Par Katherine Ford
Si aux États-Unis et ailleurs dans le monde les chevaux Godolphin sont distribués parmi les meilleurs entraîneurs publics du pays, en Angleterre, l’opération compte principalement sur deux entraîneurs privés, Charlie Appleby et Saeed bin Suroor. Depuis qu’il a pris les rênes de l’écurie après Mahmoud Al Zarooni en 2013, Charlie Appleby n’a cessé de briller dans les plus prestigieuses épreuves du monde entier, Ruling Court et Desert Flower lui ont offert ses 88e et 89e Groupes 1 pour la casaque bleue.
Les voyages forment la jeunesse
Issu du Sud-Ouest de l’Angleterre, où il a grandi entouré de poneys et de pur-sang arabes et a remporté quelques courses en tant que gentleman, Charlie Appleby s’habille en bleu depuis les années 90. Il a rejoint David Loder avant même que celui-ci ne s’installe à Évry et est ensuite devenu garçon de voyage de l’écurie en France. « Nous étions dans une sorte de bulle avec une équipe très internationale, mais j’ai bien profité de tous les aspects de la vie à la française ! J’ai parcouru les hippodromes à travers la France et l’Europe. J’ai appris quels hippodromes convenaient à quel type de cheval et à construire un programme en fonction des aptitudes ». Sa première victoire au plus haut niveau, grâce à Outstrip dans la Breeders’ Cup Juvenile Turf en 2013, a donné le ton pour les dizaines à venir. Charlie Appleby ne cesse de repousser les frontières et court toujours à bon escient, en ciblant le plus haut niveau. « Quand j’ai pris ma licence, j’ai beaucoup échangé avec Cheikh Mohammed sur les objectifs de l’écurie, la volonté de remettre Godolphin à la place qu’elle mérite, en haut du panier ». La saison 2018 a été charnière. Après avoir remporté ses premiers Groupes 1 lors de la réunion de la Dubai World Cup, Masar a passé le plus célèbre des poteaux en tête dans le Derby — d’Epsom —, et l’entraîneur a réalisé l’un des rêves hippiques de Cheikh Mohammed dans l’hémisphère sud. « En 2017, nous étions partis avec quatre chevaux en Australie et nous avons gagné plusieurs « Cups ». On en a profité pour regarder le système là-bas. L’année suivante, on a atteint le sommet avec Cross Counter, qui s’est imposé dans la Melbourne Cup (Gr.1), Godolphin avait tout mis en œuvre depuis 30 ans pour la gagner. On a accompli la mission ». Charlie Appleby a utilisé le même système, aux États-Unis et au Canada, prenant ses marques avant de viser juste, et a élargi son champ de bataille avec un premier succès à Hong Kong l’an passé avec Rebel’s Romance.
ON A MIS UN PEU DE TEMPS, MAIS MAINTENANT ON A COMPRIS COMMENT GAGNER CETTE ÉPREUVE.
De Meydan au Rowley Mile
Il a pris l’habitude de dominer le Carnaval de Dubaï, et surtout les épreuves sur le gazon à Meydan. C’est d’ailleurs dans les Jumeirah 2 000 Guineas (L) que Ruling Court a décroché son ticket pour le Classique anglais, et enregistre un doublé inédit 2 000 Guinées Emirates -2 000 Guinées Newmarket. C’est encore l’exemple d’un homme qui n’a pas peur de sortir des sentiers battus, lui qui avait préparé les Guinées 2024 de Notable Speech exclusivement sur la PSF de Kempton. Après quelques tentatives, Charlie Appleby compte désormais trois victoires lors des quatre dernières éditions des 2 000 Guinées : « On a mis un peu de temps, mais maintenant on a compris comment gagner cette épreuve. Je pourrais passer toute la journée à remercier tous ceux qui ont contribué à cette victoire, mais chacun sait ce qu’il a fait. C’est un travail d’équipe. J’ai l’impression de prendre de l’âge mais on apprend à profiter de ces journées qui sont exceptionnelles ». Cela ne nous a pas échappé… la plus belle course internationale, le Qatar Prix de l’Arc de Triomphe (Gr.1), manque encore au palmarès de Charlie Appleby. Il a engagé deux chevaux cette année, dont son dernier poulain classique. Peut-être un projet en cours !