SURF / Culture
© Jeff Divine - DR Surfer ’ s Journal
Gérard d ’ Avezac dans les vagues landaises , milieu 70 ’ s .
de surfeurs depuis plus de 60 ans , comme Damien Castera , qui a grandi avec les histoires de son oncle , pionnier du surf en France et déserteur du service militaire qui n ’ a depuis cessé de vivre son éternel Endless Summer . Aujourd ’ hui encore , pour Elisa Routa , cet héritage continue de nourrir et d ’ animer une certaine pratique du surf .
© Laurent Fagola
La surf culture selon Laurent Fagola , artiste , auteur de dessins cultes et créateur de la marque BTZ .
Et alors qu ’ au dîner , la télévision diffuse les images du Vietnam , les cinémas projettent The Endless Summer de Bruce Brown , sorti en 1964 , qui décrit l ’ aventure et la découverte des vagues du monde . Le surf devient alors clairement un élément d ’ une contre-culture héritière des beatniks et proche des hippies , voire une contre-culture en soi .
Surf business et requins machos
L ’ esprit anticonformiste de l ’ idéal libertaire glisse ensuite vers la contre-culture punk , avant d ’ être repris par le business du surf . Cette entrée massive dans le surf business marque en quelque sorte le début de la fin . Comme le dit Gibus de Soultrait , « avec les années 80 , le surf s ’ est dessiné sur deux lignes antagonistes », en s ’ intégrant au système social et économique tout en revendiquant son héritage rebelle . Christophe Guibert considère comme la clé du mythe contre-culturel ce paradoxe , qui finit par gonfler les compétitions et vendre des t-shirts , en brassant des sommes d ’ argent dont peu de « beach bums » ( les « clochards des plages ») n ’ ont jamais vu la couleur .
Quand la côte devint basque
Lorsque le surf atteint la France , il s ’ implante d ’ abord sur la Côte Basque dans ce que Christophe Guibert définit comme des milieux « socialement insérés , culturellement et économiquement favorisés , qui reprennent les codes classiques du sport pour organiser le surf en clubs et en compétitions ». Mais pour la journaliste , écrivaine et photographe Elisa Routa , si le surf s ’ implante effectivement dans un environnement privilégié socialement et géographiquement , il forme des « tribus d ’ individus considérés comme déviants , marginaux , et animés par l ’ esprit contestataire hérité des américains ». Un esprit contre-culturel discuté par certains et revendiqué par d ’ autres , qui semble bien présent tant pour ceux qui s ’ y identifient que pour ceux qui y sont étrangers . Et qui , surtout , inspire des générations
© Paul Labourie
Biarritz pendant le Queen Classic Surf Festival en 2021 .
D ’ ailleurs , si Elisa Routa considère qu ’ il y a bel et bien eu une contre-culture surf dont l ’ héritage persiste , elle s ’ est non seulement intégrée au système économique , mais elle a aussi reproduit les discriminations de la culture dominante . « Historiquement , le surf a effacé les communautés racisées et LGBTQIA +, et les femmes n ’ étaient pas représentées
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