Feel Good N°8 Mai 2025 | A la une : intro

MÉDECINES VÉTÉRINAIRES ET ALTERNATIVES, REGARDS CROISÉS : ALIX NEYRAND

Par Mégane Martins

Passionnée par son métier de vétérinaire, Alix Neyrand s’ouvre à toutes les médecines pour accompagner le cheval athlète. Sa priorité est de pouvoir aborder chaque cas avec la bonne méthode et c’est pour cela qu’elle s’est formée à l’acupuncture, très efficace dans le domaine gynécologique.


Galorama.     Quelle est votre perception des médecines alternatives ? 
Alix Neyrand.     J’ai une très bonne perception des médecines alternatives. Je suis vétérinaire équin spécialisée en gynécologie et je me suis formée à l’acupuncture suite à des échecs que je n’arrivais pas à expliquer en termes vétérinaires. J’ai vu qu’en humaine, l’acupuncture pouvait être efficace sur certains cas de subfertilité, donc je me suis formée à cette médecine alternative que j’utilise avec succès sur certains de mes cas de gynéco. De mon point de vue, je qualifierais l’acupuncture de médecine complémentaire, plutôt qu’alternative, car je l’utilise en complément de mon diagnostic vétérinaire sur de nombreux cas. Il s’agit d’une médecine chinoise, qui n’est praticable que par les vétérinaires. À titre d’exemple, j’utilise l’acupuncture sur des juments qui se bloquent sur les chaleurs ou qui n’acceptent pas leur poulain, et j’obtiens de très bons résultats. Je me suis également formée en hirudothérapie, qui consiste à poser des sangsues. Cette méthode est très utilisée en Allemagne et a des vertus anti-inflammatoires de longue durée grâce à la salive des sangsues. 

G.     Comment s’explique, selon vous, le développement de ces pratiques appliquées aux chevaux athlètes ?  
A.N.     Nous sommes de plus en plus confrontés au bien-être animal, comme en témoigne le mouvement #Raceandcare, et ces techniques ont tout à fait leur place dans cette mouvance. J’ai aussi le sentiment que les professionnels de la filière cherchent des soins plus naturels et moins invasifs quand cela est possible. Aussi, lorsque la réponse à un traitement vétérinaire n’est pas à la hauteur des attentes, l’intervention d’une thérapeutique alternative peut être bénéfique. La recherche de performance est de plus en plus forte et, tout comme pour les athlètes humains qui sont accompagnés par un médecin, un kinésithérapeute, un masseur, etc., les chevaux ont besoins d’être suivis et accompagnés par toute une équipe pour parvenir à fournir les efforts physiques attendus. On est à la fois dans un volet bien-être et en même temps, dans un volet performance où chaque détail compte. 

G.     Quels sont les bénéfices de ces différentes pratiques ? 
A.N.     Les bénéfices sont multiples et très thérapeute-dépendants. Il convient à chacun de construire son équipe de thérapeutes, en accord avec son vétérinaire, pour pouvoir intervenir sur chaque aspect et de manière globale sur le cheval. De mon point de vue, et sur les pratiques qui me concernent, elles me permettent de compléter mes traitements, parfois de limiter l’utilisation de médicaments, et sont totalement intégrées à ma pratique quotidienne. En fonction des pathologies traitées, je préconise d’utiliser telle ou telle pratique à mes clients. 

G.     Comment intervenez-vous sur les différents profils de chevaux ?
A.N.     Je fais un bilan global du cheval en incluant l’imagerie ou le diagnostic vétérinaire qui a été posé précédemment et, en fonction des problématiques, je vais travailler davantage sur tel ou tel système. J’inclus également dans ma consultation, et en accord avec le vétérinaire traitant, d’autres types de traitements comme l’hirudothérapie, un certain type de mésothérapie, de la phytothérapie, etc. Qui peuvent apporter un bénéfice supérieur par rapport à des traitements vétérinaires classiques qui auraient déjà été mis en œuvre et dont la réponse n’aurait pas été totalement satisfaisante. Chaque cheval bénéficie d’une prise en charge adaptée à sa pathologie, de manière très ciblée dans le cas d’une consultation gynécologique, par exemple, ou plus globale, sur un profil de yearling ou de cheval à l’entraînement.

Chaque thérapeutique va avoir une action ciblée et il est intéressant de pouvoir les coordonner intelligemment pour remplir les objectifs de performance  et de bien-être animal. 

 

G.     Quelles sont vos recommandations des bonnes pratiques entre médecines vétérinaires et médecines alternatives ? 
A.N.     À mon sens, chaque professionnel devrait s’entourer d’une équipe de soins en qui il a confiance et, en accord avec son vétérinaire traitant, pour avoir une intégration à bon escient de ces médecines alternatives. Chaque thérapeutique va avoir une action ciblée et il est intéressant de pouvoir les coordonner intelligemment pour remplir les objectifs de performance et de bien-être animal. 

G.     Avez-vous un remède « de grand-mère » à nous partager ? 
A.N.     Hommes comme chevaux, drainez vos foies ! C’est un organe essentiel au bon équilibre du corps avec plus de 300 fonctions indispensables qui agit comme pièce maîtresse de l’organisme.