Par Mélodie Janvier
Thalassothérapie
De mémoire de journaliste, celle de Jacques Pauc, ancien rédacteur en chef du Paris-Turf pendant plus de 20 ans, l’utilisation des bienfaits de l’eau a été initiée par des entraîneurs comme Pierre-Désiré Allaire. Certains témoignages racontent qu’il allait déjà entraîner ses chevaux sur la plage de Saint-Cast-Le-Guildo, dans les Côtes-d’Amor, dans les années 1960. L’homme que l’on associait, entre autres, à l’écurie des Charmes, avait notamment « sauvés » Gobernador, de nature souffreteux, et Kiss Melody, lauréate du Grand Prix de l’UET 2002. Cette dernière lui avait fait dire « Nous la faisions marcher dans l’eau pendant des heures, afin de lui apprendre à lever et à plier les genoux. ».
Fin des années 90, débuts des années 2000, on se rappelle du « Général » (du Pommeau), lauréat du Prix d’Amérique 2002, du regretté Jules Lepennetier, qui s’entrainait très régulièrement sur la plage du Mont-Saint-Michel. Ou de celui que l’on surnommait « Le Cannibale », alias Jag de Bellouet, triple lauréat du Prix de Cornulier, vainqueur du Prix d’Amérique 2005, qui a hérité de la fragilité de son père Viking’s Way, et que Christophe Gallier entraînera sur les plages de la Manche.
En 2010, quand Philippe Allaire a confié son crack Ready Cash à Thierry Duvaldestin, l’une des solutions trouvées pour canaliser le fils d’Indy de Vive et préserver ses jambes a été de l’amener s’exercer à la mer afin de préparer les grandes échéances auxquelles il prenait part. Plus proche de nous, Idao de Tillard, Face Time Bourbon, Davidson du Pont, tous lauréats du Groupe 1 du dernier dimanche de janvier, ont peaufiné leur préparation pour la grande échéance à la plage.
Balnéothérapie
Si la logistique pour se rendre sur les bords de la mer ou de l’océan peut être contraignante, il est désormais très courant de se rendre dans un centre de balnéothérapie. Le haras de Sassy fait office de pionnier dans ce domaine. En 2005, les époux Lhérété créent la première « piscine équine » d’Europe sur la commune de Saint-Christophe-le-Jajolet (Boischampré) dans l’Orne. Trotteurs, galopeurs, chevaux à l’entraînement, étalons, et équidés en convalescence, tous peuvent bénéficier des bienfaits de ce centre.
Faire nager les chevaux est une pratique courante, principalement à la mer, « mais il n’y avait pas de lieu spécialement dédié à ça », explique Jean-Yves. Il aura fallu être imaginatif pour concevoir les plans, « je les ai dessinés moi-même ». Le complexe est composé d’un couloir de nage en forme de U d’une longueur de 45 mètres, de 2 mètres de large et d’une profondeur de 3 mètres, ainsi que d’un marcheur aquatique d’une capacité de 6 chevaux immergé dans 80 centimètres d’eau.
La balnéothérapie, pourquoi ?
Lorsqu’on demande à Jean-Yves Lhérété quel est l’intérêt pour les chevaux de bénéficier de la balnéothérapie, la réponse est simple « le même que pour nous, cela ne remplace pas la médecine moderne, mais ça aide à la remise en forme. La balnéothérapie est souvent recommandée dans le suivi post-opératoire, après avoir effectué un ou plusieurs mois au box, cela permet de reprendre le travail de façon plus douce et l’effet du froid va également permettre de resserrer les tissus. Pour les chevaux en compétition, la piscine va travailler tout ce qui est cardiaque et pulmonaire, quant au marcheur, il va améliorer tout ce qui est musculaire. Quand un cheval court plusieurs fois au cours du même mois, les articulations sont très sollicitées, cela leur permet de se « dérouiller».
