Il y a eu deux jockeys le week-end de « l’Arc ». Christophe Soumillon, bien sûr, qui reste notre meilleur en France (c’est Aidan O’Brien qui le dit). Il a gagné le « Royallieu » (Gr1) à 20/1 et le « Lagardère » (Gr1) avec Camille Pissarro à 13/1. Les deux pour Ballydoyle. Puis la Qatar Arabian World Cup (Gr1PA) avec Al Ghadeer, pour la casaque Al Shaqab Racing.
Ryan Moore, c’est encore autre chose. Il est devenu si omniprésent aux quatre coins de la planète courses qu’on pourrait le prendre pour un prophète, les Beatles ou une marque de smartphone. Un smartphone très bizarre, dont le volume serait bloqué au minimum (intéressante innovation sociale pour améliorer les transports en commun, au fait) mais dont la caméra pourrait détecter un mauvais dos avant qu’il ne vous bloque. Ecce le Houdini des prisons hippiques.
Son bilan du week-end de « l’Arc », c’est trois victoires dont un Groupe 1 avec Kyprios, champion interstellaire des stayers, et une 3e place dans « l’Arc » avec Los Angeles à 8,10.
Dans une longue et passionnante interview accordée à Paul Hayward pour TDN Europe, le calme Briton explique que cette 3e place est un peu décevante, parce qu’il y allait pour gagner. Il ne plaisante pas. Mais il ne raconte pas de sornettes non plus.
Ces quelques lignes témoignent d’un esprit vif et alerte, et d’un sens de l’observation capable de dépasser les deux oreilles pointées devant lui.
Et il gagne presque toujours.
Treize jours après « l’Arc », ce successeur putatif de Lester Piggott, monstre d’une époque où les courses figuraient encore dans le panier de la ménagère médiatique, a gagné un nouveau Gr1 avec Kyprios, à Ascot, dans la Long Distance Cup (Gr1). Encore ce bronze inoxydable, ce Kyprios si prodigue, revenu des enfers en pleine lumière et meilleur que jamais. Un dieu grec.
« C’est toujours les chevaux », explique son jockey dans son interview, sans fausse modestie, sans flagornerie, parce que simplement, c’est sa réalité : à Tokyo, Melbourne et San Diego, où qu’il aille, c’est à cheval qu’il fait son chemin. Aussi parce qu’il n’est pas devenu une référence mondiale en pensant à son image ou aux lendemains qui chantent, mais seulement à ce qu’il est en train de faire, et qu’il résume ainsi : « Aller le plus vite possible d’un endroit à un autre ».