Feel Good N°8 Mai 2025 | Pedago

L’INSÉMINATION ARTIFICIELLE, UN « SERPENT DE MER » VENIMEUX ?

Par Céline Gualde

Faire voyager des juments pour la saillie devient de plus en plus coûteux et compliqué, a fortiori lorsqu’elles viennent d’Angleterre ou s’y rendent, Brexit oblige. De nouvelles règles plus contraignantes sur le transport des animaux sont d’autre part en gestation au sein des instances européennes. L’insémination artificielle pourrait-elle constituer une parade à ces problèmes ? Beaucoup le murmurent et la question remonte périodiquement à la surface... La situation dans le monde des sports équestres où la monte naturelle a quasiment disparu incite plutôt à la prudence.

En matière de reproduction équine, tout est permis dans l’univers des sports équestres. Une jument peut avoir cinq ou dix poulains par an grâce aux techniques les plus modernes d’insémination et de transfert d’embryon. Un étalon peut servir mille juments et plus... et poursuivre son œuvre des décennies après sa mort grâce à sa semence congelée. Le marché des embryons implantés est florissant dans les ventes aux enchères, celui des embryons congelés (et sexés) connait un petit coup de frein sous nos latitudes pour des questions d’assurances, les compagnies rechignant désormais à couvrir le risque inhérent à la réimplantation in utero. 
L’ultralibéralisme règne au plan mondial et aucune nation n’est en mesure d’y mettre un frein, car les éleveurs se tourneraient vers un pays voisin pour enregistrer leur poulain. Chaque stud-book fait ce qu’il veut et la fédération mondiale qui les rassemble (WBFSH) « n’a pas de pouvoir sur ses membres, c’est une instance représentative et pas directive », comme l’explique Bérengère Lacroix, directrice de celui du Selle Français.  

« Si un étalon peut saillir mille juments par an, pourquoi une poulinière serait-elle limitée à un seul poulain ? » 

Guillaume Ansquer


Chez les chevaux de sports équestres, le cycle traditionnel de la reproduction s’est inversé : les juments ne deviennent plus poulinières après leur carrière de compétition, mais avant même qu’elles aient débuté grâce à leurs embryons implantés sur des porteuses, des trotteuses réformées des courses la plupart du temps. L’avantage de ce calendrier qui « met la charrue avant les bœufs » c’est qu’un éleveur peut céder une jument performante après avoir sécurisé ses souches : lorsqu’une femelle devient championne des 6 ou des 7 ans, elle est déjà mère et bientôt grand-mère ! Les générations se sont resserrées. La technique autorise également de très vieilles juments à produire encore alors qu’elles ne seraient plus capables de porter un poulain.
L’utilisation de l’ICSI (IntraCytoplasmic Sperm Injection, voir notre encadré) permet aux juments de sport contemporaines, officiant dans les élevages professionnels, de « donner naissance » à cent poulains et plus au fil de leur carrière... Une réalité inconcevable il y a quelques décennies, qui ne choque pas l’éleveur breton Guillaume Ansquer, dont l’élevage « de Kreisker » est extrêmement renommé : « Si un étalon peut saillir mille juments par an, pourquoi une poulinière serait-elle limitée à un seul poulain ? »


Ultralibéralisme 
L’opacité la plus complète règne sur le monde de l’élevage international. Impossible de savoir combien un étalon a sailli de juments ou eu de poulains à l’échelle mondiale. Impossible de savoir combien sont issus de l’ICSI, une technique sur laquelle on n’a pourtant aucun recul et qu’il serait bon d’évaluer sur le long terme... Au plan européen comme mondial, pas de statistiques disponibles sur le nombre d’inséminations artificielles, de transferts d’embryons... « Au stud-book Selle Français, nous avons fait le choix de la transparence, dit Bérengère Lacroix. Un éleveur qui veut connaître le nombre de saillies réalisées par un étalon peut trouver ce chiffre rapidement, de même que beaucoup d’autres données. Mais il n’en va pas de même en Autriche, Pologne, Hongrie, et même en Belgique ou en Allemagne... On est dans le libéralisme poussé à l’extrême. La Belgique a, par exemple, abandonné le certificat de saillie qui est nécessaire chez nous pour enregistrer un poulain. Le stud-book belge Z ne publie aucun indice de performance et accepte d’inscrire des clones, contrairement aux stud-books suisse ou français. Même le contrôle de filiation par ADN n’est pas une obligation internationale. L’Afrique du Sud, par exemple, ne le pratique pas ».

