D(Race) Code N°9 Juin 2025 | D(RACE) CODE - Ces défilés

CES DÉFILÉS QUI ONT MARQUÉ LES MÉMOIRES

Par Serge Okey

Jacquemus casse les codes

Fashion Week 2015. La règle veut qu’au cours d’un défilé, le créateur reste en catimini dans sa loge. « Petit Prince » de la mode à la française, Simon Porte Jacquemus se permet le luxe d’apparaître en plein milieu dans une tenue maculée toute simple, une chemise ample, un pantalon orné d’un ourlet. Les pieds nus mais la main pleine. À sa droite, un cheval blanc au licol. Le duo s’avance avec poésie dans un contraste nourri par le feu bleu d’un projecteur. Dans un monde où l’ostentation est de mise, la scène fait sensation et lui vaut le prix LVMH, tournant majeur de sa carrière. « Moi, je veux rester libre et le garçon que je suis », commente le créateur, au sortir de cette apparition hors normes à la Villette.

Chanel : la princesse et le cheval

Fashion Week 2022. Changement d’atmosphère lors du défilé Chanel. Un écran montre d’abord la princesse Charlotte Casiraghi en piste. Puis l’image se confond avec la réalité et la fille de Caroline de Monaco et de Stefano Casiraghi apparaît à cheval sur un splendide podium circulaire. D’abord au pas, puis dans un court galop. Magnifiée par l’écrin du Grand Palais, la scène est d’une totale élégance. Championne d’équitation, la nouvelle ambassadrice de la marque aux « C » entrelacés, a le port parfaitement altier. Elle porte une bombe, une veste en tweed noire aux manches courtes parsemée de sequins aux airs de nuit étoilée. Trié sur le volet (Sofia Coppola, Pharell Williams, Vanessa Paradis, Angèle…), le parterre d’invités, pour moitié encore masqué (Covid oblige), capture l’instant dans une nuée de smartphones braqués sur le duo. Beaucoup voient dans cette chevauchée un clin d’œil évident à la passion de Coco Chanel pour le cheval. L’instant est aussi un hommage à l’acteur Gaspard Ulliel, disparu quelques jours plus tôt. À la fin du défilé, le bouquet de la mariée ne pouvait être autre que bleu, comme le parfum dont il était l’égérie.

Le « Horse Power » de Stella McCartney

Fashion Week 2023. Dans le manège de l’École militaire (Paris VIIe), le plus ancien centre équestre du pays, sept chevaux de Camargue poussent la porte du défilé au son de « Feed the Horse » de Fagget Fairys. Sans bride ni longe. Totale liberté sous l’œil avisé de Jean-François Pignon, un des dresseurs les plus renommés au monde. Dans les gradins, le public tombe de suite sous le charme. Les mannequins emboitent le pas sur la terre battue, longeant ce spectacle vivant fait de galops, roulades, arabesques et autres poses allongées. Un « vestiaire équestre » titre le magazine Vogue, après ce défilé de Stella McCartney, intitulé « Horse Power ». Cavalière et propriétaire d’un ranch, la fille du célèbre Paul clame une nouvelle fois sa passion pour le cheval. Rappelons que, comme sa mère, elle est végétarienne et n’utilise ni fourrure, ni plume, ni cuir dans ses collections, dont le cheval est régulièrement l’emblème. « Si je le pouvais, je me déplacerais uniquement à cheval », aime-t-elle à dire. La même année, Stella McCartney a marqué les esprits avec non plus un défilé, mais une campagne Hiver de toute beauté. Les chevaux blancs de Jean-François Pignon ont posé cette fois dans un désert de sel de Camargue au côté de la « supermodel » Kendall Jenner, sublimée par l’objectif de Harley Weir.

Vogue World 2024 place Vendôme

Cavalière et propriétaire d’un ranch elle aussi, Kendall Jenner est la nouvelle incarnation de la correspondance entre mode et cheval. C’est elle encore qui a été choisie, au côté de Gigi Hadid, autre icône de la mode elle aussi cavalière, pour clôturer le tableau des années 50 du Vogue World 2024 à Paris. Habillées par la maison Hermès, les deux mannequins ont traversé la place Vendôme sur le dos de deux chevaux : Django et Napo, l’un blanc, l’autre noir. L’un des moments forts de ce show de la démesure réunissant plus de 500 athlètes, artistes et mannequins, devant un parterre de 800 VIP.