« L’ostéopathie, dans sa définition, est un ensemble de techniques manuelles visant à la conservation ou à la restauration de la mobilité des différentes structures de l’organisme ». Pauline Duval
EN RESTAURANT UNE BONNE MOBILITÉ DES DIFFÉRENTES STRUCTURES DU CORPS DU CHEVAL, L’OSTÉOPATHIE PERMET AUX DIFFÉRENTS SYSTÈMES D’ASSURER PLEINEMENT LEURS FONCTIONS
Par Mégane Martins
Galorama. Quelle a été l’évolution de la pratique ostéopathe sur ces dix dernières années ?
Pauline Duval. L’ostéopathie, dans sa définition, est un ensemble de techniques manuelles visant à la conservation ou la restauration de la mobilité des différentes structures de l’organisme. Elle est pratiquée en humaine depuis le 19e siècle, son fondateur est le médecin américain Andrew Taylor Still (1828-1917). En France, ces techniques ont été appliquées aux chevaux à partir des années 1980 par le Docteur Dominique Giniaux. Installée en tant qu’ostéopathe équin depuis 2009, j’ai tout de suite constaté que l’ostéopathie était déjà très largement adoptée chez un grand nombre de professionnels du monde du cheval que ce soit à l’élevage, à l’entraînement (trot et galop), dans les écuries de chevaux de sport ou même de loisir. C’est l’utilisation de l’ostéopathie comme médecine préventive et plus seulement curative qui, pour moi, a été l’évolution la plus marquante de ces dernières années.
G. À quoi est liée l’utilisation grandissante de l’ostéopathie par les professionnels selon vous ? Est-ce une prise de conscience du bien-être des chevaux pour de meilleures performances ? Une meilleure connaissance de ces méthodes ?
P.D. Le recours grandissant à l’ostéopathie découle, selon moi, de cette dernière observation. Bien qu’étant amenée à traiter des chevaux présentant des inconforts ou des anomalies identifiées dans leur locomotion par les clients, on m’en présente aussi un grand nombre dans le but d’éviter leurs apparitions. Tout cela s’inscrit dans une démarche qui vise à améliorer le confort et donc le bien-être de l’animal, reconnu aujourd’hui comme un facteur important dans la recherche de performance. Il suffit de s’intéresser au suivi des sportifs de haut niveau, dont la prise en charge en kinésithérapie, physiothérapie et ostéopathie n’est pas un secret et tient une place importante dans la préparation aux échéances en complément des entraînements.
G. Quels sont les bénéfices de l’ostéopathie appliquée aux chevaux ?
P.D. Ils sont multiples. En restaurant une bonne mobilité des différentes structures du corps du cheval, l’ostéopathie permet aux différents systèmes (musculosquelettique, viscéral, nerveux, lymphatique et vasculaire) d’assurer pleinement leurs fonctions. Une séance d’ostéopathie va permettre, par exemple, de soulager une douleur dorsale, corriger une asymétrie, atténuer des douleurs organiques quand elles sont accentuées, entre autres, par un problème de posture, etc.
G. Comment intervenez-vous sur les différents profils de chevaux ?
P.D. La fréquence des séances varie énormément d’un patient à l’autre. Quel que soit son âge, un cheval qui présente un problème identifié sera traité. Dans le cas d’un suivi :
• Les étalons bénéficient de deux séances d’ostéopathie par an, une en début de saison, l’autre en fin de saison ;
• Les juments sont manipulées une fois par an entre le poulinage et la saillie ;
• Les foals me sont présentés soit quelques semaines après la naissance, soit après le sevrage ;
• Les yearlings sont généralement manipulés en début d’année, puis, pour ceux qui sont inscrits aux ventes, en début de préparation et dans les semaines qui précèdent les ventes. Et pour ceux qui partent au travail, parfois avant le débourrage.
J’interviens aussi très régulièrement dans les structures de débourrage/pré-entraînement.
En ce qui concerne les chevaux à l’entraînement, le suivi est plus variable d’un cheval à l’autre. Certains nécessitent d’être manipulés presque une fois par mois, dans le cas de chevaux présentant des lésions (ostéoarticulaires, musculaires, ligamentaires ou tendineuses) chroniques qui les amènent à adopter une position adaptative. D’autres, sont seulement contrôlés avant et/ou après les courses.
J’interviens de façon ponctuelle aux ventes pour des chevaux qui se seraient verrouillés suite au transport, en se coinçant au box ou en effectuant un mouvement violent lors d’une présentation. Ces interventions me permettent d’effectuer ce que j’appelle vulgairement des « réglages », mais en aucun cas de traiter des dysfonctions installées depuis longtemps. Le travail est fait en amont.
G. Quelles sont vos recommandations des bonnes pratiques entre médecines vétérinaires et médecines alternatives ?
P.D. Je pense qu’il est important de ne pas opposer les médecines vétérinaires et les médecines dites « alternatives » dont l’ostéopathie fait partie. Il faut voir une complémentarité à ces différentes approches. Je n’ai, pour ma part, jamais eu de problèmes de communication avec les vétérinaires qui travaillent pour les écuries dans lesquelles j’interviens. Je suis souvent en relation avec eux sur les cas qui nous sont confiés. Ces échanges m’ont permis d’apprendre beaucoup de choses, et on continue d’apprendre tous les jours. Il n’y a rien de tel qu’un cheval pour nous faire mentir et c’est aussi ça qui fait que ces métiers sont passionnants.
