ToutMa ToutMa n° 54 - Avril / Mai 2019 | Page 51

œnologie LA PASSION VITICOLE les teneurs en différents composés déterminants (sucres, acides, polyphénols...) ; et la dégustation des baies, qui se fie aux palais avisés des vigneronnes et des vignerons. La décision finale Quand on a toutes les analyses en main et que l’on a dégusté un échantillon représentatif de baies, il faut enfin décider. Il s’agit de déterminer la maturité œnologique, celle qui prend en compte l’ensemble des maturités ci-dessus. Mais attention, elles n’arrivent pas toutes en même temps ! Il va donc falloir trouver un compromis en fonction du type de vin que l’on souhaite élaborer et de l’état sanitaire des raisins. En effet, un millésime pluvieux ne permet souvent pas d’atteindre une maturité optimale. Les raisins attaqués par des champignons doivent alors être ramassés prématu- rément. En résumé, fixer la bonne date pour la vendange nécessite de comprendre le raisin ! TM : Quelles sont les grandes caractéristiques des vins blancs de Provence ? VC : Les blancs provençaux sont généralement frais, fi- nement onctueux et développent des arômes de fleurs, d’agrumes et de fruits blancs. La cuvée Louis-Baptiste de Fontainebleau, vinifiée et élevée en fûts, gagne en gras et en complexité, développant des arômes de miel, de coing et de fruits secs. TM : Pourquoi produit-on si peu de blanc en Provence, comparé au rosé ? VC : Historiquement, l’encépagement en Provence s’est toujours fait très majoritairement en raisin rouge, qui sert à l’élaboration des vins rouges mais aussi des vins rosés. TM : Avec le climat particulièrement chaud de Provence pourquoi ne fabrique-t-on pas (ou peu) de vin blanc moelleux ? VC : On ne produit du moelleux que de façon marginale en Provence car le climat méditerranéen chaud entraîne une dégradation importante de l’acidité des raisins. Cela nuit considérablement à l’équilibre du vin obtenu (trop d’alcool, trop chaud, trop lourd). Avril / Mai 2019 _TM n°54 49 TM : On entend souvent dire que le vin blanc fait « mal à la tête ». Serait-il moins bon pour la santé que le vin rouge ? La vinification est-elle différente ? Est-ce qu’il y a plus de sulfites ? VC : Le vin rouge est un véritable concentré de bienfaits. Il contient, entre autres, des vitamines B et C, du fer, du phosphore et des protides. Il intervient dans la prévention des maladies cardiovasculaires, car il possède des propriétés antioxydantes. Et pour couronner le tout, il facilite la diges- tion ! Les vins blancs, comme les vins rouges, ont des pro- priétés très intéressantes pour l’organisme. Ils sont riches en vitamines B, en silice et en calcium. Le vin blanc est un excellent diurétique. Tout comme le vin rouge, c’est un tonique et un antibactérien. Généralement, les vins rouges sont issus de macération entre la pellicule (peau) et le jus. Les vins blancs sont issus de pressurage direct et le jus est mis à fermenter. Blancs, rosés ou rouges, tous les vins contiennent du soufre. Historiquement, les techniciens de chai avaient ten- dance à sulfiter davantage les vins blancs car, par empirisme, ils pensaient qu’ils étaient plus sensibles à l’oxydation. Au- jourd’hui de façon générale, c’est de moins en moins vrai. TM : Quels sont les principaux cépages utilisés dans les blancs de Provence ? VC : On utilise principalement le rolle (vermentino), le sémillon, la clairette et l’ugni blanc. TM : Quel est la différence entre un vin dit « naturel » et un vin biologique ? VC : Le vin biologique est réglementé par un cahier des charges européen. Il garantit qu’aucun produit chimique n’a été utilisé pour traiter les vignes, qu’aucun herbicide n’a été répandu pour se débarrasser des mauvaises herbes, ce qui impose de travailler de manière mécanique. Pour la fer- tilisation, seuls les produits naturels sont autorisés, comme par exemple le fumier de bergerie composté. Il n’existe pas de réel cahier des charges pour le vin naturel ou le vin nature. L’objectif est d’ajouter le moins d’intrants possible, et surtout le moins de sulfites possible au mo- ment de la vinification. Les vins sont nécessairement issus de vignes cultivées en agriculture biologique ou biodyna- mique. Une fois les raisins bio vendangés, la vinification se veut la plus naturelle possible. Retrouvez tous nos reportages sur www.toutma.fr