« Finalement, les étalonniers donnent de moins en moins de paillettes, 
car ils craignent de perdre la main sur leur génétique et que les paillettes non utilisées arrivent sur le marché noir ».

Marc Spalart, directeur d’Equitechnic


Marc Spalart est le directeur d’Equitechnic, entreprise normande qui accueille des étalons pour congeler leur semence et pratique aussi l’insémination et les transferts d’embryons. Pour lui, l’arrivée de l’ICSI et la réduction du nombre de paillettes par dose de sperme sont les deux révolutions récentes du monde de l’élevage. « Dans un éjaculat, il y a quatre ou cinq milliards de spermatozoïdes en moyenne, ce qui donne une centaine de paillettes. Au début, nous en recevions huit par dose, puis six, puis quatre, puis une seule... Ce qui implique d’échographier les juments trois ou quatre fois par jour pour inséminer au moment le plus propice à la fécondation. Avec l’ICSI, on coupe en plus les paillettes en huit afin de féconder plusieurs ovocytes le même jour. Finalement, les étalonniers donnent de moins en moins de paillettes, car ils craignent de perdre la main sur leur génétique et que les paillettes non utilisées arrivent sur le marché noir ».


Quid du pur-sang ?
Le stud-book du pur-sang anglais est mondial. Les mêmes règles s’appliquent donc dans les soixante-huit pays qui élèvent cette race. La seule technique de reproduction admise est la monte naturelle : le clonage et toute méthode d’insémination artificielle sont interdits. Il en va de même en France chez les AQPS et les anglo-arabes, qui ne sont pas autorisés à courir si eux-mêmes ou l’un de leurs ascendants sont issus de l’insémination artificielle. « Il est hors de question que la règle change, déclare Loïc Malivet, président de la Fédération des éleveurs du Galop. L’ITBF (International Thoroughbred Breeder’s Federation) l’a réaffirmé lors de sa dernière réunion au Japon en mai 2024 lors d’un vote à l’unanimité. Elle en avait fait de même deux ans plus tôt. Cela nous protège, car si l’insémination artificielle devenait légale, on aurait du mal à éviter certaines dérives. Qu’est-ce qui empêcherait les étalons les plus en vue de saillir mille juments ? ». 

La seule technique de reproduction admise est la monte naturelle : 
le clonage et toute méthode d’insémination artificielle sont interdits