G. Avez-vous un remède « de grand-mère » à nous partager ?
P.D. Cela peut paraître simpliste, mais je vais reprendre les recommandations du ministère de la Santé « Manger, Bouger ». Je laisserai le soin aux professionnels de la nutrition de développer le côté alimentation. Je reviendrai seulement sur l’importance du mouvement ! La sédentarité chez le cheval, tout comme chez l’humain, est vraiment délétère. Elle favorise l’apparition d’un grand nombre de maux (désordre digestif, troubles circulatoires, problèmes ostéoarticulaires, anxiété, raideurs musculaires…). Selon les études, le cheval domestique au pré se déplace 15h à 16h dans la journée. On est donc souvent loin du compte dans les conditions actuelles de détention des chevaux. Pleinement consciente que leur offrir cette possibilité semble impossible d’un point de vue logistique, cette donnée devrait néanmoins être prise en compte dans leur programme de sorties.
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Par Mélodie Janvier
Galorama. Jennifer, pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans le débourrage – pré-entraînement et présentation breeze up ?
Jennifer Pardanaud. J’ai toujours été dans des structures de débourrage et du travail des jeunes chevaux, la formation de jeunes chevaux m’a toujours plu. Puis, j’ai intégré le haras du Mézeray, j’ai découvert le pur-sang à ce moment-là, leur côté énergique, un peu imprévisible, mais surtout, cette facilité à apprendre m’a beaucoup plu. Quand nous nous sommes installés avec Ronan, qui a été responsable du débourrage les dernières années du Haras du Mézeray, c’était une évidence pour nous de lancer cette activité, à côté de notre activité de valorisation de poneys et chevaux de selle, qui est maintenant, bien davantage une activité de « loisirs ».
G. Les chevaux arrivent chez vous jeunes, à un âge où ils sont encore en pleine croissance, on imagine que c’est un facteur important pour votre manière de travailler ?
J.P. Oui tout à fait. On privilégie des séances courtes de travail et beaucoup de répétitions. On a une « trame » de travail, mais nous faisons beaucoup du cas par cas. On se rend très vite compte si le cheval est prêt à encaisser le travail ou non, et dans ce cas-là, on va conseiller au propriétaire de le mettre au repos. C’est vraiment l’animal qui nous dicte le rythme à suivre. S’il faut faire un tour de piste alors que deux étaient « prévus » dans la trame, on n’en fera qu’un seul. Il faut que les chevaux aient envie de travailler. Il ne faut pas les abimer physiquement et psychologiquement. Le but est de faire au mieux pour le cheval.
G. On vous sait très à l’écoute de vos chevaux, avez-vous recours à des pratiques alternatives comme l’ostéopathie, la physiothérapie ?
J.P. En plus du dentiste que voient tous les poulains lors du débourrage, on travaille très régulièrement avec deux ostéopathes, Christophe Gaillard ou Eva Jonville, selon les propriétaires. Ces deux professionnels ont également une formation en acupuncture, qu’ils pratiquent avant chaque manipulation afin de faire passer les tensions et manipuler dans de bonnes conditions. On travaille également avec un magnétiseur, Jérôme Chalard, depuis des années. Il nous aide beaucoup dans les douleurs de croissance, le stress, les soucis de comportements ou encore les juments ovariennes. C’est une méthode à part, certains propriétaires peuvent se montrer sceptiques, mais la plupart me laissent carte blanche pour juger si les chevaux en ont besoin. On a beaucoup à gagner à montrer les chevaux au magnétiseur.
Si on sent que c’est un souci mécanique, le cheval verra, dès que possible, l’ostéopathe. Si on sent que c’est plutôt émotionnel ou comportemental, alors on le fera voir au magnétiseur. Nos chevaux mangent de l’argile tous les soirs, les pouliches, qui peuvent parfois être plus sujettes au stress, ont du Kéal (suspension pour la prévention des ulcères) avant chaque ration. Pour les juments ovariennes on leur donne un traitement non-dopant pour soulager leurs douleurs. On utilise également des équipements comme des chauffe-dos. J’essaie de passer en amont par l’ostéopathe et le magnétiseur avant de faire appel au vétérinaire.
G. Mettez-vous en place des protocoles en place après l’intervention de ces professionnels et sont-ils différents suivant la spécialité?
J.P. Oui, par exemple, pour tout ce qui est problèmes de bassins, dos et sacro-iliaques, la « remise en route » va se faire en ligne droite pendant quelques jours après avoir été tranquille durant deux jours. Après avoir vu le magnétiseur, les chevaux sont souvent courbaturés, donc on les laisse 48h « off » ou vraiment ils vont au paddock ou feront un peu de marcheur.
LE BUT EST DE FAIRE AU MIEUX POUR LE CHEVAL.