À chaque étape de la vie d’un cheval de course ou de compétition, les bienfaits de l’eau sont significatifs. Le Haras de Sassy est également une station de monte où officient certains des meilleurs performers d’Europe, en particulier plusieurs vainqueurs ou placés de l’Elitloppet, comme Timoko, Dijon, Horsy Dream, ou encore Go On Boy. Jean-Yves Lhérété explique : « la piscine leur permet de pouvoir continuer à s’entraîner sans subir les résonnances. Les chevaux entrent de plus en plus tôt au haras, vers 4 ou 5 ans, cela leur permet également de décompresser ».
Le KMK center de Marion Donabedian et Kevyn Thonnerieux dans les Alpilles, la rivière des cousins Roubaud dans les Bouches-du-Rhône, la « piscine » de la famille Chauve-Laffay dans la Loire, le pédiluve créé à quelques mètres de la cour de Jean-Michel Bazire à Grosbois ou encore le tapis roulant immergé chez Louis Baudron dans l’Orne. À n’en pas douter, les professionnels du trot ont conscience, depuis plusieurs années maintenant, des nombreux bienfaits de l’eau sur l’entraînement et les performances de leurs athlètes.
Pierre Belloche, entraîneur d’ Horsy Dream , lauréat de l’Elitloppet 2024 explique : « Le choix de Sassy pour Horsy Dream faisant sens, c’est un bon complément en parallèle de la saison de monte. Le travail en piscine permet de se remuscler correctement tout en faisant du cardio. J’utilise aussi la piscine pour les chevaux qui courent, quand vous avez cinq à six semaines d’intervalles entre deux compétitions, cela permet de les maintenir en forme sans être obligé de faire trop fort en piste. Mais, à mon sens, la mer reste le plus bénéfique, pouvoir allier le travail « en piste » en même temps que les bienfaits de l’eau de mer est un gros plus. ».
Par Mégane Martins
Inaugurée le 31 août 2020, Kinésia est une unité de physiothérapie unique au monde, installée au sein de Normandie Équine Vallée à Goustranville. Une piscine de 40 mètres disposant d’une fosse d’observation et des équipements tels que le tapis aquatique, permettent aux équipes sur place de mener des recherches sur la prise en charge des chevaux athlètes et le traitement des pathologies. Ces projets de recherches permettront de répondre au manque crucial de données scientifiques objectives sur les effets des techniques de kinésithérapie et de rééducation du cheval sur l’appareil locomoteur, notamment grâce à la plateforme d’investigation clinique et d’imagerie du CIRALE (Centre d’Imagerie et de Recherche sur les Affections Locomotrices Équines).
Par Serge Okey
Ex-jockey de plat reconvertie masseuse équine, Aurore Olivier s’est associée avec son conjoint Cyril Carta, ancien responsable RH, lui aussi devenu masseur après le Covid. En sus de ses produits, le couple rêve d’ouvrir un centre de rééducation et de remise en forme pour chevaux et chiens. « C’est notre gros projet de vie ». L’appellation Kelpy rassemble leurs passions pour le cheval, le chien et la mer. Elle fait référence aux « Kelpies, ces sculptures géantes de cheval en Écosse pour le cheval, au kelpie, un berger australien, et au kelp, une algue aux multiples vertus », résume Aurore, descendue de selle après la retraite de Christian Baillet dont elle était « premier garçon ». En parallèle de son activité de masseur, le couple s’est donc lancé dans les produits à base d’algues, d’argile et de boue marine.
Des produits de qualité
« Les algues sont pêchées spécialement en Bretagne et dans la baie du Mont-Saint-Michel, dans des eaux contenant plus de trente minéraux. Une qualité exceptionnelle, issue des laboratoires Gilbert, sans huiles essentielles. Idem pour la boue, qui vient de Noirmoutier, à 15 mètres de profondeur dans le sol. Elle est fraîche et pure. C’est la même que celle utilisée dans les grandes thalassothérapies pour les humains ». Principalement destinée aux professionnels, la gamme se compose aujourd’hui de onze produits ouverts aux particuliers. À entendre Aurore, les bienfaits sont magiques : « C’est une vraie cure de jouvence, remplie de calcium, magnésium, zinc, etc., qui répare et prépare à l’effort, diminue le stress… ».
