La Vision Détré N°2 Novembre 2024 | A LA UNE

LA FAMILLE Détré s’agrandit encore

Pour mieux s’adapter aux évolutions du marché et de l’économie des courses actuelles, les Détré ont décidé de se doter d’une structure d’élevage et de préparation qui complète l’entraînement, chez eux dans le Limousin, sur des terres chargées d’histoire…

Il y a dans Jacques Détré une énergie qui non seulement ne se met pas en veilleuse avec le temps, mais surtout a été transmise à ses enfants, en particulier aux trois fils que lui a donné son épouse Marie, et qui sont tous mordus au sang par le virus du cheval.
Si bien que lorsque ces trois fils, j’ai nommé Patrice, Romain et Adrien, entreprennent de vous expliquer quelque chose, on a le sentiment que Jacques se repose, tel un Jupiter repu, tandis que ses enfants organisent bruyamment son monde.
« Il nous a laissé carte blanche, explique Romain, entrepreneur tous azimuts qui semble ignorer la notion de pause et présente ainsi le projet du Haras de la Sélive, ancienne ferme basée sur les terres du baron de Nexon, près de Limoges, et qui abritèrent pendant l’Occupation les chevaux et les juments de l’élevage Wertheimer. Papa ne vient que de temps en temps, et la seule chose qu’il faille alors lui montrer, c’est que le projet avance».
Or ça pousse de tous côtés. Littéralement. Sur les 60 hectares de ce haras, Adrien est présent tous les jours car c’est sur lui que repose la responsabilité de suivre et de diriger l’entreprise au quotidien. Patrice n’est jamais bien loin non plus, et il détaille avec enthousiasme la nature des sols, les essais de culture fructueux, ceux qui le sont moins, le plan d’occupation des sols et la répartition des chevaux qui occuperont bientôt ces prés luxuriants et ces vieux bâtiments en cours de reconversion. Il est dentiste et il était encore récemment cavalier. Seulement, on n’assure pas les mains des dentistes cascadeurs à cheval. C’est aussi pour pouvoir se consacrer à la médecine que Jacques avait écourté, cinquante ans plus tôt, sa carrière de gentleman-rider après une virée à Deauville aux ventes d’août pour acheter deux yearlings à la demande d’un oncle banquier qui dissimulait son amour des courses à son épouse. Il était seul dans ce nouveau monde, il tâtonnait.
Ses trois fils, eux, ont baigné dans cette java hippique qui leur a montré la part de rêve, mais le professeur Détré n’est pas un rêveur. À défaut, il garde les yeux ouverts, et il s’est efforcé de montrer à ses enfants tous les aléas de cette folie douce.
Jacques, en statue de commandeur, surveille donc l’avancement des travaux, l’œil un peu plus sévère qu’il ne l’est vraiment. Il n’est pas interdit de penser qu’en les regardant faire, il nourrisse sa propre opinion, et qu’il se revoie, à cet âge-là, tirer, lui aussi, des plans sur la comète.
Ses rêves étaient-ils aussi extravagants que la réalité qu’il a vécue ?