pratiquais le shiatsu humain et je cherchais des acuponcteurs pour chevaux. À l’époque, il y avait moins d’ostéopathes et d’acuponcteurs qu’aujourd’hui. Je souhaitais trouver une solution pour des problèmes qui n’étaient pas d’ordre vétérinaire. Et c’est lors d’une dédicace au salon du cheval que j’ai pu rencontrer Christelle Pernot.
G. Quelles sont les applications du shiatsu équin ?
C.H. Le shiatsu a plusieurs applications et bienfaits. Il permet de soulager les tensions musculaires, d’accompagner les chevaux en convalescence en complément des soins vétérinaires (le shiatsu ne se substitue pas à la médecine vétérinaire), de travailler sur des problèmes comportementaux, sur des situations de stress ou sur des chevaux très raides.
Il est également bénéfique en amont de la préparation des compétitions pour avoir une meilleure disponibilité physique et mentale. L’objectif est de redonner au cheval sa conscience corporelle, en soi, de lui redonner la liberté de sa mobilité.
Le shiatsu permet d’apprendre la lecture du corps pour comprendre les dysfonctionnements de ce dernier. Cela apporte beaucoup de bien-être et de détente. C’est très bienfaiteur dans l’accompagnement de périodes de stress : déménagement, compétition, suivi de maladie. Il améliore la longévité et le bien-être de manière globale.
G. Pouvez-vous présenter l’École de Shiatsu Équin ?
C.H. Claire de Chevigny a créé l’École de Shiatsu Équin, affiliée à la Fédération Française de Shiatsu Équin, à Aix-en-Provence, car Christelle Pernot n’enseignait plus. Nous avons suivi toutes les deux la même formation de shiatsu équin ainsi qu’humain. Elle avait beaucoup de demandes dans le Nord de la France et m’a demandé de prendre en charge l’antenne basée en Normandie.
Chaque promotion en Normandie dure trois ans et comprend 15/16 élèves. Cela fait en tout une petite cinquantaine d’élèves à suivre par an. Il y a 24 modules à valider dont les grands thèmes sont orientés autour des cinq éléments de la médecine chinoise, l’apprentissage des méridiens, les grands systèmes du corps, la vision énergétique du corps et la médecine chinoise, etc. Il y a à la fois des cours et énormément de travail personnel en parallèle.
Par Anastasia Lebarbier et Paul Casabianca
Galorama. Pourquoi avoir choisi de se spécialiser en acupuncture ?
Eva Jonville. L’acupuncture m’est apparue comme une vocation très rapidement dans l’enfance, ayant été sensibilisée à la pratique de médecines traditionnelles dans mon environnement familial. Jouer sur les flux de circulation de l’information au sein d’un organisme en mobilisant ses propres ressources de guérison me fascinait. Passionnée par les chevaux et cavalière, je me suis alors dirigée vers des études de vétérinaire, condition sine qua non à la pratique de l’acupuncture. Fin des années 90, alors que j’étais en doctorat, j’ai suivi mes premières formations en MTC. Plus tard dans ma pratique, j’ai abordé l’ostéopathie dans une approche complémentaire.
G. En quoi l’ostéopathie et l’acupuncture sont-elles des pratiques complémentaires ?
E.J. Ces deux pratiques s’inscrivent dans une même démarche : rétablir l’équilibre physique et fonctionnel de l’organisme sans méthodes invasives ni substances exogènes, ce qui n’est pas négligeable dans le monde des courses !
L’acupuncture est une des branches de la MTC, vieille de plus de 3 000 ans, fondée sur des raisonnements analogiques, intimement liée à la pensée taoïste et validée au fil des millénaires par la pratique. C’est une approche théorique complexe qui nous fait aborder l’individu dans son ensemble, avec nos sens et nos connaissances pour un traitement ciblé et concis. L’ostéopathie est une médecine manuelle plus récente, née aux États-Unis il y a 150 ans de la nécessité de soulager avec peu de moyens les soldats pendant la guerre de Sécession. Aujourd’hui, l’ostéopathie propose différentes techniques : cranio-sacrée, faciale, viscérale, énergétique et structurelle.
Pour ma part, je pratique essentiellement l’ostéopathie structurelle, qui s’intéresse à l’aspect mécaniste. En effet, l’acupuncture -par laquelle je commence toujours mes traitements- couvre les déséquilibres relevant de la médecine interne, libère les chaines musculaires et faciales, et procure un effet antalgique immédiat qui facilite les mobilisations structurelles. Les modes d’action des aiguilles d’acupuncture ne sont pas totalement élucidés aujourd’hui ; on peut affirmer que les aiguilles agissent sur le système nerveux ; mais au-delà, on parlerait d’interactions entre flux électromagnétiques. Tout est une question d’échanges d’informations et c’est bien là que l’acupuncture et l’ostéopathie sont complémentaires, il s’agit d’informer le corps à différents niveaux, des tissus à l’énergie qui les parcourt.
G. Comment procédez-vous avec les chevaux de course ?
E.J. Les pur-sang se comportent comme des livres ouverts, très sensibles et réceptifs à ces techniques. Je les aborde toujours selon le même protocole : une lecture palpatoire des méridiens d’acupuncture oriente mon diagnostic, je pique alors des points de traitement précis et contrôle dans la foulée. Lorsque les points diagnostics sont rééquilibrés, je passe à la palpation structurelle du rachis et des membres, tout en bénéficiant d’un état de relaxation global procuré par les aiguilles. J’induis alors le mouvement que le cheval poursuit de lui-même jusqu’au bout du geste recherché, en douceur, sans forcer. C’est la mobilisation structurelle.
Dans le monde des courses, je vois des foals, avec des déviations angulaires, jusqu’aux reproducteurs, aux hormones capricieuses. Je passe l’essentiel de mon temps auprès des chevaux à l’entraînement pour les amener et les maintenir à leur potentiel physique tout en leur épargnant, autant que possible, les stress associés aux déséquilibres internes (gastriques, respiratoires, immunitaires …).
couvre les déséquilibres relevant de la médecine interne, libère les chaines musculaires et faciales, et procure un effet antalgique immédiat qui facilite les mobilisations structurelles.