Actuellement, les reproducteurs pur-sang sont naturellement limités par leurs capacités physiques.
Mathieu Talleux, éleveur de galopeurs et propriétaire du Haras du Mazet, en Limousin, où officie notamment le pur-sang Bande, a également une clientèle de sports équestres.  « J’insémine une soixantaine de juments par saison. La technique est évidemment intéressante, puisqu’avec un éjaculat on peut servir plusieurs juments. Mais les étalonniers diminuant énormément le nombre de paillettes, les choses se compliquent ! 
À l’époque des Haras Nationaux, on recevait quarante-huit paillettes pour une saillie et ils en renvoyaient vingt-quatre si besoin. Aujourd’hui, il faut parfois faire avec une seule paillette contenant en gros cinquante millions de spermatozoïdes, dont 40 % sont vivants à la décongélation, le seul minimal accepté étant de 35 %. Les juments doivent donc être fouillées toutes les six heures afin d’être inséminées au plus près de l’ovulation. Question bien-être animal, on repassera, et cela multiplie le besoin de personnel. Il faut trouver l’employé et le vétérinaire pour échographier les juments à deux heures du matin ! Au Mazet, c’est généralement mon épouse, vétérinaire, qui s’en charge, mais lorsque sa collègue est de service, elle a de la route à faire pour nous rejoindre en pleine nuit. Ces contraintes accroissent considérablement le coût du suivi gynécologique pour les éleveurs, qui n’en sont pas toujours conscients lorsqu’ils choisissent leur étalon ».
L’autre gros inconvénient de l’insémination, pour Mathieu Talleux, concerne la fertilité des juments sur le long terme en raison, notamment, des additifs faits à la semence. « Les paillettes contiennent des antibiotiques qui finissent par créer des résistances. Les vieilles juments sont en endométrite chronique. Pour moi qui suis assez isolé en Limousin, la route est un frein, car elle décourage certains éleveurs venant de loin. Mais malgré cela, je suis opposé à l’insémination artificielle chez les pur-sang ».
Avant de développer le Haras de la Haie Neuve, entre Laval et Rennes, Tangi Saliou a fait carrière dans les Haras Nationaux. Il est donc un excellent technicien de la reproduction. Pour lui, l’insémination artificielle aurait l’avantage de réduire les risques inhérents aux saillies en monte naturelle pour les équins comme pour les humains et d’éviter les tests sanitaires obligatoires sur les juments (pour détecter l’artérite et la métrite notamment).
Mais il voit également beaucoup de contre-indications à cette technique. « Si on n’autorise que l’insémination en sperme frais, cela ne résoudra pas le problème du transport des juments. Et si on adopte le sperme congelé, ne nous leurrons pas : de nombreux étalons ont une semence qui ne supporte pas la congélation, notamment les chevaux âgés. On sait que 30 % des étalons n’ont pas une qualité de semence suffisante, mais dans le monde des sports équestres, certains vendeurs sans scrupules congèlent tout et n’importe quoi ! La fertilité par chaleur est de 60 à 65 % en monte naturelle. Elle tombe à 50 % en insémination, avec une dose de deux cents millions de spermatozoïdes, ce qui correspond à quatre paillettes. Or, bien souvent, les inséminateurs ne reçoivent plus qu’une paillette ! ».
 

Traffic de paillettes
Si l’insémination artificielle en sperme congelé était autorisée, il faudrait également assurer la traçabilité des paillettes, ce qui n’a rien d’évident. « Dès qu’on congèle de la semence, on en perd la maîtrise, affirme la directrice du stud-book selle français Bérengère Lacroix. Même si on la suit et que les contrats imposent de rendre les paillettes non utilisées ».
Jean-Luc Dufour, dont l’élevage de chevaux de saut d’obstacles portant l’affixe « d’Argouges » est basé dans la Manche, en a fait la douloureuse expérience : « Nous avons cessé de vendre des cartes à l’étranger. Les acheteurs payaient la première fraction de la saillie puis plus rien, et pour dix cartes vendues, il doit y avoir trente poulains nés sans retour pour nous ! Les gros groupes comme le GFE (Groupe France Élevage) sont armés pour lutter contre cela et traquer les fraudeurs, mais pour un étalonnier indépendant, c’est mission impossible ».
Chaque paillette porte pourtant les références de l’éjaculat dont elle est issue et doit être accompagnée d’un certificat sanitaire pour traverser les frontières. Dans un monde idéal, il ne devrait donc pas y avoir de problème... Arnaud Evain, frère de l’entraîneure Isabelle Pacault mais aussi président du GFE, s’amuse à racheter les paillettes des étalons du groupe mises sur le marché dans les diverses ventes aux enchères. « Avant de régler mon achat, j’exige de recevoir le certificat sanitaire correspondant aux paillettes. J’ai dû en acheter vingt et je n’en ai jamais payé qu’une ! » 
Bien sûr, les étalonniers s’organisent progressivement pour s’adapter aux nouvelles règles- ou à l’absence de règles- du marché que l’ICSI a transformé. On vend désormais un « cut » de paillette qui vaut le prix d’une saillie, puisqu’en ICSI un seul spermatozoïde injecté dans l’ovule peut produire un poulain... Du coup, une simple paillette peut valoir une fortune, comme celles, rarissimes, du crack défunt Chacco Blue, qui de cut en cut atteint les 20 000 euros.
Jean-Luc Dufour s’inquiète aussi d’un possible appauvrissement génétique : « Une fille de crack jument : autrefois, c’était rare... plus maintenant. En voyageant pour juger des concours de jeunes chevaux, j’ai réalisé que de l’Allemagne au Mexique en passant par l’Irlande, on retrouve les mêmes souches. Il y a un grand commerce d’embryons congelés en Amérique du Sud, car il est plus facile de faire voyager une bombonne qu’un cheval ! On se demande où on va. On ne contrôle plus rien !  J’ai très peur que les milliers d’embryons congelés par ceux qui sont plus des spéculateurs que des éleveurs envahissent le marché et le déstabilisent ». Un danger auquel l’univers du pur-sang échappe pour l’instant. 

