Il y a un an déjà, Cody’s Wish remportait pour la deuxième année, cette fois après enquête, la Breeders’ Cup Dirt Mile à la cote de 8/10 sur l’hippodrome de Del Mar. Nous venons de vivre la 17e édition de cette course, ajoutée en 2007 au programme « supersize » du championnat américain du galop, passé de huit à quatorze épreuves depuis sa création, il y a quarante ans cette année.
Pour donner un peu de perspective, il s’est passé autant de temps entre la première édition de la « Breeders » et aujourd’hui, qu’entre le débarquement en Normandie et l’inauguration de cette invention du grand éleveur américain John Gaines, en 1984.
Ça fait drôle, non ?
Mais plus que la simple victoire d’un cheval américain dans une course, fut-il membre de l’équipe Godolphin, c’est à Cody Dorman que l’événement doit d’être resté dans de nombreuses mémoires.
Ce jeune homme de 17 ans était né avec le syndrome de Wolf-Hirschhorn, maladie génétique perturbant gravement la croissance et les capacités psychomotrices. Il avait été opéré une quarantaine de fois pour survivre et ne pouvait communiquer qu’à l’aide d’une tablette.
Cinq ans plus tôt, lors d’une visite de Cody et de ses parents au haras Gainsborough, dans le Kentucky, grandissait un foal par Curlin qui ne s’appelait pas encore Cody’s Wish. « C’était le poulain le plus avenant du haras », se rappelle le directeur du Haras, Danny Mulvihill, dans les colonnes de Bloodhorse. « Je me disais qu’il pourrait peut-être approcher Cody un peu plus qu’un autre ». Cette visite familiale avait été organisée par Keeneland pour l’association Make-A-Wish, qui tente d’exaucer les vœux d’enfants en difficulté.
Or le poulain, après avoir reniflé son visiteur et son étrange équipement, avait posé sa tête sur les cuisses du jeune homme, évidemment enchanté. Un petit miracle.
Godolphin, éleveur et propriétaire du foal, baptisa bientôt le poulain Cody’s Wish (« le vœu de Cody ») et deux ans plus tard, il rappliquait à chaque visite de son ami... « Lorsqu’ils se sont revus et que le poulain est revenu vers lui, j’ai entendu ce rire si particulier de Cody, que je n’ai entendu qu’une poignée de fois durant toutes ces années », se souvient le père du jeune homme, Kelly.
Plus tard, lorsque le cheval devint un champion particulièrement combatif, Cody Dorman et sa famille ont naturellement continué à aller le soutenir sur les hippodromes. L’histoire est devenue très populaire, jusqu’à l’apothéose de ce jour de novembre 2023, celui de la dernière course du cheval.
La tragédie frappa à nouveau pourtant, puisque Cody s’est éteint le lendemain de la seconde Breeders’Cup de son champion, sur le chemin du retour dans le Kentucky.
Un livre a été publié depuis et un film est en préparation.
Cette capacité thérapeutique des chevaux chez les humains en détresse est bien connue. Ils aident notamment des anciens combattants à se remettre et à affronter leur dépression et leurs syndromes post-traumatiques. Peyo, un ancien cheval de dressage, visite les patients dans les hôpitaux et les Ehpads avec son cavalier Hassen Bouchakour. Une fois sur place, il va de lui-même vers les plus démunis et sa présence agit sur eux comme un charme.
Le même que Cody’s Wish, à l’autre bout du monde.