Par Paul Casabianca
« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ». Cette maxime de Pierre Corneille, dans Le Cid , reflète à souhait l’idée que l’on se fait de Dorian Provost. Un jeune pilote doué, consciencieux, volontaire et posé, n’ayant pour seul modèle que les courses et ses acteurs : « On me demande souvent si, dans ma jeunesse, j’étais fan d’un jockey ou si j’avais une idole à mes débuts, rappelle l’ancien apprenti de Yann Barberot. La vérité, c’est que j’ai toujours pris le meilleur de chacun de mes confrères, en analysant leur façon de monter et en visionnant leurs courses, mais je n’ai jamais voulu ressembler à un tel ou un tel ». Ne ressembler à personne, apprendre de ses erreurs et confirmer ses acquis : voilà les fondements de son métier. « J’ai été bercé très tôt par le monde des courses. Mon père et mon parrain ont tous deux été jockeys. Avant de suivre mon apprentissage chez Yann Barberot, à l’âge de 14 ans, j’ai participé à des courses de poneys, en plat et en obstacle. J’y ai gagné une soixantaine de courses. Ce que j’aime dans ce métier, c’est l’adrénaline des courses, le plaisir de monter à cheval et de rallier en vainqueur le poteau d’arrivée ». Des gagnants, il en a eu, beaucoup. Depuis sa première monte en 2022, Dorian Provost a remporté 93 courses. Sacré Étrier d’Or en 2023, il revient sur ses années d’apprentissage à Deauville, qui l’ont ensuite mené à Chantilly. Pour une nouvelle écurie, une nouvelle vie : « Je remercie M. Barberot pour toutes ces années passées à ses côtés. C’est grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui. Il m’a beaucoup appris. En septembre dernier, j’ai pris la décision de rejoindre Chantilly. Après six mois à travailler pour les chevaux de S.A. Aga Khan, j’ai intégré l’écurie de Victoria Head. Quand on est jeune, on en veut toujours plus. Elle me fait confiance pour monter quelques chevaux. M. Barberot me confie régulièrement ses représentants, nous avons gardé de très bons rapports. Avec mon agent, Mathieu Cesandri, nous faisons du bon travail. Les résultats sont là. Je monte 80 % du temps les pensionnaires de Maxime Cesandri, avec lesquels je connais pas mal de réussite ».
C’EST GRÂCE À LUI QUE J’EN SUIS LÀ AUJOURD’HUI. IL M’A BEAUCOUP APPRIS.
Le mois des premières
On a coutume de dire que les bonnes nouvelles n’arrivent jamais seules et ce n’est pas Dorian Provost qui dira le contraire. En ce mois de mai, il a remporté son premier Quinté+, le 4 mai. Trois jours plus tard, Barbate , un protégé de Yann Barberot, son ancien maître d’apprentissage, lui offre le 86e succès de sa carrière, synonyme de passage chez les professionnels. Le 25 mai, à Vichy, Dorian Provost signe son premier coup de trois. Et cerise sur le gâteau : le natif d’Angers remporte sa première Listed avec Rose Jaipur , le 29 mai dernier, sur ses terres, au Lion-d’Angers. « Cette année, j’avais comme objectif de remporter mon premier Quinté, car ce sont des courses difficiles à gagner. Il n’y a pas d’avantage au poids dans ces épreuves. Passer dans le rang des professionnels était la suite logique. J’appréhendais un peu, comme tout le monde, le passage chez les professionnels avec la perte de ma décharge. Mais j’avoue que ça se passe plutôt bien, et que, pour l’instant, cela ne se fait pas trop ressentir ». Continuer à travailler, avancer doucement mais sûrement, c’est le leitmotiv de ce jeune pilote talentueux et déjà très mûr pour son âge : « J’ai toujours côtoyé des personnes plus âgées que moi. Et on m’a toujours traité comme un adulte. Je commets encore des erreurs, mais chaque course est une leçon, chaque victoire un tremplin. L’image a changé dans le vestiaire. Je sens plus de respect, et surtout, j’essaie de monter des parcours plus propres qu’à mes débuts. Il n’est pas facile de se faire sa place dans les pelotons, surtout quand on est apprenti. On ne nous fait pas de cadeaux ». Parti pour battre son record de victoires de 2023 (35), son prochain objectif, Dorian Provost espère tout simplement poursuivre sur sa lancée. Est-il intéressé par une aventure à l’étranger ? « Non, je n’ai pas envie de me tirer une balle dans le pied. Ma volonté première est d’avoir de bonnes fondations et fidéliser ma clientèle en France et continuer à faire mes preuves ».