Les aires marines protégées
© Revue Science
Quel avenir pour quels niveaux de protection , une vision imagée du Guide des AMP .
réserve … S ’ ils évoquent une forme de mise sous cloche , la réalité est bien différente : la plupart des aires marines protégées continuent à accueillir en leur sein de nombreuses activités ( pêche , transport , tourisme ). Elles y sont en revanche réglementées pour minimiser leurs impacts sur l ’ environnement . C ’ est là que , parfois , le bât blesse : derrière leurs ambitions louables , une partie des aires protégées existantes semblent ne pas l ’ être tant que ça . Certaines continuent de voir défiler pêche industrielle , extraction minière ou transport de marchandise . À ce jeu-là , la France , qui a déjà dépassé l ’ objectif des 30 % de protection , est pointée du doigt par Bloom . Pour répondre à cette lacune , l ’ UE vise désormais à protéger strictement 10 % des espaces maritimes formés par les États membres . Dans ces zones , plus aucune activité extractive ne devrait être autorisée . À ce jour , selon le Marine Conservation Institute , moins de 3 % des espaces maritimes mondiaux répondent à ce niveau de protection .
Et ça fonctionne !
Lorsqu ’ elles sont bien conçues et gérées , le succès des AMP est indéniable : en offrant un refuge sûr , elles permettent aux populations marines de se rétablir et de prospérer . Certaines études ont noté de nettes augmentation de biomasse dans les aires sous protection stricte , en moyenne 670 % plus importantes que dans les eaux non protégées environnantes ! Posidonies , mérous , requins , homards , phoques , puffins , autant d ’ espèces qui en bénéficient d ’ ores et déjà dans les
LANDES ET PAYS BASQUE , QUEL AVENIR ?
Pour l ’ heure , aucune aire marine protégée dans les Landes . Du côté basque , 4 zones Natura 2000 s ’ étendent sur le littoral de part et d ’ autre de Saint-Jean-de- Luz . Elles visent en particulier à protéger les écosystèmes littoraux ( falaises , landes , dunes ), et les populations d ’ oiseaux marins qui en dépendent . Leur étendue en mer reste limitée , de même que les réglementations associées , encore insuffisantes pour limiter les pressions . Les collectivités y placent de grandes ambitions , et le document d ’ objectifs approuvé en 2022 en est la preuve . Mais pas d ’ initiative intégrée à l ’ échelle de nos territoires , ni de réel parc marin , le plus proche étant celui du Bassin d ’ Arcachon . Pourtant , nos écosystèmes le méritent ! Sous la surface , des habitats rocheux du Pays basque au Gouf de Capbreton , se trouve une biodiversité exceptionnelle , des plus petits spécimens de zooplancton , aux plus grands mammifères ( baleines , orques et dauphins ) et poissons : requins , thons , balistes , dorades coryphènes , marlins et autres espèces tropicales venues chercher un peu de fraîcheur . Les pressions sont encore trop importantes : captures collatérales de dauphins , pollution plastique ou bactériologique , câble ultra-haute tension … La Sepanso , association à l ’ origine de la création de la plupart des Réserves Naturelles de Nouvelle-Aquitaine , milite depuis peu pour créer une AMP ( avec réserve intégrale ) dans le Pays basque .
eaux européennes . Aux États-Unis et en Angleterre , de récents exemples ont démontré que les écosystèmes protégés efficacement s ’ avèrent bien plus résistants et résilients aux aléas climatiques ( canicules marines , tempêtes ), et constituent donc un rempart biologique face aux changements à venir .
Et l ’ environnement n ’ est pas le seul à en bénéficier ! Tourisme , plongée , la beauté d ’ écosystèmes régénérés attire et crée de nouvelles opportunités économiques . La pêche n ’ est pas en reste : autour des aires efficacement protégées , par effet de débordement , les prises sont plus nombreuses et de meilleure qualité . Si bien que dans la plupart des cas , les usagers ne veulent plus s ’ en séparer . Ce sont aussi des espaces où s ’ établit un lien entre la science , les citoyens et leur environnement . Elles sont à la fois des laboratoires à ciel ouvert , faisant l ’ objet d ’ un suivi constant et de recherches innovantes , et des bibliothèques vivantes , où de l ’ émerveillement peut naître l ’ engagement .
Les aires marines protégées représentent donc un outil essentiel dans la lutte pour la préservation de la biodiversité en mer . Accepter de limiter nos activités dans certaines zones est un compromis largement rentable pour assurer un avenir plus sain et plus durable à nos océans et à toutes les formes de vie qui en dépendent . Pour qu ’ elles atteignent leur plein potentiel , un engagement politique et financier accru , une meilleure gouvernance et une participation active des communautés locales sont indispensables . Et nous , citoyens , surfeurs et autres amoureux de la mer , avons notre rôle à jouer ! En travaillant ensemble , nous pouvons préserver la richesse et la beauté de nos océans pour les générations à venir .
55