MUSIQUE / Expérience
MUSIQUE DES PLANTES
Château de Gaujacq 125 Route de Bastennes
40330 Gaujacq
musiquedesplantes. fr
FESTIVAL DE LA MUSIQUE DES PLANTES
Du 21 au 23 novembre 2025
Un concert sans partition
À partir de ces observations, Jean Thoby imagine une nouvelle forme de rencontre: le concert botanique. Une plante est installée sur scène, reliée à un dispositif. Elle joue. Parfois seule, parfois en dialogue avec un musicien. L’ interprétation naît sur l’ instant. Chaque concert est différent. Vivant. « Ce qui est magique, c’ est que les plantes ne font jamais 2 fois la même chose », explique-t-il. Dans ces moments suspendus, le public est souvent bouleversé. Certains rient, d’ autres pleurent. Une femme confie avoir ressenti un soulagement physique inattendu. Une autre évoque une sensation de connexion profonde. Difficile de rester de marbre quand une fougère semble vous répondre en jazz, ou qu’ une rose improvise sur les harmonies d’ un vibraphone.
Le Festival de la Musique des Plantes
Pour partager cette démarche, Jean Thoby crée le Festival international de la Musique des Plantes. D’ abord à Paris, puis dans son jardin de Gaujacq. Le festival rassemble chaque année scientifiques, musiciens, thérapeutes et curieux. Des concerts sont donnés, mais aussi des conférences, des démonstrations et des échanges croisés sur notre rapport au vivant. « Ce n’ est pas une théorie, c’ est une exploration », insiste-t-il. Pas de dogmes, juste des pistes. Des façons nouvelles de penser notre lien à ce qui nous entoure, et peut-être de réparer une forme d’ amnésie collective à l’ égard du végétal. Ici, on parle aussi d’ avenir: comment mieux cultiver, mieux soigner, mieux écouter ce que la nature tente de nous enseigner depuis toujours.
Une science qui dialogue
Le travail de Jean Thoby n’ est pas isolé. Il s’ inscrit dans un mouvement scientifique plus large. Il échange avec des chercheurs comme Stefano Mancuso, spécialiste des systèmes sensoriels végétaux, ou Marc Henry, chimiste et physicien.
À Gaujacq, plusieurs scientifiques collaborent régulièrement à ses recherches. Ils accompagnent son équipe pour structurer les protocoles expérimentaux.
La phytoneurologie, reconnue depuis 2014, ouvre des perspectives dans des domaines variés: musicothérapie, agriculture régénérative, botanique. À terme, ces approches pourraient bien enrichir aussi notre manière de penser l’ habitat, la santé et la place du végétal dans la ville de demain.
Une pédagogie du vivant
Pour Jean Thoby, la Musique des Plantes n’ est pas une performance artistique, mais un outil pédagogique. Un moyen de ralentir, d’ observer, d’ écouter autrement. Lors des concerts, il prend toujours le temps d’ expliquer le fonctionnement du dispositif, l’ importance du calme, et la manière dont les plantes réagissent à notre présence. Il invite à développer une forme de réceptivité, de respect, de silence. « Les végétaux nous offrent autre chose que ce que nous allons chercher. Il faut juste être prêt à l’ entendre. » Écouter, c’ est aussi accepter d’ être transformé.
Il faut venir à Gaujacq pour le ressentir. S’ asseoir sous la grande pergola de glycines, longer les allées calmes du jardin, écouter les feuillages bruissants. Ici, le vivant ne se montre pas, il se laisse approcher. Il faut parfois du temps, un peu de lenteur, pour capter ce qui circule entre les branches, dans la lumière, entre les sons.
Jean Thoby ne cherche pas à convaincre. Il partage. Et il cultive, avec discrétion mais constance, un lieu où les rythmes s’ accordent autrement. Où le végétal reprend une place pleine, sensible, vibrante. Un lieu où l’ on ne vient pas chercher des certitudes, mais peut-être un autre regard. Alors, la prochaine fois que vous croisez un camélia ou un lierre, souvenez-vous: ils ne chanteront peut-être pas. Mais ils sont, sûrement déjà, à votre écoute.
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