Des algues sur tout le corps
Concours, dressage, voltige, horseball… Kelpy s’adresse à toutes les disciplines et vise à se développer au galop dans la foulée de Maud Briset, Céline Hérisson de Beauvoir ou Thibault Speicher, déjà convaincus. La spécialité Keply, ce sont les enveloppements. Recouvrir d’algues le cheval sur les régions à traiter, ou même intégralement. « On applique des algues sur tout le corps dans le sens du poil, puis on le recouvre d’une feuille d’amidon. On peut aller jusqu’aux joues pour décrisper la mâchoire. Ce sont des séances de 20 à 30 minutes, jusqu’à 45 minutes avec de la boue marine. Idéalement, une à deux fois par semaine. C’est facile à appliquer, même pour les enfants. Il faut juste bien rincer ».
Les vertus sont multiples et les effets, paraît-il, sidérants : « Cela ôte toutes les toxines après un gazon, hydrate et assouplit la masse musculaire, les muscles sont plus fonctionnels et apportent, par conséquent, plus de soutien au niveau des os, cela soigne les myosites, les tendinites… En vingt minutes, le cheval a repris un peps incroyable. Quand un trotteur court tous les 15 jours en pleine saison, c’est un parfait récupérateur. Avec un massage en plus, votre cheval est au top. »
Même les foals sont concernés. « Quand ils sont chétifs ou cabossés après un accouchement difficile, ça rebooste leur croissance grâce aux minéraux ». Les bienfaits marins aident aussi à redresser les aplombs. « L’enveloppement rectifie les tissus, tonifie les tendons et les muscles. L’idéal est de travailler de concert avec un maréchal pour rééquilibrer la posture, un ostéopathe pour la structure, les algues font le reste en reminéralisant l’ossature et les muscles ».
Quant aux tendinites, la pâte Cryotendons fait « des miracles » semble-t-il. « C’est plus rapide que de brûler et indolore. Le produit à base d’algues amène le froid jusqu’à l’os. C’est un liquide de refroidissement articulaire sans effet de « gonfle ». J’ai un pur-sang qui était cassé à 50 %. En un mois et demi, le trou avait disparu et les fibres étaient dans l’axe. C’est pourquoi notre slogan est « la puissance des algues ».
Par Julia-Marie Penouilh
Mobile Horse Care est la première unité mobile d’hydrothérapie et de soins par champs magnétiques à ondes pulsées pour chevaux qui sillonne la France et l’Europe depuis maintenant un an. C’est après avoir découvert les bénéfices de la balnéothérapie sur la récupération des chevaux que l’idée a germé entre les quatre associés : créer une solution mobile pour répondre au manque de temps des professionnels. L’intégration du spa dans un camion a représenté un véritable défi technologique, relevé grâce au fabricant de camion de chevaux Theault. « Notre cahier des charges était double : assurer la sécurité des chevaux et avoir une approche écoresponsable sur la gestion de l’eau », précise l’équipe. Le système breveté au niveau européen offre une autonomie totale en eau grâce à deux cuves et un dispositif de filtration permettant de réutiliser l’eau entre les soins. Les prestations proposées sont :
. LA BALNÉOTHÉRAPIE, particulièrement efficace dans le traitement des tendinites, arthrose, lésions cutanées, problèmes naviculaires ou encore l’engorgement des membres, avec une eau salée à basse température (2 à 5°C) et jets à remous pour traiter principalement les membres inférieurs. . LE SOIN HOFMAG, une technique non invasive qui stimule le métabolisme cellulaire et l’oxygénation des tissus avec des champs magnétiques à ondes pulsées qui pénètrent jusqu’à 25 centimètres dans la masse musculaire, bien plus profond qu’un massage manuel. « Les retours sont excellents, tant sur la qualité du service que sur l’efficacité des soins, en récupération comme en prévention », confirme la directrice générale.