La nouvelle réglementation et sa mise en application le 1er avril coïncident avec l’avènement d’un outil de plus en plus répandu : le sulky dit de type américain. Dans notre dossier automnal sur le sujet, Éric Raffin expliquait déjà il y a six mois : "Regardez les drivers dans la phase finale, ils sollicitent différemment leur cheval , ne donnent pas ou peu de coups de cravache et le cheval termine souvent mieux ses parcours. Il agit comme une propulsion . J’ai l’impression que ce sulky libère le cheval et il lui permet d’utiliser plus ses postérieurs". La sensation révélée par Éric Raffin dès le mois d’octobre dernier dans nos colonnes a fait son chemin comme le prouve le témoignage de Quentin Chauve-Laffay, visiblement convaincu : "Avec ce nouveau règlement, on ne pourra plus solliciter comme avant. Il faut donc trouver des alternatives. Or, selon moi , l’utilisation du sulky dit américain est la bonne alternative, car cela met tellement les chevaux de l’avant que nous n’avons pas besoin de les solliciter. Les chevaux se donnent vraiment à 100 %. De toute façon , quand tu les sollicites avec ce sulky, cela ne change rien . Autant ça va être compliqué avec les chevaux que l’on doit solliciter avec un sulky "normal", autant ils sont tellement propulsés avec le sulky américain que l’on n’a pas besoin de les solliciter. En tout cas, c’est mon ressenti après l’avoir utilisé".
" Personnellement oui ! Collectivement, je ne pense pas ! Mes collègues ont un planning très chargé avec les jours de courses successifs et une charge de travail importante. Beaucoup n'ont pas pris le temps de lire le règlement. Je leur conseille pourtant vivement de le faire rapidement car, dès le 1er avril , s'il est appliqué à la lettre, les sanctions sont très sévères et les erreurs ne seront plus permises. L'adaptation va être difficile, même s'il y a eu des progrès ces dernières années, car le règlement est strict. Pour des questions d'image au sujet du bien-être animal , il faut solliciter son cheval avec parcimonie et, lorsqu'il a donné son maximum , être en mesure de s'en rendre compte. Quant aux chevaux froids, ils devront sûrement courir avec plus d'artifices qu'avant et les entraîneurs et drivers devront s' y adapter. Les turfistes ? Ils aiment les luttes à l'arrivée c'est vrai , mais je pense qu'une information sera également importante et la bienvenue auprès de nos fidèles clients. L'information est impérative pour accompagner cette évolution . Tous les sports connaissent une évolution constante, à l'instar du foot, de la F1, dans le rugby, les sports de contacts et même encore récemment le football américain , sport que je connais bien . Il faut prendre cette nouvelle réglementation comme une évolution et une modernisation de notre sport. Peut-être que certaines personnes dérangées par les coups de cravache dans le passé effectueront leur retour sur nos hippodromes en voyant l'amélioration du spectacle proposé ! Ce serait le scénario idéal ."
Matthieu Abrivard déclare sa lassitude dans ParisTurf Dans le cadre de sa rubrique hebdomadaire dans ParisTurf, Matthieu Abrivard considère cette mesure inutile, précisant : " il faut arrêter, nous prenons plus soin de nos chevaux que de nous-même " et de demander à ce qu'on " laisse un peu tranquille " les professionnels. Il ajoute : " S'il y en a un qui dérape, il doit être aligné, c'est normal . Mais il faut arrêter, ça va trop loin ."
Pierre Vercruysse ©APRH
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