Par Jacob Pritchard-Webb
Cela fait maintenant quelques années que Francis-Henri Graffard est devenu l’entraîneur principal de l’écurie Aga Khan, succédant avec réussite au légendaire Alain de Royer-Dupré. L’une des étoiles actuelles, Calandagan, a pour objectif de décrocher un Groupe 1 et son déplacement à Dubaï, où il a pris la deuxième place de la Sheema Classic (Gr.1) l’atteste. L’écurie cantilienne regorge de talents et, dès le lendemain, la réunion de ParisLongchamp a mis en lumière, non seulement un poulain dans le Prix La Force pour Son Altesse Aga Khan, mais aussi une pouliche très prometteuse appartenant à la Princesse Zahra.
Nommée Mandanaba, cette dernière est une fille de Ghaiyyath par Dubawi. La mère de Ghaiyyath, Nightmire, par Galileo, remporta les 1 000 Guinées Irlandaises pour Dermot Weld, avant de produire huit vainqueurs sur onze produits, dont quatre black type. Ghaiyyath fut le meilleur d’entre eux, performant au niveau Groupe de deux à quatre ans, année où il remportera trois Groupes 1, et le titre de cheval de l’année.
2024 : année révélation
En 2024, ses débuts en tant qu’étalon furent plus progressifs, lui-même n’ayant gagné qu’à l’automne de ses 2 ans. Une seule pouliche de sa première génération décrocha un accessit black type : Stanhope Gardens, deuxième dans les Autumn Stakes, que son père avait remporté. Mais c’est l’invaincue Mandanaba qui vient briser cette tendance. Elle avait déjà impressionné lors de ses premiers pas à Chantilly, en novembre, sur la PSF et sur 1 900 mètres, gagnant par six longueurs sous la selle du tout nouveau jockey maison, Mickaël Barzalona. Partie en tête, elle s’est détachée sans effort. Une performance remarquée, qui a naturellement incité l’équipe à tenter l’aventure dans ce Groupe 3. Dans ce dernier, et face à cinq autres concurrentes, Mandanaba allait devoir encore progresser pour l’emporter. On ne change pas une équipe qui gagne, a dû penser Mickael Barzalona, qui l’a de nouveau envoyée tout de suite en tête. Mandanaba a accéléré brillamment dans la ligne droite pour s’imposer officiellement par trois quarts de longueur. À mes yeux, cette performance mérite d’être revalorisée tant elle a montré du professionnalisme, ne déviant pas de sa ligne et répondant sans faille, même lorsque la fatigue a commencé à se faire sentir avant le poteau. Cette course a souvent été le théâtre d’exploits, remportée notamment par Mqse de Sévigné, qui a comptabilisé trois Groupes 1 l’année dernière.
En cette année marquée par la disparition, en février, de son père le prince Karim al Husseini, plus connu sous le nom d’Aga Khan IV, il est particulièrement émouvant de voir sa fille aînée, la princesse Zahra, avoir une des favorites pour les Classiques, courant sous ses propres couleurs. Son père détient le record de victoires dans le Prix de Diane, ce qui donne à l’aventure Mandanaba un parfum de destin. La pouliche, née de la triple lauréate de Groupe 1 Mandesha, a tout pour perpétuer l’héritage. Avec des engagements dans le Prix Saint-Alary, la Poule d’Essai des Pouliches et le Prix de Diane, nous saurons, tôt ou tard, jusqu’où elle peut aller.