Feel Good N°8 Mai 2025 | Musique Maestro

22:22

POLO & PAN Seul « Frenchy » à se produire à Coachella (Californie), Polo & Pan a conquis le monde et l’Amérique avec son deuxième album Caravelle et son tube « Canopée ». Le duo électro aux accents tropicaux repart en voyage musical avec du lourd dans ses valises : six des douze titres sont des collaborations, Metronomy , Beth Ditto (la chanteuse de Gossip) ou encore Arthur Teboul (la voix de Feu Chatterton !). Cette traversée entre électro, pop et disco opère un virage de bonne facture et compte parmi ce qui s’écoute de mieux en ce printemps, mais n’atteint pas non plus des sommets atemporels. La patte Polo & Pan est vive dans « Laszlo » ou « Paréidolies », « Petite Étoile » est efficace, mais ce troisième LP sans tube manifeste réclame quelques réécoutes avant de vraiment se laisser apprivoiser.

EVERYTHING IS REAL

PONI HOAX : GREATEST HITS Poni Hoax, c’est un « canular de poney » à perdre haleine. Un groupe qui, le temps d’une décennie (2006 à 2017) et quatre albums, a poussé le rock électronique tricolore au firmament. Un quintet culte, scandé par les fans de Joy Division à Talking Heads, jusqu’à David Bowie. Quatre ans après le décès de son chanteur Nicolas Ker, ce best-of sonne un peu comme une oraison funèbre. Il rappelle surtout le poids du legs de ce band qui a eu l’idée géniale de marier les sons de la cold wave avec les codes du disco. De l’imparable « Antibodies » à l’ultra sensuel « Budapest », Poni Hoax entre en transe sur la piste de danse avec une rare élégance. Trois inédits (« Down on serpent street », « Jesus told me too », « Country Leather ») accompagnent ce « Greatest Hits » impeccablement remasterisé, oscillant entre spleen et idéal, fièvre et félicité.

TABULA RASA

ARVO PÄRT Compositeur vivant le plus joué au monde, le pape de la musique contemporaine était mis à l’honneur, fin avril, à la Philarmonie de Paris lors d’un des quatre concerts célébrant l’incroyable catalogue d’ECM, label de référence tant en termes de jazz, que de musique classique ou contemporaine. À cette occasion, comment ne pas évoquer « Tabula rasa », album phare réédité l’an passé et composé en 1977 par le maître estonien, dont l’influence sur l’histoire de la musique n’est pas loin de valoir la comparaison avec l’impressionnisme ou le cubisme . Un virage dit minimaliste qui porte bien son nom, mettant en scène deux violons face à un piano préparé (sonorités modifiées par des objets placés sur les cordes) et un orchestre à cordes. Des notes à répétition, des silences suspendus , des harmonies émotives. La musique prend son temps et Arvo Pärt marque le sien à la manière d’un révolutionnaire.