actualité
www.afriktandem-medias.com
teRRes aGRiColes
qUAND l’ETAT ENCOUrAGE
lES INVESTISSEmENTS mASSIfS
Depuis juillet 2010, l’état mauritanien a accordé
à des firmes internationales des contrats de
location bail de terres dans la vallée pour des
projets agrobusiness, ouvrant ainsi la voie à des
investissements massifs, sans précédents, dans
le secteur agricole.
«
L’agriculture est le secteur qui a contribué le moins
à la croissance globale du PIB au cours des cinq
dernières années » en Mauritanie, affirme des experts de la Banque Mondiale et du FMI dans une
note consultative conjointe sur le troisième document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (CSLP).
Encourager alors une politique de développement agricole
et d’incitation des firmes étrangères à investir dans un secteur agricole non encore assaini, relève d’un ultralibéralisme
forcené à tout brader et privatiser…qui ne dit pas son nom.
Est-il voué à l’échec comme les précédentes politiques « dirigistes » de mise en valeur des terres agricoles et de réorganisation foncière ou domaniale impulsées par l’État ? Des
politiques qui ont servi dans le secteur agricole davantage à
créer et accorder des monopoles, de jure et facto, sur les
terres agricoles de la Vallée à des conglomérats d’hommes
d’affaires (Groupe AON, Ehel Abdallahi, etc.) qu’à engendrer
une véritable révolution verte à l’échelle du pays.
Aujourd’hui l’endettement d’une poignée d’opérateurs de
la filière rizicole - liée et travaillant par opérateurs interposés
pour des hommes d’affaires locaux, des hommes politiques
ou de puissants notables tribaux - auprès de la défunte Union
Nationale des Coopérative Agricole de Mauritanie (UNCA-
10
CEM), estimé à près de 50 milliards d’UM, et de la CDD - une
dizaine de milliards d’ouguiyas - continue de plomber encore
le secteur agricole. Conséquence : la Mauritanie, quoique
l’on dise, dans les sphères du pouvoir, est encore loin d’avoir
atteint l’autosuffisance alimentaire en riz (ou autres céréales)
de qualité. Hélas, elle dépend encore des rizicultures de la
Thaïlande ou de la Malaisie, des produits céréaliers français
ainsi que des périmètres maraîchers marocains ou sénégalais.
firmes agricoles : solution ou (nouveau) problème ?
Pour relancer un secteur agricole en déroute totale et couronné par ses échecs répétitifs, l’État mauritanien n’y est pas
allé de main morte, et semble avoir vite trouvé la solution «
miracle » auprès des firmes agricoles des pays du Golfe. En
l’espace de cinq ans, 3200 hectares ont été accordés à
l’Agence arabe pour l’investissement et le développement
agricole (Ndlr : la convention a été signée début avril 2015)
et 31.000 autres hectares à la firme saoudienne Al Rajhi International for Investment. Les superficies attribuées à ces
deux firmes sont localisées dans la région du Brakna (Boghé,
Dar El Avia, Ould Birome et Dar El Barka). Le contrat de location bail pour Al Rajihi porte sur une durée de 99 années.
Selon des sources concordantes, le montant de l’investissement saoudien, qui souhaiterait en faire un gigantesque projet d’agrobusiness s’élève à près d’un milliard de dollars USD.
Pour AIIDA le contrat de location bail emphytéotique porte sur
une durée de 25 ans, l’enveloppe est estimée à 16 millions
de dollars par an, soit 500 dollars l'hectare.
afrik tanDeM Magazine n°01•septembre 2016