Feel Good N°8 Mai 2025 | JOCKEY PLAT : MICKAËL BARZALONA : « MA PRIORITÉ, CE N’ EST PAS LA CRAVACHE D’OR »

JOCKEY PLAT : MICKAËL BARZALONA : « MA PRIORITÉ, CE N’ EST PAS LA CRAVACHE D’OR »

Par Paul Casabianca

Devenu premier jockey de S.A Aga Khan en 2025, Mickaël Barzalona, la Cravache d’or 2021, s’est livré avec humilité et pudeur sur son parcours, ses années Godolphin et ses ambitions.

Prendre la parole pour parler de lui, de son parcours, ou de ses ambitions, n’est pas son sport de prédilection. Avant de faire son entrée dans les pelotons, en 2007 pour la première fois (quand on y pense), le jockey Mickaël Barzalona a d’abord fait ses preuves dans une autre discipline : le horse-ball. Évidemment, on y joue à cheval comme son nom (en anglais) l’indique, mais l’objectif n’est pas de rallier en vainqueur le poteau d’arrivée. Non, le horse-ball c’est un ballon, 6 joueurs (à cheval), un terrain de 70x30 m avec 2 buts aux extrémités, où l’objectif est de marquer des buts, le plus possible ! À ce jeu-là, Mickaël Barzalona était (déjà) considéré comme l’un des meilleurs, puisqu’il a remporté deux fois le titre de champion de France. « J’ai joué au horse-ball quand j’avais 10-11 ans. À cette époque, mon grand-père me faisait aussi monter ses chevaux le matin lorsqu’il était entraîneur en Corse. J’y ai pris goût et c’est à ce moment-là que j’ai voulu devenir jockey ». La suite, c’est que du classique. Diplômé de l’école AFASEC de Gouvieux, l’ancien joueur de horse-ball devient apprenti chez André Fabre, LE pourvoyeur de talent par excellence. Rigueur, travail et passion vont faire de lui ce qu’il est aujourd’hui. Un jockey de renom, discret, professionnel, sérieux et sacrément talentueux. Pas étonnant qu’à seulement 17 ans, après avoir acquis la confiance du maître cantilien, Godolphin, l’une des plus grandes écuries de la planète galop, fasse appel à lui. « J’ai commencé à monter pour Godolphin l’hiver à Dubaï. Ils m’ont accordé très tôt leur confiance et je les en remercie. On a vécu tellement de grands moments ensemble durant ces douze années ! Quand je leur ai annoncé que je quittais l’écurie en 2025 pour m’engager avec S.A Aga Khan, ils m’ont souhaité le meilleur. Il y a toujours eu beaucoup de respect et de bienveillance entre nous. Je leur dois tout ».


2011 : l’année de la consécration
Nul ne sait si la victoire de Pour Moi dans le Derby d’Epsom (Gr.1) a été l’avènement de celui qu’on aime à surnommer « Barza ». Une chose est certaine, de mémoire de turfiste, jamais au grand jamais, on avait vu un jockey de 19 ans, célébrer sa victoire debout sur ses étriers, le bras levé, à dix mètres de l’arrivée, alors que la lutte fait rage : « Je me souviens très bien de ce moment. Ce n’était pas quelque chose de prévu, mais je l’ai fait de façon spontanée. Avec le recul, je ne crois pas que je le referai, mais je ne regrette rien. Pour Moi était très attendu, il ne fallait pas se rater, mais j’avoue que je n’ai pas pour habitude de fêter mes victoires de cette façon ! » Au cours de cette même année, Wavering, lui avait offert quelques semaines plus tôt le Prix Saint-Alary, son premier Groupe 1 en France, entraîné par son patron André Fabre pour le compte de Godolphin.


L’esprit d’équipe 
Que ce soit pour Godolphin, dont il a défendu les intérêts durant douze ans, ou pour la casaque de S.A Aga Khan, dont il est le premier jockey depuis cette année, « Barza » a toujours mis de côté ses ambitions personnelles au profit du collectif. Non pas par dépit, mais par volonté : « J’ai toujours dit que mon objectif était d’honorer mon contrat de première monte avec mon patron et les professionnels qui me font confiance. La princesse Zahra Aga Khan (fille du prince Aga Khan décédé le 4 février) a des attentes autres que celles de Godolphin. C’est une nouvelle façon de travailler, j’apprends avec le temps et je m’efforce à faire les choses correctement. Pour l’instant, notre collaboration se passe bien. Les premières impressions sont bonnes. Il est important de donner de bonnes leçons en attendant les prochaines échéances. J’ai beaucoup aimé la rentrée de Zarigana, qui est une pouliche de qualité. Ridari aussi s’est imposé en bon poulain pour sa rentrée. C’est de bon augure pour la suite ». Difficile de le contredire. En 2025, l’association Barzalona-Aga Khan affiche 45 % de réussite à la gagne (14 victoires en 31 courses) mais surtout 94 % de réussite dans les cinq premiers. Avant de songer à une deuxième Cravache d’or, « ce n’est pas ma priorité pour le moment », ou à une première victoire dans le Prix de l’Arc de Triomphe, Mickaël Barzalona, âgé de 33 ans, reste fidèle à ses principes. « J’espère juste réaliser une bonne année, ne pas avoir de pépins de santé et toucher un vrai bon cheval ». Qu’il se rassure, au sein de l’écurie princière de S.A Aga Khan, ce n’est pas ça qui manque.