 

Qu’est-ce que l’ICSI ?

L’ICSI ou IntraCytoplasmic Sperm Injection est, à la base, une technique d’assistance médicale à la procréation utilisée chez l’humain en réponse à des problèmes d’infertilité. L’entreprise italienne Avantea, créée en 2008, est leader sur le marché de l’ICSI en Europe pour l’espèce équine. 
La technique consiste à ponctionner les ovocytes, cellules sexuelles femelles. Une sonde échographique équipée d’une aiguille et reliée à une pompe est introduite par voie endovaginale. On aspire le liquide et les ovocytes contenus dans les follicules. Ces ovocytes sont maturés, puis fertilisés par injection directe d’un spermatozoïde, avant d’être placés dans des incubateurs jusqu’à ce que les embryons obtenus aient une taille suffisante pour être congelés ou implantés dans une jument receveuse.
Les ponctions d’ovocytes peuvent être faites à n’importe quel moment de l’année sans traitement hormonal préalable, contrairement au transfert d’embryon « classique » qui ne peut être effectué que durant la saison de reproduction.
Selon Avantea, chaque ICSI donne 2 embryons en moyenne, contre 0,5 pour les transferts d’embryons classiques (gestation initiée dans la jument donneuse avant récolte de ou des embryons éventuels par rinçage de l’utérus).
Avec l’ICSI, la congélation de l’embryon est assez facile, alors que cela reste un problème majeur pour les embryons récoltés in utero. Il est également simple de connaître le sexe du futur poulain : deux atouts qui ouvrent grand la porte au commerce.
Sur le plan financier, la procédure de ponction des ovocytes et d’ICSI est facturée un peu moins de 1 500 € chez Avantea, plus 500 € environ par embryon obtenu. Cela se pratique en Suisse, au Danemark et aux Pays-Bas, mais pas (encore) en France. 

 

Axelle Nègre de Watrigant : 
« Des dérives difficiles à contrôler »

Éleveuse et présidente de l’AFAC (Association Française du cheval Arabe de Course), Axelle de Watrigant explique que le recours à l’insémination artificielle est indispensable dans cette race : « Notre filière est à 100 % internationale et nous avons en France beaucoup d’étalons très demandés par les éleveurs étrangers. L’insémination est une technique formidable sur le plan de la sécurité sanitaire et parce qu’elle évite de faire voyager les juments, mais la réglementation évolue hélas moins vite que le progrès scientifique ».
Le stud-book français du pur-sang arabe autorise une jument à avoir deux produits par an : l’un qu’elle porte et l’autre implanté sur une porteuse. Mais cette règle est détournée, car une jument peut avoir deux poulains en France plus d’autres, d’un ou plusieurs étalons, qui naîtront à l’étranger grâce au transfert d’embryon. Ils seront inscrits au stud-book de leur pays de naissance. L’ICSI, bien qu’elle soit totalement interdite par la WAHO (World Arabian Horse Organisation), mais qui permet de faire facilement voyager des embryons congelés, commence aussi à être utilisée dans ce cadre. 
Il n’est donc pas impossible de voir deux frères ou sœurs utérins nés la même année au départ d’une même épreuve. « Le code des courses de France Galop interdit la participation de deux propres frères ou sœurs du même âge, précise Axelle de Watrigant. Si le cas - très exceptionnel - se produit, un tirage au sort désigne le cheval maintenu dans l’épreuve. Le code des courses n’interdit malheureusement pas, en revanche, que deux chevaux du même âge issus de la même mère, mais avec un père différent, prennent le départ de la même course ».
L’AFAC plaide pour que la réglementation internationale soit calquée sur le modèle français : deux produits par jument et par an (l’un porté plus un transfert), pas davantage. Mais les réformes sont compliquées à faire passer. « Lors de la dernière réunion de la WAHO, en avril, l’idée a commencé à faire son chemin mais n’a pas encore été rendue obligatoire, seulement fortement recommandée. Mais les mentalités évoluent, car les plus grands sponsors de nos courses comme le Qatar et Abu Dhabi ont décidé de soutenir la règle française. Le bien-être animal et la diversité génétique doivent prévaloir ».
Axelle de Watrigant n’est pas favorable à l’introduction de l’insémination chez les pur-sang anglais. « Outre la question de l’appauvrissement génétique, je considère que c’est globalement un grand danger. Si on l’autorisait un jour, il faudrait qu’une réglementation extrêmement précise et très stricte soit établie en amont et au niveau mondial afin d’éviter toute dérive ». 

