L’ ESSENCE DE L’ AMÉRIQUE
Americana / MUSIQUE
5 albums essentiels
© Three Flags de Jasper Johns @ Whitney Museum of American Art
Bob Dylan – The Basement Tapes( 1975) Enregistré avec The Band, un album qui capture l’ esprit brut et spontané de l’ Americana.
Uncle Tupelo – No Depression( 1990) Album fondateur du courant alternative country, qui revient aux sources du genre en intégrant un esprit punk.
Johnny Cash – American Recordings( 1994) Une renaissance musicale pour le Man in Black, qui revisite l’ Americana avec des interprétations poignantes.
O Brother, Where Are You?( 2000) La bande originale du film des frères Coen qui a relancé l’ intérêt pour l’ Americana.
Gillian Welch – Time( The Revelator)( 2001) Un chef-d’ œuvre épuré qui renoue avec l’ essence du folk traditionnel.
L’ ESSENCE DE L’ AMÉRIQUE
L’ Americana
Quel rapport entre les illustrations de Norman Rockwell, Une Histoire vraie de David Lynch et Nebraska de Bruce Springsteen? L’ Amérique bien sûr mais plus encore, l’ Americana.
Texte Laurent, animateur-producteur de Back Roads
Le terme Americana dérive naturellement d’ America, qui désigne les États-Unis d’ Amérique et non le continent américain. Le suffixe «-ana» englobe les éléments représentatifs du sujet, raconté à travers ses sons, ses images et ses histoires. Il renvoie à une vision à la fois idéalisée, nostalgique et réaliste des États-Unis, témoignant le plus souvent d’ une forme de fascination pour un pays aux multiples visages.
L’ Americana ne se limite pas à un domaine artistique unique car l’ essentiel réside dans le fond et non la forme: il s’ agit de capter l’ essence des États-Unis, que ce soit sous un angle historique, mythologique ou critique. En peinture et en illustration par exemple, l’ Americana s’ incarne dans les œuvres de Norman Rockwell, qui a su illustrer une Amérique à la fois idéalisée et profondément humaine. Au cinéma, des réalisateurs aussi différents que John Ford, les frères Coen ou aujourd’ hui Kelly Reichardt, magnifient l’ Ouest américain, le revisitent avec distance et humour ou en révèlent des aspects moins reluisants.
Americana music
Dans son acception musicale, l’ Americana englobe la country, le folk, le blues, le bluegrass et certaines formes de rock. Là aussi, il s’ agit davantage de capturer un esprit, authentique et sans artifices, que de coller à une forme figée. Bob Dylan, The Band, le groupe qui l’ a longtemps accompagné ou encore Neil Young( un Canadien!) avaient posé les bases d’ un son organique, opposé aux productions plus policées de la pop et du rock mainstream.
C’ est précisément grâce à la musique que le terme a retrouvé une nouvelle vigueur dans les années 1990. Des groupes et artistes comme Uncle Tupelo( qui deviendra Wilco), Gillian Welch ou Johnny Cash, avec sa série d’ American Recordings, ont joué un rôle clé dans la( re) définition du genre. Par ailleurs, le gigantesque succès de la bande originale du film O Brother, Where Are You? des frères Coen, encore eux, a remis au goût du jour les sonorités folk et bluegrass, attirant un nouveau public vers l’ Americana.
Aujourd’ hui reconnue comme un genre à part entière, avec notamment sa propre catégorie au sein des Grammy Awards, les Victoires de la musique états-uniennes, l’ Americana évolue constamment. De nombreux artistes – citons Jason Isbell, Kevin Morby ou Sturgill Simpson – continuent de puiser dans la tradition, tout en restant ouverts aux expérimentations et à une représentation réaliste, sensible ou poétique de la société hyper contrastée dans laquelle ils vivent.
25