 

Chez les trotteurs, l’insémination artificielle immédiate 

Chez les trotteurs français, la monte naturelle est devenue très rare. Ils pratiquent l’insémination artificielle immédiate en sperme frais : l’étalon est prélevé, l’éjaculat divisé en doses utilisées dans un laps de temps très court sur des juments présentes sur place. Le nombre de cartes de saillie est limité : de vingt à cent selon les performances de l’étalon. La semence des mâles peut être congelée pour être vendue à l’étranger, mais les poulains issus de ces saillies ne sont pas inscriptibles au stud-book du Trotteur Français. Le transfert d’embryon n’est autorisé que très exceptionnellement sur des juments infertiles ayant performé au tout meilleur niveau. Le Trotteur Français étant un stud-book propre à notre pays, la réglementation est plus facile à maîtriser et à faire évoluer dans cette race que dans la galaxie des sports équestres aux multiples planètes ! 

 

L’ éjaculat, comment ça marche ?

Un éjaculat se compose d’une dizaine de jets. Il comprend de 1 à 10 milliards de spermatozoïdes. 80 % des spermatozoïdes sont dans les 3 premiers jets. 

 

Un clone champion du monde

Séisme au Lion d’Angers fin 2024 : un clone remporte le Championnat du monde des jeunes chevaux de concours complet avec la Britannique Gemma Stevens. Le hongre victorieux, Chilli Morning IV dit « quattro » est l’une des trois répliques de l’étalon performer Chilli Morning, multi-médaillé en concours complet sous la selle du Britannique William Fox-Pitt. Fait extraordinaire, un autre clone de Chilli Morning, le II dit « Deuce » a pris la 6e place de l’épreuve avec l’Allemande Julia Krajewski. Et les deux chevaux étaient 2e ex aequo au dressage ! Un troisième clone du même cheval, surnommé « Trey », est associé au Chinois Alex Hua Tuan. Les alezans appartiennent toujours à leurs éleveurs, Lisa et Christopher Stone, qui possédaient l’étalon Chilli Morning, mort en 2020. Discrets, les Stone n’ont pas assisté à la conférence de presse du Mondial du Lion, mais Gemma Stevens, qui est basée dans leur haras du Sussex, a expliqué qu’ils adoraient leur cheval et avaient souhaité le répliquer, puisque c’était « possible et autorisé ».
Le premier cheval cloné, Prometea, était une ponette haflinger née en 2003. C’est le professeur Cesare Galli, fondateur de l’entreprise Avantea aujourd’hui leader de l’ICSI, qui est à l’origine de cette prouesse. 
L’apparition des clones dont on parlait comme d’une révolution a toutefois fait « pschitt » dans les sports olympiques, car un nouvel étalon performer chasse l’autre dans le cœur des éleveurs ! 
Les répliques du champion d’endurance Pieraz, des cracks hongres de saut d’obstacles ou Calvaro n’ont pas imprimé les mémoires. Le cas de l’étalon Quidam de Revel, 4e des JO de Barcelone et cloné en 2005, a suscité davantage de remous, car il n’est pas possible de savoir si un poulain est issu d’un étalon ou de son clone (sauf en étudiant le sperme, mais pas sur le poulain né). Dès lors, cloner un étalon peut poser un problème d’éthique. 
Le clonage est extrêmement en vogue dans le monde du polo, avec des entreprises sud-américaines à la pointe de cette technologie. Il est fréquent que certaines équipes au plus haut niveau n’alignent que des clones ou des chevaux issus de juments clonées.